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6 février 2008 3 06 /02 /février /2008 18:47
   Ainsi Albert Delvoux*  décrit le Rais Hamidou au début de son livre  :

" Pour moi, c?est bien ainsi que je me représente invariablement un raïs : une figure rasée,
  des moustaches assez longues pour pouvoir être nouées derrière la tête, plus une énorme
  pipe. J?ajouterai que Hamidou n?était ni turc, ni coulougli : il appartenait à cette classe d?arabes
  fixés dans les villes depuis plus ou moins longtemps, que les indigènes appellent citadins
  et nous maures. C?était, pour me servir de l?expression pittoresque des Algériens, un enfant
  d?Alger."


                 Mohamed Racim a peint le frère de Barberousse,Khair-El-Din,un corsaire aussi   
                 redoutable .
  Dans le fond,on remarque un Chébec dans la rade.  Remarquez la 
                 richesse 
du costume ,des parures,  la décoration du sabre et du poignard, et les yeux
                 percants du Rais .

"Barberousse, nom donné aux frères corsaires Arudj (1474-1518) et Khayr al-Din (1476-1546). Le nom de Barberousse dériverait de celui de Baba (« père » en turc) Arudj, l?aîné.
Fils d'un potier grec de Mytilène (ou, selon les versions, d'un Sicilien renégat), les deux corsaires ont fait la guerre de course au nom du sultan de Constantinople.
L?aîné, Arudj, se met au service de l'émir d'Alger pour chasser les Espagnols installés au Peñon, à l'entrée du port d'Alger (1515). Il investit la cité et soumet l'arrière-pays.
Son frère, Khayr al-Din, lui succède sur les côtes nord-africaines, chasse les Espagnols du Peñon et fait fortifier la ville par des captifs chrétiens. Il dévaste les côtes italiennes et même Nice (1543), bien qu'alliée de la France en lutte contre Charles Quint."





                          A l'époque de cette Course les corsaires algériens ne tiraient que des
                          boulets  pleins . Les boulets explosifs furent une invention francaise .  



                         Cette maquette nous laisse voir dans les détails,toute la beauté et la finesse
                         ailée de ce Chébec.Sa coque était meme enduite d'un savon pour mieux
                         glisser sur la mer.Plus tard les derniers Chébecs furent pourvus de toiles
                         carrées pour porter de plus grosses charges,mais au dépens de son agilité.

                                                      Le sort des captifs :

"Les artisans tels que : forgerons, maçons, charpentiers, fabricants de voiles, et tous ceux ayant un travail fixe, se rendaient à leur atelier ; les autres étaient divisés en petits groupes et obligés, sous le contrôle d?un argousin, de faire les travaux les plus durs, comme de décharger les bateaux ou chercher et traîner de lourdes pierres [pour renforcer la digue du port], ce qui se passait rarement sans une pluie de coups de bâtons...Un des secrétaires me conduisit vers l?atelier des voiles où une trentaine d?esclaves, tous chefs ou pilotes de petits bâtiments, étaient en train de travailler, tandis que les capitaines des plus grands bateaux étaient, en général, libérés sur parole, grâce aux consuls ".
                        
                                                  
Le Cours des esclaves :
                                                     

"Le prix de vente d?un esclave à Alger est compris entre 553 et 973 francs, soit 725 francs en moyenne, chiffres confirmés par les rares annotations du registre qui distinguent, dans le produit de la capture, la valeur de la cargaison de celle de l?équipage dont le nombre est précisé : 722 francs pour les membres de l?équipage de la frégate portugaise prise par le Raïs Hamidou en 1802, 531,5 francs pour les matelots d?un bâtiment sicilien en 1814. Reste donc à déterminer le montant des rançons que les propriétaires d?esclaves exigent, et obtiennent après marchandage, pour les rendre à la liberté."



             Rheda Chikh Bled,un artiste algérien contemporain, a réalisé cette statue
             de plus de sept  mètres de  haut au centre  Pompidou à  Paris. Elle se dresse à Alger
             dans un espace vert  au bas de Bab-El-Oued . Je suppose que la statue a été coulée
            en  bronze .


Ci-dessous une belle description*  relatant la rentrée au port d'Alger du bateau du Corsaire,sans  son Rais tué au combat après un engagement avec la flotte américaine plus forte en nombre et mieux armée :

"Les gens se pressaient davantage sur les quais tentant d?apercevoir ce qui restait d?une frégate qui rentrait dans la baie, dans un piteux état. Le bateau endommagé s?offrit à présent aux regards curieux. Il était nu comme un squelette dépouillé de sa chair et vacillait sous la pression des vents qui s?étaient brusquement levés et le faisait tournoyer comme un vulgaire morceau de bois à la dérive. Le bout cassé de son grand mât était resté suspendu et se balançait dangereusement dans les airs en raclant au passage la voile ferlée. Les cordages détachés de la coque, touillaient autour des vergues. On baissa la chaîne du port dans un fracas de bruit de ferrailles. Le bateau s?arc-bouta contre la digue lourdement. Son bois craqua comme s?il allait s?effondrer en lamelles pourries, provoquant un oh de surprise parmi la foule qui suspendu à son râle, restait immobile, les yeux rivés sur les gesticules du premier homme, celui qui s?était investi en guetteur, harcelant de son doigt charnu le grand mat nu. Les dizaines de yeux obliquèrent vers ce lieu précis, et à nouveau cette clameur sourde qui traversa en onde glacée l?assistance. Le grand étendard vert frappé d?un croissant et d?étoiles dorées qui par habitude flottait à la poupe n?était plus à sa place. Le malheur se dévoilait, par signes, par affirmation, se glissait lentement de cette passerelle qu?empruntaient à présent des dizaines de corps livides, portant les traces d?un combat livré en haute mer, couverts de poussière et de sang. Par grappes cliquetantes, épées entrechoquées, crissement de fer les corsaires s?agglutinaient sur le pont, encore étourdis par la houle des vagues, s?offrant dépouillé de leur assurance au regard pénible d?une foule anxieuse. "

* Le texte à lire en entier : "La Nuit du Rais Hamidou " dans :

http://www.vitaminedz.com/articles-281-0-2433-toute_l_algerie--la_nuit_du_rais_hamidou-3.htmlsA


Voici  "La Consulaire"  sur son affut original :.


                               (  Photo provenant du site  "Antiquaire-Marine" ):
                                              Musée de la Marine ,numéro 1913
"La Consulaire,pièce de canon ainsi nommée parce qu'en 1683 les Algériens s'en servirent
pour lancer sur la flotte francaise les membres du corps du Consul de France " G.B.

Photo extraite du site :
http://antiquairemarine.blogspot.com/2007/09/canon-la-consulaire.html

Dans la " Société des Annales d'Emulation des Vosges" , figure page 54 cette communication savante qui nous donne des précisions sur cette pièce d'artillerie :

"Un morceau de la couleuvrine en bronze dite
 la consulaire, prise à Alger et érigée maintenant
 à Brest, d'après les dessins de notre collègue et
 compatriote M. Petot^ comme un monument de
 la victoire des Français. 
 La consulaire a six mètres cinquante-huit décimètres
 de longueur; son diamètre intérieur est
 de dix pouces; elle pèse treize mille kilogrammes.
 Ce fut ce canon qui, le i5 juillet i683, lança sur
 le vaisseau commandé par l'amiral Duquesne,
 les membres du consul français Le Vâcher. Le
 fragment est déposé au musée départemental. "


Et la voici érigée en colonne à l'arsenal de Brest :


                                                                      Brest- Le Port Miltaire-
                                            "La Consulaire" prise à Alger le 5 Juillet 1830,
                                                      Jour de la Conquete de cette ville" .

         ( Voir en fin de blog,la demande d'autorisation de publier ce document de la Collection
           de Monsieur Erwan Le Vourch dont le superbe site est :
                                                     
http://retrophotos.ifrance.com/brest_laconsulaire.htm


" En 1682, les Barbaresques capturent une frégate de la marine royale française et réduisent, comme à leur habitude, l?équipage en esclavage.
Louis XIV s?en offusque et réagit en envoyant l?amiral Abraham Duquesne à la tête d?une expédition punitive. Près d?une centaine de navires équipés de bombes incendiaires bombardent la Ville Blanche. La puissance de feu française fait plier le dey Baba Hassan qui capitule. Le révérend père Le Vacher, consul du roi à Alger depuis 1671, se charge des négociations.
Tous les captifs chrétiens sont relâchés. Cependant, un certain Mezzo Morto, riche négociant de la ville,fomente une révolte. Le dey est assassiné, Duquesne reprend les bombardements. En représailles, le nouveau maître d?Alger inaugure une méthode restée célèbre. Le consul, accusé de traîtrise, est placé devant la bouche à feu de l?énorme Baba Merzoug avant que les artilleurs ne fassent feu en direction du vaisseau amiral ! Depuis ce jour la Marine Francaise a surnommé ce canon "La Consulaire" en mémoire du diplomate martyr.L'armada de Duquesne rentra en France sans avoir sounis Alger.L'Amiral d'Estrée tentera à son tour de soumettre la ville en 1688 mais en vain".
                                                      Une Consulaire peu Diplomate :

Cette pièce d'artillerie de Marine avait été coulée en bronze en 1542 par un fondeur Vénitien. Elle est longue de sept mètres et sa portée à l'époque était remarquable : plus de quatre kilomètres. Comme toute les grosses pièces d'artillerie elle recut un nom "Baba Marzouk",ou le "Père Fortuné " Braquée dans la direction de la Pointe Pescade,et servie par quatre hommes, elle interdisait l'approche d'Alger aux  navires "ennemis". Mais les Francais débarquèrent bien loin ,hors de sa portée,à Sidi-Ferruch située à 30 km d'Alger-la-Blanche . 
Il parait que son avantage était que son corps en bronze se refroidissait après un tir ,plus rapidement que les canons européens en acier ,et ainsi avait une cadence de feu plus rapide.
Emportée comme trophée,elle s'élève maintenant sur un quai du port de Brest, plantée sur un piédestal orné de plaques gravées par Le Sueur.
Sur l'une d'elle on peut lire :

"L'Afrique vivifiée,délivrée,éclairée par les bien-faits de la France et de la Civilisation "

Perché sur la bouche du canon,le Coq Francais triomphe,une patte posée sur un boule qui symbolise le globe terrestre. La France, Reine des terres et des  mers ...Cette piéce est l'orgueuil de la Marine Francaise. Je dois ajouter que ces dernieres années les Algériens la réclament (en laissant sans doute généreusement à la France les plaques gravées et son Coq ) et meme en exigent son retour à sa place originale .
Jusqu'à aujourd'hui,la France a refusé les sollicitations de l'ancien vaincu.
Espérons que ce litige ne finira pas par un coup d'éventail .
A mon humble avis,une condition "sine qua non" serait de recevoir en retour le Monument Aux Morts,Oeuvre de Paul Landowski, noyé à Alger sous une chappe de béton. Il faut quand meme admirer le patriotisme et la ténacité des Algériens qui réclament leur symbole,alors que la France dans sa débandade a abandonné les siens et ses monuments et cimetières,et à ce jour ne s'en soucie guère..

Remarque : Pour vous donner une idée de la longueur des affuts de canons,celui de la Grosse Bertha qui terrorisa Paris en 14/18 avait dix-sept mètres de longueur,se déplacait sur rails et pesait 2000 tonnes.Mais le plus long canon du monde,cependant ne fut pas celui de Jules Vernes,mais bien celui d'un Ingénieur Canadien qui construit  en 1990 pour contenter la folie de Saddam Hussein,un canon de...250 mètres (oui) de longueur,reposant fixement sur un lit de béton en pente,pointé définitivement sur ...Israel ! Les trois ci-nommés,l'Ingénieur,le Canon ,le Patron ne passèrent pas l'hiver...


              
                             Le canon à peine visible ( à droite ,en clair ) est écrasé par la masse 
                             de cette   immense grue.



                   C'est une  ancienne carte postale .On distingue à la base  les plaques de bronze
                   du Sculpteur Le Sueur . Peut-etre qu'un lecteur obligeant et habitant Brest pourra
                   fournir plus de renseignements sur les inscriptions et photographier ce monument
                   avant qu'il ne change un jour de propriétaire.
                   On ne sait jamais de quoi demain sera  fait !.

                  ( Voir en fin de blog,la demande d'autorisation de publier ce document de la Collection
                  de Monsieur Erwan Le Vourch dont le superbe site est    :
http://retrophotos.ifrance.com/brest_laconsulaire.htm

                                            
                        Une autre miniature pour reposer nos yeux de ces évocations guerrières :


                                  Merveilleux   "Bouquet de Fleurs" par Mohamed Racim.
                                               Sur le vase un fier cavalier a cheval .

 
Nous voici maintenant en l'année 2008 du Calendrier Républicain : Le Rais Hamidou est toujours vivant  et écume toujours la Méditerranée :

"  Depuis le 15 janvier et jusqu'au 2 février, les forces navales françaises et algériennes mènent un exercice commun, baptisé « Raïs Hamidou 07 », en Méditerranée occidentale. Pour l'occasion, la Marine nationale a engagé l'aviso Commandant Birot et un avion de patrouille maritime Atlantique 2. Les Algériens déploient, de leur côté, quatre navires, dont la frégate Raïs Korso, un groupe de fusiliers marins et un avion ".
( Communiqué de la Marine Nationale Francaise).



                                  Le " Rais Hamidou " est une corvette d'origine soviétique.
                                                        de la classe " Nanuchka "


             
                               L'Artiste Rheda Chick Bled a voulu dessiner le coeur de la Casbah
                               tournée aussi vers son passé historique en  Méditerranée .




Bibliographie :
A ne pas manquer de lire les sites suivants :
  
  1) http://sauvonslacasbahalger.viabloga.com/baba_marzoug_pere_fortune.shtml

  2) Sur la Course en Afrique du Nord,un très bel article de Daniel Panzac indispensqble  pour
      nous éclairer sur les hauts et bas de la piraterie en méditerranée .                       
Référence électronique :

Daniel Panzac, « Les esclaves et leurs rançons chez les barbaresques (fin xviiie - début xixe siècle) », Cahiers de la Méditerranée, vol. 65, L'esclavage en Méditerranée à l'époque moderne, 2002, [En ligne], mis en ligne le 15 octobre 2004. URL : http://cdlm.revues.org/document47.html. Consulté le 08 février 2008.

  3) http://cdlm.revues.org/document47.html
  4) Le livre d'Albert Delvoux édité en 1859 :
http://www.algerie-ancienne.com/livres/essais/essais2.htm
La Photo de La Consulaire (Aout 1916) est extraite de la Collection sur Brest de
Monsieur Erwan Le Vourch que je remercie. Son site est :
                                  http://retrophotos.ifrance.com/brest_laconsulaire.htm

 Dans la mesure où l'autorisation de publier cette carte dans mon Blog me serait refusée par son propriétaire,je le prie de bien vouloir me l'écrire sur mon e-mail:
                                     levygeorges@gmail.com
pour que je la retire de mon Blog.
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commentaires

L
Pour les amateurs du vieil Alger,dans le volume 17 de la Revue l'Africaine,un texte détaillé sur l'emplacement de La Consulaire .http://www.algerie-ancienne.com/livres/Revue/revue.htm
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J
Oh lala Georges...je suis la dernière des copains à venir...Ce chapitre est très dense de références historiques..d'autant plus précieuses qu'elles ne font pas partie de l'Histoire enseignée dans les écoles..Il ya ainsi de nombreux pans (pan!) que seule la curiosité intellectuelle et affective (dans nos cas) peut aller dénicher...A bientot mon ami
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R
C'est un vrai régal pour les yeux et pour l'esprit! merci Georges
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G
beaucoup de ces pirates étaient   d' ex- esclaves chrétiens ou mécréants volés enfants sur les côtes italiennes ou grecques (en particulier à Lesbos..)... Mes compliments pour l'illustration de cet article
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