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15 mai 2009 5 15 /05 /mai /2009 16:36

Regardez bien ce cliché :
Il n'est pas difficile de se rendre compte de la grande force d'âme, de la détermination et de la fierté qui s'élèvent de cet enfant de huit ans à peine .



Ce jeune enfant  est arrivé à bord du "Mataroa" dans le port de Haifa en Juillet 1945, avec son frère, après leur libération du Camp de Buchenwald . Âgé de huit ans, il débarque portant en bandoulière  un débris de fusil que lui avait été  donné comme jouet par un officier juif américain, sans doute en Allemagne.
Le soldat de Sa Gracieuse Majesté* qui vit Lolek* descendant du bateau portant fièrement ce bout de fusil insista pour le lui confisquer . Mais l'enfant plaidât que ce n'était qu'un jouet . Cette photographie a été prise par un journaliste, un moment avant que l'officier ne le frappe à la tête et lui saisisse son trésor . Le clich
é apparut le lendemain dans le journal local "Haaretz" ("La Terre").
 *Lolek :diminutif polonais du prénom "Israel".

*En 1945 le pays était sous contrôle mandataire des Anglais qui restreignaient au maximum par un quota honteux la montée des réfugiés survivants des Camps de la Mort. Beaucoup furent reconduits dans des camps d'internement  à Chypre et meme retournés en Allemagne !!

Lolek s'installa donc en Israel avec son frère ainé Naphtali, tous les deux seuls survivants de toute la famille, assassinée par les Allemands nazis .
Lolek est le prénom de cet enfant  polonais qui plus tard devint le Grand Rabbin d'Israel et a reçu ces jours-ci avec tous les honneurs de l'Etat d'Israel le Pape Allemand Benedictus-XVI, né Josef Ratzinger.



Joseph Ratzinger .

Il commence ainsi sa propre biographie :
"
Mr. President, dear colleagues, I was born in 1927 in Marktl, in Upper Bavaria. I did my philosophical and theological studies immediately after the war, from 1946 to 1951."

Le Pape passe aisément sous silence sa vie militaire .

Il oublie pourtant dans son curriculum vitae qu'il a revêtu l'uniforme des jeunesses hitlériennes et a servi dans la Wehrmacht  jusqu'à 18 ans alors que ses contemporains israélites,bébés, femmes, et vieillards, étaient d'office gazés et que les hommes étaient réduits à des fantômes d'humains, pliants sous les coups des gardes chiourmes . Je lui reproche que ce qu'il ne put dire alors trop jeune en 1944, de ne pas avoir saisi l'occasion d'être en Israel pour demander le pardon de l'Eglise pour les persécutions commises à toutes les époques et en particulier celle de la Shoah, car le Vatican n'a rien fait auprès d'Hitler pour éviter le massacre de 6 millions de juifs . Sous le nez de PieXII partit même de Rome  et sans entrave pontificale un train de déportés juifs ...


Joseph Ratzinger en uniforme .


 

Le Pape est allé s'incliner et a ranimé la flamme du Souvenir dans le Mausolée de Yad-Vashem, en rappelant "les millions de juifs tués",certes, mais plus précisément massacrés, et sans en préciser ni le nombre, ni par qui !! Sans doute un trou de mémoire...Dommage qu'il ait refusé aussi de visiter le Musée même de Yad-Vashem, où sont exposées ces années sinistres de la Shoah, documents nazis à l'appui . Car Josef Rastinguer voulait éviter de passer devant une vitrine où sous le cliché du Pape Pie-XII (qu'il veut béatifier) une court texte rappelle les silences de ce Pontife. (Alors que  pendant ces cinq années montaient au Ciel les fumées des fours-crématoires) . 

J'avoue que toute cette journée du 12 Mai 2009 où je n'ai pas quitté l'écran de Télévision m'a laissé un goût amer, à cause des ses déclarations où chaque mot certainement avait été pesé
au carat près pour laisser planer un brouillard théologique où était absente la repentance de l'Eglise envers le peuple de Sion après deux mille ans de persécutions .

La réponse rapide de son Etat-Major fut que l'Église ne pouvait toujours pas se répéter. (Sic !) .(Allusion aux déclarations nettes et encourageantes du Pape Jean-23,  il y a 9 ans en Israel, sur la culpabilité de l'Église de ses persécutions à travers les âges envers le Judaïsme) .
Mais Joseph Ratzinger a recueilli dans le sein de l'Eglise quatre des princes excommuniés pour avoir (et encore maintenant) nier les cortèges d'horreur de la Shoah, Williamson allant même jusqu'à dire qu'il ne s'agit alors que de deux cent mille juifs passés à l'épouillage avant d'aller au travail...

Par son entêtement réactionnaire (un pas en avant dix en arrière), ce Pape n'a pas laissé lors de sa visite en Israel l'empreinte de son illustre prédécesseur . Par contre il s'est réveillé dans les territoires palestiniens,
et a enthousiasmé les fidèles qui l'ont entendu longuement condamner Israel et l'accuser d'élever un rempart . (Protection physique pour empêcher les terroristes de venir commettre leurs crimes au sein d'Israel) .
Dommage qu'il n'ait pas été visiter la communauté chrétienne de Gaza persécutée dans sa chair par le Hamas !



Le Concordat entre le Vatican et l'Allemagne nazie:

20 juillet 1933, le Vatican. Le représentant du Reich Von Papen et le cardinal Pacelli (au centre et futur Pie XII) signent le concordat entre l’Allemagne et l’Eglise catholique .
(A la fin de la guerre,le Vatican obtint du Tribunal de Nuremberg la libération et l'acquittement du sinistre Von Papen ! ) .





Mais revenons sur un passé autrement plus courageux : Les Souvenirs d'une enfance tragique , celle du
Grand Rabbin Meir Lau qui parle de son enfance qui n'en fut pas une , en dix images à jamais gravées dans sa mémoire.
 

Lorsque le Rabbin Yisrael Meir Lau ferme les yeux et se rappelle de son enfance, son esprit se remplit des images de trains, de martèlement de bottes sur la chaussée, de chiens qui aboient. Il entend les enfants hurler ", Mamme! Tatte!*" lorsque ils sont arrachés à leurs parents,et la Gestapo vociférer leurs "Schnell, schnell!" en maniant leurs matraques, et toujours accompagnes de leurs molosses.
*
Maman,  Papa !

«Mon premier souvenir», dit Rav Lau, en pesant ses mots, «est celui de mon père, debout avec le reste des Juifs dans la cour de la Shul* Piotrkow, avec les Allemands qui vont  sélectionner  "ceux qui seraient expulsés ce jour". C'est l'image qui m'accompagne, toujours, et partout où que je sois.
*
Synagogue en Yiddish.

"Je suis un enfant de cinq ans, qui se dresse bien droit sur la pointe des pieds aussi haut que je peux, pour voir mon père. Il est debout au centre, avec sa barbe impressionnante et son habit noir de Rabbin, au milieu de tous les juifs rassemblés. Soudain, un membre de la Gestapo và à lui et le frappe brutalement sur son dos.  Mon père reçoit le coup, plie les genoux mais se redresse immédiatement. Il a rassemblé toutes ses forces pour ne pas tomber aux pieds de l'allemand et de  faire perdre ainsi le moral de ses concitoyens juifs . Puis vient un autre coup, et un autre. Mon père  fait un énorme effort pour ne pas perdre son équilibre, afin d'aider les membres de sa kéhillah, (sa communauté), à garder leur courage.

"Le pire, a été d'être témoin de l'humiliation. Un enfant ne peut pas supporter de voir son père, le héros à qui il s'identifie et veut ressembler, être humilier.. Aujourd'hui, alors que je regarde en arrière  ces six années de guerre, il est clair pour moi que ce n'est pas la faim, ni le froid, ni la douleur physique, qui nous a fait le plus de mal, mais l'humiliation. Voir son père, battu avec une matraque,et frappé à coups de bottes cloutées, et menacé par un chien, et près de s'écrouler au sol , humilié en public - c'est une image qui reste incrustée chez un enfant.

"Mais je tiens à préciser la deuxième partie de ce souvenir : Je vois aussi mon père, avec beaucoup de courage,  se maintenir , debout bien droit, sans mendier la miséricorde, face au sbire de la Gestapo. Celà efface mes sentiments d'impuissance. "

Bien que Rav Meir Lau ait  souvent été invité à écrire son autobiographie, il ne l'a jamais fait. Son livre, Al Tishlach Yadcha el haNaar (Le titre est de la Genèse 22:12 - "Ne levez pas la main contre le jeune garçon" ne peut pas être appelé une autobiographie. Il ne fait aucune mention de ses presque cinq décennies du rabbinat et de la fonction publique, mais  évoque des souvenirs personnels de l'Holocauste, une histoire de survie et d'évasion, pour commencer une nouvelle vie en Eretz* Yisrael.
* En Terre d'Israel

UN ENFANT DANS UNE PILE DE CORPS

"Lulek", le futur Rav Lau comme on l'appelait alors dans sa toute enfance, avait deux ans quand la guerre a éclaté, et huit quand il a été libéré de Buchenwald.


Rav Meir Lau commence à parler de sa deuxième image de l'Holocauste quand les Américains sont arrivés et que Buchenwald a été libéré. "Je me souviens  de l'horreur sur les visages des soldats américains quand ils sont venus et ont regardé autour d'eux. J'ai eu peur quand je les ai vu. Je me suis glissé derrière un tas de cadavres et de là, les ai regardé avec inquiétude.

                          Je me suis glissé derrière un tas de cadavres....

"Le rabbin Herschel Schachter était l'aumônier juif de la Division. Je l'ai vu sortir d'une jeep et  rester là, à regarder les corps. Il a souvent raconté cette histoire : quand il se rendit compte qu'une paire d'yeux vivants le regardait de parmi les cadavres, ses cheveux se dressèrent sur la tète, mais lentement et avec prudence, il a fait son chemin autour de la pile, et ensuite, il se souvient d'être venu face à face avec moi, un gamin de huit ans, aux grands yeux dilatés par  la terreur. Dans un américain au fort accent Yiddish, il m'a demandé, «Quel est votre âge, mon enfant?" Il y avait des larmes dans ses yeux.

-"Quelle différence celà fait-il?" J'ai répondu, avec prudence. «Je suis plus vieux que vous, de toute façon."

»Il sourit à travers ses larmes et dit:" Pourquoi pensez-vous que vous êtes plus âgé que moi? "

"Et j'ai répondu: "Parce que vous pleurer et riez comme un enfant. Moi je n'ai pas ri depuis longtemps, et je ne pleure même plus. Alors qui est le plus vieux d'entre nous?"

La terrible enfance, si on peut l'appeler  celà une enfance , sans doute a marqué la personnalité de Meir Lau . Pourtant, étonnement, elle n'a pas eu d'incidence sur lui comme celà est arrivé à  tant d'autres. À long terme, plutôt que de le transformer en traumatisé, et développer des terreurs, elle a augmenté son optimisme.

"Je suis un optimiste dans la vie, et j'aime les gens», dit-il. "Voilà comment je conte mon enfance. Enfant, j'ai appris à me méfier du premier venu. Ma règle est «être doublement vigilant." Même après la libération, j'ai été encore méfiants à l'égard des personnes. Par exemple, j'ai eu une peur mortelle des caméras. Pour moi voir quelqu'un pointant son objectif sur moi ,comme me visant -cela me terrifiait. Il m'a fallu du temps pour réaliser que personne ne tentait plus de me tuer. Mais une fois que je compris, j'ai fait une volte-face complète. Je ne peux pas expliquer comment cela s'est passé. Il peut-être lié au fait que je n'ai vraiment eu aucune enfance. Je n'ai jamais eu la chance de développer un ego à l'âge habituel de deux, trois, quatre, cinq ans. J'ai tout au plus été un petit animal, un animal chassé , et replié pour survivre et, par conséquent, l'humiliation n'a pas touché mon coeur. "

Un enfant laissé en arrière...

Suivant plus son coeur que la chronologie, Rav Lau passe au troisième volet de ses mémoire:

"Nous étions assis dans l'obscurité totale, des centaines de femmes et d'enfants étaient entassés dans la Shul (Synagogue), conscients de presque rien, sauf que nos vies étaient en suspend dans les plateaux de la balance .. Une fois, au milieu de la nuit, les portes se sont ouvertes. Un rayon de lumière montra  deux hommes de la Gestapo debout gardant l'embrasure de la porte, laissant un étroit passage entre eux. L'un d'eux a annoncé: «Je vais maintenant lire une liste de noms. Celui qui entend son nom est appelé à se lever immédiatement et a rentrer chez lui. Schnell !, schnell ! "


"Le premier nom a être appelé fut Chaya Lau, ma mère. Elle ne bouge pas, elle attend d'entendre les noms de ses deux fils, Shmuel et Yisrael, afin que nous puissions tous partir ensemble. L'officier allemand a terminé la lecture de la liste. Notre nom n'a pas été prononcé. Il est clair que le sort de ceux qui n'avaient pas été libérés a été scellé. Pendant ce temps, les Allemands ont  compté les personnes qui sont passés entre eux, et ils ont commencé à crier qu'une personne était absente. «Je viens, j'arrive!" ma mère a dit. Elle nous  prit tous deux serrés à ses côtés  et, en marchant  comme si elle était seule, nous sommes passés entre les soldats ".

"Il n'y a pas eu besoin à ma mère de nous dire de nous taire et de s'accrocher à elle, notre instinct de survie nous l'a dit. Elle avait fait son plan rapidement, en espérant que sous le couvert de l'obscurité, nous pourrions passer les trois . Mais l'un des soldats a senti qu'il y avait trop de mouvement dans l'embrasure de la porte pour une personne. Il a étendu ses bras et nous a découvert. Je sortis en premier, suivi par ma mère et Shmuel. Elle et moi avons été frappés par l'homme de la Gestapo. On est tombé dans une flaque d'eau de pluie  en face de l'entrée de la Shul . Schmuel fut frappé et repoussé en arrière et les portes se refermèrent sur lui. Nous sommes allés à notre maison vide au 21 de la rue Pilsudski. Ma mère essayait de me calmer pour m'endormir, mais en vain . Quelque temps plus tard, j'ai entendu un cri dans la rue. Je suis resté sur mon lit et ai regardé par la fenêtre. Une jeune femme avec un bébé dans ses bras est étendue dans une mare de sang, un homme de la Gestapo l'avait roué de coups et fouillait son corps de gauche à droite, à la recherche de bijoux. Je me tenais là, paralysé, jusqu'à ce que je sente ma mère me toucher l'épaule. En silence, elle m'a mis au lit ".

"Mon père est venu,  quelques minutes plus tard. Je me souviens de son apparence étrange, sans sa barbe. Il avait tenté d'obtenir la libération de Shmuel . Un officier allemand avait  promis de le faire, en échange de la montre en or de mon père. Dès qu'il eut la montre en main, les nazis  tournèrent le dos à mon père en riant " ..

"Nous ne verrons plus Shmuel, dit mon père, avec des larmes coulant de ses yeux. Shmuel a été envoyé à Treblinka cette nuit-là. "

Sur les genoux de papa...


"Ce fut aussi la dernière fois que j'ai vu mon père", rappelle Rav Meir Lau. "J'ai très peu de souvenirs de lui. Dans mes premiers souvenirs, ceux de l'innocence avant que la guerre n'entrat dans mon monde, je me vois assis sur ses genoux et  jouant avec ses ses péotes (boucles)." Mais cette image est embuée et s'efface rapidement ".

 Le 
quatrième volet pour Meir Lau de cet holocauste apparaît ici:

"Les hommes ont été rassemblés autour de la table dans notre maison, pour écouter  mon père  parler de la situation actuelle. Les rides de l'inquiétude étaient profondément gravées sur son visage. Cette image, avec  la lourde atmosphère de crainte qui l'entoure, est restée mienne- jusqu'à ce à ce jour".

"Aujourd'hui, je regarde les photos de mon père encadrées dans ma maison, et je pense à lui souvent. A chaque occasion, joyeuse ou triste, il me manque . Il était un orateur très doué parait-il, et chaque fois que j'ai à faire un discours, je me demande, comment mon père en aurait tourné les phrases ? .Il est avec moi partout où je vais. "

Le vol de la Pomme .Cinquième image.

«Auparavant, nous étions allés nous cacher dans l'endroit que mon père avait prévu pour nous .
Ma mère avait acquis des produits pour confectionner avec du miel des petits gâteaux. Elle  savait qu'ils étaient un moyen sûr de me distraire et, surtout, d'occuper ma bouche, lorsque nous aurions eu besoin d' être silencieux . Je me souviens de vouloir lui dire avec ma bouche pleine de biscuits,  "Ce n'est vraiment pas nécessaire, Mamma. Je sais que je ne dois pas faire de bruit. je suis  seulement un petit garçon, mais j'en sais assez pour savoir ce qu'est cette guerre. Mais je me souviens encore exactement du goût de ces petits gâteaux, et le souvenir de leur douceur me réconforte dans les moments d'amertume ".

"Les Allemands sont venus un autre jour, à la recherche de Juifs. L'entrée de notre lieu , la cachette au grenier était ouverte, mais par miracle, leur attention a été attirée par un gros tas de débris de bois sur le sol. Ils ont enfoncé leurs baïonnettes dans la pyramide, ils pensaient  peut-être que des Juifs se cachaient là, et puis ils s'en allèrent".

"Des années plus tard, lorsque j'étais au service de mon premier mandat comme grand rabbin de Tel-Aviv, un vieux Juif de Londres, est venu à mon bureau sans rendez-vous, en expliquant "qu'il voulait demander pardon au Rabbin" . J'ai demandé à ma secrétaire de l'introduire et il prononça ces mots : "Bonjour, Lulek. Je suis Mottel Kaminetzki. J'ai été dans la clandestinité avec vous et votre mère, à Piotrkow, et je vous ai volé une pomme . Je suis sûr que vous n'avez jamais su qu'elle avait disparu, mais ce larcin a pesé sur ma conscience pendant toutes ces années. "

"C'était alors un enfant , de quelques années plus âgé que moi. Ma mère avait mis de coté un sac de pommes quand on est entré dans la clandestinité, et le sac  était ouvert à portée de main. À un certain moment, ne pouvant pas résister à la tentation Mottel  a attrapé une pomme et en a pris une grosse bouchée.
C'est juste à ce moment-là que les Allemands sont venus perquisitionner , et le pauvre Mottel est reste bloqué avec le morceau de pomme dans sa bouche. Il était  trop gros à avaler, et il n'a pas osé le mâcher, de crainte de faire du bruit...."


Adieu Lulek, Adieu Lulek !

Le sixième image  est celle de la mère du futur Grand Rabbin Lau .

«J'ai été séparé de ma mère en Novembre, 1944», explique le Grand Rabbin Lau. "Je peux encore entendre les hurlements des Allemands" Schnell, schnell ! " quand ils nous ont poussé dans le convoi.  Les wagons, les bottes, et les chiens tout ce décor est là . Mon frère Naphtali, qui a dix-huit ans, avait été mis avec le groupe des hommes, et moi j'étais avec ma mère. Les femmes et les enfants ont été poussés dans un wagon de marchandises, les hommes dans un autre.

«À la dernière seconde avant de monter à bord du train, ma mère m'a poussé vers le groupe des hommes qu'elle pensait être utilisés au travail et non pas  etre assassinés".
"Tulek! elle a demandé à mon frère. "Prends soin de Lulek!  Adieu Tulek ! Adieu Lulek "!


"Je ne l'ai jamais revue de nouveau.
Il m'a fallu beaucoup de temps pour  réaliser qu'en me repoussant d'elle comme çà, ma mère m'avait  sauvé la vie."

«Il y avait pas eu le temps de discuter de l'idée que de s'éloigner de  Mamma était la meilleure: Tout ce que je savais que j'avais été séparé de ma mère, par la force, et j'ai pris mon frère en rage, le martelant  de coups sur la poitrine avec mes petits poings . Il a essayé de me retenir et de me calmer dans ses bras, mais sans succès . Je me rappelle combien je souffris terriblement du froid dans tout ce Novembre, 1944.

«Les hommes me donnait à boire du café chaud, mais je le crachais . Jamais dans ma courte vie  je n'ai autant pleuré si longtemps. Il a fallu beaucoup de temps jusqu'à ce que je réalise que, en me repoussant loin d'elle ainsi, ma mère m'avait sauvé la vie. "

Le Discours de sa Vie.

Après celà, Lulek dû se débrouiller par tout seul. Il se trouve en cette septième image de l'Holocauste debout dans la neige et la boue de Czenstochova dans le camp de travail.

"Nous les garçons sont debout, rangés devant le commandant allemand, chacun d'entre nous avec son père derrière lui. Dans mon cas, puisque j'étais déjà orphelin, mon frère Naphtali était derrière moi. Le commandant a crié :« Que faire ,je n'ai pas besoin de ces enfants maudits !.Ils sont inutiles, et ils me coûtent de l'argent. Nous devons nous débarrasser d'eux! "

"Alors que les autres garçons tremblaient de peur, j'amassais de mon pied une petite pile de neige et de gravier.
Il  n'était environ que de deux pouces de haut, mais j'ai pensé que si je me tenais sur cette élévation, je pourrais être vu et mes  mots auraient plus de poids, et peut-être alors le commandant  ne nous  tuerait pas tous.


"Je posais un pas en avant, et me trouvais sur ma plate-forme», et dit: "Monsieur ! Pourquoi dites-vous que nous ne sommes pas productifs? A Piotrkow dans le ghetto, j'ai travaillé dans l'usine de verre  huit heures par jour, sans arrêt, à porter d'énormes bouteilles d'eau potable pour les travailleurs de l'usine, dans une température glaciale. Pendant toute une année, j'ai fait tout celà, dans la neige, les tempêtes, dans la chaleur,  transportant de lourdes bouteilles dans cet atelier brûlant. Et puis, je n'avais que cinq ans et demi. Maintenant que je suis beaucoup plus âgé, je peux en faire plus. Si je pouvais travailler dans l'usine de verre Hortenzia, pourquoi je ne peux pas travailler ici? "

"Si les témoins ne m'avaient pas confirmé que cela  s'est réellement passé, je ne me croirais pas moi-même, et je penserais que ma mémoire m'aurait joué des tours. Mais le fait est que l'officier nazi a été convaincu. Dieu m'a donné sa confiance en me mettant ces mots dans ma bouche.

«En raison de mon petit discours, le commandant fit savoir qu'il allait racheter un enfant dans le camp pour un prix de 1000 marks. Notre mère avait prévu des circonstances comme celles-ci et nous avait fourni deux diamants et une montre en or." Ce qui vous aidera à garder votre promesse de Tatte, que vous allez prendre soin de Lulek », a-elle l'a expliqué à mon frère Naphtali. Un dentiste avait incrusté dans sa dent un  diamant de 1/2 carat, et elle avait cousu deux pierres de deux carats  dans la doublure de son manteau. Ces diamants m'a sauvé la vie deux fois. "

Seul dans un wagon.

"En Janvier 1945, nous avons marché vers une gare ferroviaire, une fois de plus. Comme nous étions à bord du train, l'agent de la Gestapo de service m'a remarqué me cramponnant à mon frère. Il m'a attrapé par le col et me jeta dans un groupe d'une cinquantaine de femmes et quelques enfants, qui furent envoyés dans une autre voiture. Cette voiture devait être détachée de la formation à un certain point, et redirigée vers un autre camp".

"Pendant ce temps, Naphtali a été entassé dans une voiture à l'autre bout du train, avec les hommes. Il a rappelé la promesse qu'il avait faite à notre père, il fera tout ce qu'il pourra pour me protéger et de veiller à ce que la lignée de la famille se poursuivre. La première fois que le train s'est arrêté, il est furtivement sortit,et  glissé sous le train, et le long des voies a exploré la chaine des wagons. "Lulek! Lulek! il a appelé. Il m'a cherché dans chaque voiture, essayant de nouveau à chaque arrêt, jusqu'à ce qu'il ait atteint  la voiture des femmes à l'avant du train, où j'étais, toujours collé à mon oreiller de plumes que ma mère m'avait donné avec du pain rassis que Tulek avait poussé dans mes mains à la gare. Une des femmes avait saupoudré de quelques grains de sucre le pain et alors que j'étais occupé à la chasse de tous les derniers grains, j'entendis mon nom".

"En enjambant et contournant des corps , j'ai suivi la voix de Tulek jusqu'à ce que je me sois retrouvé dans ses bras. Il m'a tiré en bas du train avec lui, et nous avons cherché dans l'obscurité le septième wagon, où Tulek était .  Avant de monter, il  prit un instant pour remplir son chapeau de neige, de sorte que nous aurions une eau propre à boire".

«Les femmes qui occupaient le wagon qui a été détaché ont été envoyé à leur sort, alors que nous avons été emmenés dans un camp. La première chose que nous avons vu fut un groupe d'hommes en uniformes rayés, pelleter de la neige. Nous leur avons demandé où nous étions, en réponse , ils ont mis leur index sur leur gorge. "

Il s'agit de Buchenwald, le site de la neuvième  mémoire de l'Holocauste du futur Rabbin Meir Lau .
Cette photo a été prise par un soldat américain à son arrivée à Buchenwald :



BLOC 52

«À Buchenwald, la montre en or  que Mama a donné Tulek a été utilisée pour persuader l'un des gardes allemands d'ignorer ma présence. Un médecin tchèque m'a sauvé la vie en m'injectant  seulement une demi-dose de  vaccin*, qu'il a donné entière à tous les hommes. Grâce à une série de miracles, et avec l'aide de beaucoup de courageuses personnes, je suis passé au travers de toutes les sélections .
"Souvent, quand je pense à la guerre, je suis étonné de cette chaîne de miracles qui m'a accompagné .
* Expériences nazies sur les prisonniers.

"Après les injections, nous avons été conduit dans un tunnel équipé d'une rangée de pommes de douche. En 1945, tout le monde savait à quoi s'attendre de la douche dans un camp nazi, et nous étions prêts à mourir d'une manière misérable . L'un des hommes de notre groupe tout à coup tomba mort. Depuis que nous avons quitté le ghetto Piotrkow, il avait conserve une capsule de cyanure caché sous une dent
postiche
  , et il avait décidé que c'était le moment de l'utiliser. Mais les douches ont été mis en marche et n'en jaillit qu'une eau gelée. Je ne sais pas comment décrire la chaleur de la vie  que nous rendit cette eau glaciale ".

«Ensuite, on nous a donné nos uniformes de prisonniers et reçûmes nos numéros tatoués sur les bras. Naphtali était le numéro 117029, moi j'étais le numéro 117030. Puis nous sommes entrés dans Block 52.

"Il était choquant à voir, même pour moi. Les occupants au nombre de 2000, la plupart d'entre eux "musulmans"(1) qui avaient perdu tout espoir. Ils avaient pris l'habitude de se soulager  dans la baraque, et l'odeur était insupportable.
(1) sur la signification de ce mot dans les camps, voir en fin d'article.

"J'ai attendu mon frère dans le bloc 52  pendant deux jours" .Il avait été attelé avec trois autres prisonniers à une charrette (agalah en hébreu) de transport des corps au crématorium. Pendant des années après, j'ai pensé que les mots que nous lisons dans le Kaddish(3), «b'agalah uv'zman kariv», faisait référence à ces wagons !".
*Kaddish : la prière en souvenir des morts.

"Le troisième jour, j'ai été transféré au bloc Huit, où les conditions sont relativement bonnes. Mon frère m'a mis en garde de ne pas dire que j'étais juif. L'un des prisonniers russes, Fyodor, a volé quelques pommes de terre cuites et de la soupe pour moi , et il a cousu un insigne* sur ma veste. En attendant, mon frère était dans état empirant à chaque fois que je le voyais, mais maintenant, j'ai été en mesure de faire quelque chose pour lui, parfois, comme  de lui donner  une tranche de pain avec
de la margarine.

*( Ce courageux prisonnier russe qui avait pris Lulek sous son aile avait cousu sur le vêtement de Lulek la lettre "P" , de prisonnier de guerre à la différence de l'étoile jaune . Avec des cheveux il confectionna pour Lulek un bonnet pour protéger du froid les oreilles de l'enfant ) .

TULEK est séparé .

Au début d'avril 1945, des rumeurs s'étaient répandues chez les prisonniers que l'Allemagne était en train de perdre la guerre. Mais avant que l'espoir de la libération soit arrivé, les frères, Tulek et  Lulek, ont été séparés.

Rav Meir Lau conte son dixième souvenir:

"Tulek est venu vers moi et m'a dit:" Je ne vois pas de moyen de sortir de cet enfer. C'est la fin du monde.  Il a parlé pendant seulement une minute ou deux, mais chaque mot qu'il a dit est gravé dans mon coeur. "Vous allez maintenant être laissé seuls», a-t'il dit. "Mais vous avez toujours des amis. Peut-être qu'un miracle se produira pour vous faire survivre" l. Je voulais juste vous dire: Il y a un endroit appelé Eretz Yisrael. Répéte après moi: Eretz Yisrael ».

"Je répète les mots, qui ne voulait rien dire pour moi." Eretz Yisrael est la patrie des Juifs ", Naphtali m'a expliqué.« C'est le seul endroit au monde où les gens ne sont pas là pour nous tuer. Si tu survivras, il y aura des personnes qui prendront soin de toi, parce que tu est un petit enfant. Tu n'iras pas n'importe où. Uniquement en Eretz Yisrael. Nous avons un oncle là-bas. Dites que tu est le fils du Rabbin Lau, pour qu'ils le  trouvent. Adieu, Lulek. Rappelle-toi: Eretz Yisrael ».

"Ce jour-là, Naphtali avait  été embarqué dans un convoi. Il avait réussi à sauter par la fenêtre , mais au bout de cinq jours, il a été capturé et mis sur un autre train. Cette fois, il a sauté du train en marche, et revint à Buchenwald. Avec une force surnaturelle, il a rampé dans le camp, puis il s'est effondré. Il n'avait pas oublié notre père et la promesse qu'il avait faite de lui, et le son de la voix de notre mère qui criait, 'Prenez soin de Lulek ! Le 11 avril, il a été mis en quarantaine. Le même jour, des avions américains ont survolé le Camp et il a survécu à Buchenwald ".

"Il n'est pas un jour dans ma vie qui se passe sans que je pense à Naphtali. Il a recu une mission: sauver ma vie. Et il l'a rempli."

LA VALISE

Il y a une image finale. Cette image n'est pas dans la collection de scènes déchirantes de l'Holocauste engrangées dans la mémoire du Rav Lau. Cette image est encadrée et accrochée au mur pour que chacun  puisse la voir en entrant dans sa maison. Il s'agit de la célèbre photo d'un  Lulek de huit an et souriant, un manteau drapé sur un bras, l'autre tenant une valise.

"Un soldat américain m'avait fait don d'une vieille valise  du magasin de surplus de l'armée. Elle est allée avec moi en Eretz Yisrael, et elle a contenu tout ce que j'ai possédé, pendant que  j'errais d'un établissement d'enseignement à un autre. Au moment où je me suis marié, elle était en si piteux état que mon épouse voulut la jeter, mais j'ai refusé de m'en séparer .. "C'était ma maison, je lui ai dit." Si nos enfants venaient jamais à se plaindre, je la leur montrerais et dirais : «C'est ce que votre père possédait quand il était  garçonnet."
Je l'ai mise en place dans le grenier de notre immeuble, et quand nous avons déménagé dans un autre appartement, je suis revenu la chercher. J'ai monté les soixante-cinq marches pour la récupérer, mais je n'ai trouvé que  la poignée... La valise était tombée en poussières !".


"Mais j'en ai la photo. Elie Wiesel*, qui était avec moi à Buchenwald,  me l'a présentée à un événement Bundist* . Il l'avait repéré dans un musée, à Vancouver. Ce fut une surprise totale pour moi. Dès que les enfants l'ont vu, ils ont tous dit, "Il y a la valise!

* Prix Nobel de Littérature il consacre toute son énergie à lutter contre l'oubli et le négationisme de la Shoah, tout en se consacrant à des oeuvre philantropiques .
* Bund :
est un mouvement socialiste juif créé à la fin du 19ième siècle dans l'Empire de Russie.Nombre de ses militants ont fini par s'installer en Palestine. Le Bund s'est battu pour l'émancipation des travailleurs juifs dans le cadre d'un combat plus général pour le socialisme.


"Quand je sors chaque jour de ma ,m'attendent  sur un côté de l'embrasure  la mezuzah(2); de l'autre côté cette photo. Chaque fois que je la vois, elle me dit la même chose :« Yisrael, regarde Lulek.
Maintenant ton but est de justifier que tu n'as pas été sauvé en vain .Tu dois continuer la mission de tes parents, tu dois garder ininterrompue la chaîne de vie ".

"Et en face de la photo, la mezuzah me dit : C'est devant moi que tu en es responsable ".

(2)La Mezuzah : étui placé au chambranle de la porte, où sont renfermés les passages sacrés rappelant les règles morales de la vie, écrites en minuscules lettres à la main et sans rature.

(3) Le Kaddish :

Le but du Kaddish,  écrit et lu en araméen comme les autres rites de circonstance d’ailleurs, est d'aider les enfants à faire le deuil de l’être aimé et à réintégrer le chemin de la vie en acceptant le décret du ciel, comme dit le Talmud : “l'homme est tenu de bénir Dieu aussi bien pour le bonheur que pour le malheur”. Si malgré tout ce Kaddish fut associé aux morts, c’est en raison des terribles massacres des Croisés au XIIIè siècle. Cette prière en glorifiant le Très Haut, est une manière aussi de rendre hommage au défunt qui ainsi s'entoure de cette admiration . Une sorte de consolation pour les endeuillés .
Cette prière nécessite un nombre minimum ("minian") de dix personnes pour être dite .

En voici la prononciation phonétique, et la traduction du début, en français. Bien-sur ces phrases ne seront lues par les juifs que la tête couverte (d'une Kippa), couvre-chef qui nous rappelle la présence de Dieu où que nous soyons :

Yisgadal v'yiskadash sh'mei rabbaw .
B'allmaw dee v'raw chir'usei .Amein.

Que le nom du Très Haut soit exhalté et sanctifié dans le monde qu'il a créé suivant sa volonté.
(Les fidèles répondent :Amen )

v'yamlich malchusei,b'chayeichon, uv'yomeichon,
uv'chayei d'chol beis yisroel ,
ba'agawlaw u'vizman kawriv, v'imru: Amein.
Que son règne soit proclamé dans nos jours et du vivant de la maison d'Israel dans un temps prochain...
(En choeur :Amen !)...........

Meir enfant avait confondu le mot araméen "ba'agala" de la prière avec  celui en hébreu "agala", une charette !



Cet article a paru dans "Mishpacha Magazine", 2006,sous le titre :

Lulek, Child of Buchenwald A. Netanel :

"Rav Yisrael Meir Lau, chief rabbi of Tel Aviv, shares ten images of his years as “Lulek,” an orphan boy in Buchenwald."


Je me suis efforcé de le traduire aussi fidèlement que possible pour les lecteurs francophones, et m'excuse d'avance de mes maladresses involontaires dans mes commentaires.
Je dois ajouter qu'une émotion intense m'a accompagné dans ce travail et elle n'est pas proche de disparaître .

Sur le District de Piotrkow, un lien important :
http://www.deathcamps.org/occupation/piotrkow%20ghetto.html

(1) Sur l'origine de ce mot cité aussi par Primo Levi et répandu dans les Camps :

http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=101

(2) Depuis le début du nazisme, le Vatican par ses milliers de Pretres qui vivaient en Autriche et Allemagne avait été informé avec précision
sur le sort réservé aux juifs :
http://atheisme.free.fr/Contributions/Catholique_nazisme.htm

Sur le nazizme et le Vatican un lien important :
http://www.geocities.com/tlthe5th/nazi.html

Sur les barraques de Buchenwald 66 et 8 où furent cachés les enfants:
http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Holocaust/block66.html

Qui fut Pilsudski :
http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%B3zef_Pi%C5%82sudski

Note importante :
Je dois préciser au lecteur(trice) que j'espère n'avoir froissé en aucun cas sa croyance religieuse, ne m'étant servi que de vérités historiques, qui, quand elles sont reconnues et acceptées mènent à la compréhension mutuelle, et au respect de tous, par tous et à la Paix. 
 

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commentaires

H
Billet passionant, ça me fait du bien de lire des articles aussi engagés, aussi personnels, je reviendrai vous lire et m'abonne à votre newsletter.Merci
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R
Je ne comprends pas ce pape! je suis catholique...et pourtant comment ne pas constater le double langage  du vatican au cours de l'histoire. Les camps ont éxisté et nul ne peut le nier.Aprés la chute du mur de Berlin ,je suis allé avec ma fille à Weimar et nous avons vu ce qu'il reste du camp et....les fours!!!une impression de malaise se dégageait de ce camp et dans les locaux subsistait encore une odeur désagréable.Comment les habitants de Weimar ,à environ 2 km ne savaient ils pas?
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