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10 janvier 2008 4 10 /01 /janvier /2008 19:52
Je me souviens enfant d'une plaisanterie de cour de récréation sur mon camarade de classe Bastelica racontant que les Corses  travaillaient tous les jours,sauf  évidement  le Samedi, le Dimanche,...et les jours..en "i".
Mais ce que j'ai vraiment retenu de mon école primaire c'est le récit de l'écrivain Prosper Mérimée,"Mateo Falcone",dont je relisais anxieusement le fameux passage des soldats piquant de leurs baionnettes la paille à la recherche du fugitif, tout en plantant mes dents dans une tartine à la confiture. Ces deux conditions réunies , nourriture de l'esprit et du ventre me  rendaient le plus heureux des gamins.  Ecoutez  le récit en entier (trente minutes) qui vous replongera  vous aussi dans votre jeunesse et les odeurs du maquis..

http://www.france-litterature.net/mateofalcone.html

Et à la masison nous rions de nous meme en prétendant que Lévy aussi était donc un nom Corse puisque se terminant par la meme consonnance que les patronymes de l'Ile de Beauté.  Et bien après 60 ans,je viens de découvrir que cette plaisanterie avait  (peut-etre)  des racines...dans un petit village perché dans la montagne !

                                             Le village de Levie dans la Corse du Sud

Levie

Ecoutons une chanson populaire : "Sinfonia nostrale "

http://www.youtube.com/watch?v=6Rn1jpLAR1Q&feature=related


 Le texte ci-dessous est une copie d'Israel Magazine,paru en 2004  :

«L'histoire des Juifs en Corse remonte à plusieurs centaines
d'années. Les premières traces d'une présence juive dans l'ile se
situent aux alentours de l'an 800. A cette époque, une importante
immigration venue d'Egypte s'est installée dans le Sud de la Corse ;
une grande partie de ces femmes et hommes juifs parlaient et
écrivaient l'hébreu.
La majorité d'entre eux s'est implantée à proximite d'un village
denommé Levie (la bien nommée), situé à l'interieur des terres à 20
km environ de Porto-Vecchio .
Par la suite, les membres de la communauté se sont dispersés un peu
partout dans l'ile en devenant partie intégrante de la population
autochtone et dans certains villages de montagne, des églises
gardent encore la trace de documents rédiges en hébreu à coté de
ceux rédigés en latin.
Bien des siècles plus tard, dans les années 1500-1530, environ 1000
Juifs de la region de Naples trouvèrent refuge en Corse,fuyant très
certainement une persécution locale, et ils s'installèrent dans les
régions montagneuses du centre de l'ile.
En l'an 1684, la ville de Padoue, située en Italie, qui était
peuplée en grande partie par des Juifs qui habitaient un ghetto
édifié en 1516, fut le theatre de violences dirigées contre ses
citoyens juifs, dont une partie faillit se faire lyncher. Une rumeur
malveillante selon laquelle leurs coreligionnaires de Buda, avaient
commis des actes de cruauté contre les Chrétiens de la ville
hongroise, déclencha cette flambée de brutalité dirigée contre la
communauté juive de la ville.
C'est grace à l'intervention d'un père Franciscain nomme Père Marco
qui écrivit une lettre afin de dénoncer cette mystification, que la
communauté juive échappa au massacre annoncé. Une grande partie de
la communaute juive de Padoue décida à la suite de ces évenements
d'émigrer sous d'autres cieux plus cléments. Certains arrivèrent en
Corse, et les habitants les nommèrent Padovani, ce qui signifie :
venu de Padoue. Le nom de famille Padovani est un nom très répandu
de nos jours en Corse.
Mais la plus importante vague d'immigration juive qu'ait connue la
Corse se situe entre les années 1750 et 1769. La Première République
constitutionnelle et démocratique d'Europe venant de naitre, le
leader de l'époque Pascal Paoli fit venir en Corse entre 5000 et
10000 Juifs du nord de l'Italie, ( les chiffres varient selon les
sources) de Milan, de Turin ainsi que de Genes pour revitaliser
l'ile suite à 400 ans d'occupation génoise. Afin de les rassurer sur
leur intégration et sur la volonté du peuple corse de les considérer
comme leurs égaux, ce meme Paoli fit une déclaration destinée aux
nouveaux venus : "Les Juifs ont les memes droits que les Corses
puisqu'ils partagent le meme sort".
Celà fit comprendre aux Juifs qu'ils étaient des citoyens à part
entire et qu'ils bénéficiaient d'une totale liberté de culte, ce
qui n'était pas le cas dans bon nombre de pays.
Ces immigrants portaient pour la plupart des noms à consonance
ashkenaze, qui étaient très difficilement prononçables par la
population locale. Une partie d'entre eux étant roux, ils se virent
affublés du surnom de Rossu qui signifie rouge et désigne les
rouquins ce qui donne au pluriel Rossi, nom extremement répandu en
Corse.
En réalite, c'est plus de 25% de la population corse qui aurait des
origines juives. En lisant les états civils, on peut facilement s'en
rendre compte : les noms tels que Giacobbi, Zuccarelli, Costantini,
Siméoni... tres communs dans l'ile de Beaute, ne laissent planer
aucun doute quant à leur origine.
Le nombre peu important des membres de la communauté juive, ajouté
au fait que les Corses n'ont fait aucune différence entre les
originaires de l'ile et ces nouveaux venus, est très certainement à
l'origine d'un grand nombre de mariages mixtes qui declenchèrent une
assimilation quasi-totale.
Malgrè celà, les signes sur l'Ile de Beauté d'une ancienne présence
juive y sont très nombreux ; un exemple probant en est le nom d'un
village Cazalabriva qui selon plusieurs sources concordantes
viendrait de: casa di l'ebreo, littéralement la maison de l'hébreu
(le mot juif n'existant pas en Corse).
Ou bien encore, de nos jours dans certaines régions, il subsiste une
tradition très ancienne de donner aux nouveaux-nés des prénoms
d'origine hébraique tel que Mouse (Moise) etc. ...
Lors de la première guerre mondiale entre 1915 et 1920 800 refugiés juifs,certains sous protection francaise,durent fuirent les provinces ottomanes de Syrie et Palestine et furent acueuillies en...Corse.Séparés en deux groupe,l'un à Ajjaccio,l'autre à Bastia.Ils furent pris en charge par l'Administration francaise et aussi par l'Alliance Israélite Universelle.Vetements,école,travail,tout fut organisé pour rendre leur sejour forcé tolérable.
Quand enfin vint le temps de pouvoir retourner chez eux,la majorité choisit de quitter  l'Ile,mais
les liens restèrent bien vivants. Entre les deux guerres certains retournèrent en Corse et des descendants peuvent etre encore retrouvés dans la petite communauté de Bastia
Plus proche de nous, durant la seconde guerre mondiale, alors que la
Corse était occupée par les fascistes italiens, les habitants de
l'ile se mobilisèrent pour aider les Juifs à se cacher. Avec les
moyens du bord, ils aidèrent hommes,femmes et enfants à se réfugier
dans les villages de montagne.
Un haut fonctionnaire francais accomplit un travail admirable et, au
mépris de sa vie, sauva à lui seul, plusieurs dizaines de Juifs. Il
s'agit du sous préfet de Sartene Pierre-Joseph Jean Jacques Ravail.
Il travaillait avec le réseau mis en place par les partisans de Paul
Giacobbi, grand pere de l'actuel prefet de Haute-Corse qui refusait
d'opter pour la voie de la collaboration.
La Corse eut donc une attitude plus qu'honorable envers les Juifs
persécutés, et pas seulement pendant la Seconde guerre mondiale. En
effet, c'est le seul endroit en Europe ou l'on n'eut jamais à
déplorer des actes antisémites, et cela mérite d'etre dit.
En 1947, la Corse apporta sa contribution à la creation de l'Etat d'Israel.
Des Corses d'alors décidèrent de secourir les combattants juifs
luttant pour leur indépendance et pour former leur Etat. Leur
mission: accueillir des avions qui vont etre bourrés d'armes pour
s'envoler vers des lieux gardés par la Haganah. Ajaccio est alors
choisie comme piste d'atterrissage.
Des hommes,parmi eux des policiers mais aussi des voyous, rendent
visite au préfet de l'epoque; il a pour nom ... Maurice Papon.
L'homme a un passé confus, trois Corses lui expliquent que
l'aéroport d'Ajaccio sera reservé à ces transports d'armes. Les
Corses béneficient de l'accord du gouvernement socialiste qui ne
peut agir ouvertement. Maurice Papon ferme donc les yeux et il
laissera filer parait-il le bébé. Les armes transiteront par la
Corse pour s'évaporer vers le futur Etat juif.
Il ne faut pas oublier de souligner qu'hormis toutes les vagues
d'immigration juive qu'ait pu connaitre la Corse , des individus
isolés sont venus s'y installer, provenant notamment des communautés
juives d'Afrique du nord.
De nos jours, la communaute juive de l'ile, très peu nombreuse, se
concentre essentiellement à Bastia. Son président Mr Ninio, natif de
Tibériade, ouvre deux fois dans l'année la synagogue qui possède
deux Rouleaux de la Torah en parfait état: pour Roch Hachana, le
jour de l'an Juif et Yom Kipour.
Les jeunes, pour la plupart, quittent l'ile pour aller étudier sur
le continent et bien souvent ils y rencontrent leur moitié et s'y
installent définitivement.
Il existe en Corse de très nombreuses personnes soutenant l'Etat
d'Israel dans la période difficile qu'il traverse actuellement.
Parmi ces amis d'Israel, certains sont allés jusqu'à écrire des
missives au Prés Français Jacques Chirac, à la Haute Cour
internationale de La Haye ainsi qu'aux médias francais, afin de
dénoncer la politique européenne et francaise, en particulier,
toujours pro palestinienne.
Ce soutien inconditionnel s'explique en partie par le fait que
beaucoup de corses ont le sentiment qu' il y a un gouffre entre ce
qui se passe reellement et ce qui se dit dans les médias Francais au
sujet de ces deux communautés.
Du reste , une association Corse - Israel s'est crée afin de
rapprocher les deux communautés et de développer le dialogue entre
elles .
 

Voici un autre article ,un peu différent,extrait de "L'Investigateur" :

La Corse pendant la deuxième guerre mondiale

"La Corse a été majoritairement vichysoise si on en croit le vote des députés insulaires lors des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Seul Paul Giacobbi, grand-père de l’actuel député, a refusé d’opter pour la voie de la collaboration. François Pietri, chef du clan de droite, a au contraire prôné la fusion avec « l’intelligence allemande ». D’autres Corses, qui militaient avec le fasciste Simon Sabiani appartenaient au PPF de Jacques Doriot et ont donc combattu pour certains sous l’uniforme nazi. Sur place la Corse est passive. Elle est dirigée par le préfet Paul Louis Emmanuel Balley qui est nommé à Ajaccio le 20 août 1940. C’est un pétainiste convaincu qui avec lui les partisans de François Pietri, de son gendre Horace de Carbuccia, patron du journal extrémiste « Gringoire », du préfet Chiappe et du parfumeur Coti. Ces fascistes corses, aidés par les sabianistes de Doriot, se lancent dans des campagnes antisémites qui trouvent des relais dans les catholiques ultras d’Ajaccio et de Porto-Vecchio. Les décrets antisémites de 1941 sont appliqués dans l’indifférence générale. Ils prévoyaient le limogeage de tous les fonctionnaires « d’origine juive ». Plusieurs dizaines de Corses d’origine juive sont donc révoqués pour des raisons raciales. En novembre 1942, la Corse est envahie par les Italiens avec l’accord du gouvernement de Vichy. Le choc est terrible dans l’île. La Résistance est toujours inexistante. Elle va alors commencer à se former essentiellement derrière les gaullistes et les communistes qui vont bientôt combattre sous la bannière du Front national. Des mouvements collaborationnistes continuent d’œuvrer sur des bases nationales et antisémites. La venue de 80000 Italiens (1 pour deux Corses) précipite des collabos vers la résistance ou, en tout cas, la neutralité.

En juillet 1942, les Juifs de France ont été déportés après que les autorités de Vichy aient accepté la politique d’extermination prônée par l’Allemagne. Dans la zone sud, dont fait partie la Corse, il n’y a pas de déportations pour la simple et bonne raison que les Allemands n’y sont pas présents. De novembre 1942 au 25 juillet 1943, date à laquelle Mussolini est déchu de ses pouvoirs, les Chemises noires n’exercent que très peu de campagnes antisémites car les fascistes italiens sont relativement peu d’accord avec la politique raciale du Reich allemand. Tout change à partir de juillet 1943. Les SS prennent les choses en main en Italie et dans les territoires français de la zone libre passée sous contrôle italien (ailleurs les déportations avaient déjà commencé). La période de déportation pour la Corse va donc durer du début du mois d’août 1943 au mois de septembre, date du soulèvement général en Corse.

Dans l’île la Résistance s’est organisée avec ses bonheurs et ses malheurs. Fred Scamaroni l’un des responsables gaullistes a été capturé et affreusement torturé avant de se suicider pour ne pas parler. Le 4 avril 1943, le sous-marin Casabianca avait débarqué un faible contingent de troupes, ô combien symbolique.



Sous-marin Casabianca ralliant Alger                                   Sous-marin Casabianca ralliant Alger. Source : SHD


Dans l’administration, le préfet a changé.

Le préfet Balley a été jugé trop mou et a été remplacé par Pierre Lecène qui lui obéit aux ordres de Paris. Il commence à regrouper les Juifs.

Contrairement à la légende répandue en Corse, 70 d’entre eux sont capturés et seront déportés. Mais il est par contre exact que la population corse cache tous ceux qu’elle peut cacher. Souvent la nuit, avec les moyens du bord, elle fait monter hommes, femmes et enfants dans les villages de montagne afin de les protéger. Un haut fonctionnaire accomplit un travail admirable au mépris de sa vie. Il s’agit du sous-préfet de Sartène depuis le 11 avril 1942, Pierre Joseph Jean-Jacques Ravail. Il avait été nommé le 6 novembre 1940 à Corte où il avait travaillé avec le réseau mis en place par les partisans de Paul Giacobbi. Il a sauvé à lui seul plusieurs dizaines de Juifs. Il sera d’ailleurs nommé préfet de la Corse délégué dans ses fonctions le 18 septembre 1945. La Corse eut donc une attitude plus qu’honorable envers les malheureux persécutés. Mais la vérité oblige à dire que la population de l’île placée dans l’incertitude, fut d’abord pétainiste comme le reste de la France avec son contingent de fascistes et de racistes.

Le 9 septembre 1943, alors que Rome était déclarée ville ouverte parce que libérée, des SS de la division « Reichsfuhrer » dirigée par le général Stenger, forte de 10.000 hommes et de 100 chars entrent en Corse. Petite curiosité : cette division comprenait dans ses rangs, le futur député libéral allemand Schonhuber. Elle ouvre la voie aux 30.000 hommes de la 90ème Panzer Grenadier Division du Général Lungerhausen. C’est elle qui va détruire en partie la ville de Bastia. Les combats commencent. La Résistance, jusqu’alors, très faible, grossit de jour en jour. Des milliers de Corses font le coup de feu contre les nazis. Beaucoup d’Italiens les ont rejoints de même que des combattants marocains.

La Corse se libérera seule et deviendra le premier département français débarrassé de l’occupant nazi.

Pour en revenir aux Juifs, c’est en 1947, que la Corse renouera avec l’histoire du peuple d’Israël. Des Corses décident alors d’aider les combattants juifs de Palestine à former leur état. Il leur faut accueillir des avions qui vont être remplis d’armes pour s’envoler vers des lieux tenus par la Hagannah. Ajaccio est alors choisi comme piste d’atterrissage. Des hommes qui comptent parmi eux des policiers mais aussi des voyous rendent visite au préfet de l’époque. Il a pour nom Maurice Papon et il a été nommé dans l’île le 21 janvier 1947 avec pour fonction de reprendre le pouvoir au parti communiste. L’homme a été secrétaire général de la préfecture de Gironde. Il a un passé confus. Trois Corses lui expliquent que l’aéroport d’Ajaccio sera réservé à ces transports d’armes. Les Corses ont l’autorisation du gouvernement socialiste qui ne peut agir ouvertement. Maurice Papon, en bon fonctionnaire obéissant, ferme donc les yeux. Et les armes transitent par la Corse pour s’envoler vers la Palestine. En 1948 l’état d’Israël est créé un peu grâce à des Corses. Papon* recevra en guise de récompense un fusil d’assaut fabriqué en Israël. "

(Note du Blog :* Papon passa en justice :Après un procés fleuve a été condamné  puis libéré,bien qu'accusé d'avoir signé de sa propre main la déportation de 1690 juifs dont 250 enfants vers les Camps de la Mort. Lui, est mort dans son lit,entouré d'honneurs.)

Article paru  dans :
http://www.investigateur.info/news/articles/article_2003_06_28_excuser.html

Pour connaitre tous les aspects de  la Corse :
http://corsicanostra.free.fr/index.htm

Impossible de parler de la Corse sans évoquer l'épopée du sous-marin Casabianca  qui refusant de se saborder à Toulon regagnat Alger,Capitale de la France en Guerre. Un superbe site :
http://big.chez.com/jlv16/PAGE10.htm

Et aussi sur la Libération de la Corse :
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/page/affichepage.php?idLang=&idPage=2559


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commentaires

G
très intéressante cette recherche sur les origines des populations juives de Corse... et un grand merci pour la poésie à la "gloire" du BB!!
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