Il y a un mois passé, que le troubadour national, Arye Einstein s'est éteint. Ce fut en Israel, et en particulier. dans la bulle qu'est Tel-Aviv une consternation. Toute la population s'est accordée avec les critiques musicaux, la bohème et les célébrités politiques (une fois n'est pas coutume), qu'Arik était et restera la piste sonore de la vie quotidienne de tout un chacun, tant il fut le reflet de la génération des années soixante.
Ses admirateurs vinrent en grand nombre se recueillir sous les fenêtres closes, et allumer des bougies sur le trottoir à l'entrée de son immeuble.
C'est ainsi qu'à mon grand étonnement, j'ai découvert qu'il habitait dans mon quartier, rue "Hovevei Sion", qui se traduit par "Les Amants de Sion". Un nom qui se colle parfaitement à cet artiste qui a chanté les peines et les petites joies populaires. En fait, ces dernières années il ne sortait guère de son modeste appartement où il continuait à composer avec succès. Mais avant-tout, il était un personnage idéaliste, je peux même dire Don Quichottesque, qu'on retrouve dans sa chanson* pleine d'espoir "Ani vê Ata", qui se traduit par l'universel "Toi et Moi" et que plus d'une fois nous en avons fredonné son refrain:
Toi et moi, changerons le monde
Toi et moi, et alors se joindront à nous tous les autres
Ils l'ont dit, et bien avant-nous,
N'importe, toi et moi changerons le monde
Toi et moi, nous essaierons, au début
Cela sera dur, peu importe, on s'y fera
Ils l'ont dit, et bien avant-nous,
Peu importe, toi et moi changerons le monde..
Hier j'ai croise sa veuve qui promenait son chien. Le visage caché par de grandes lunettes noires, cette sombre apparition longeait les murs, pour éviter le regard curieux des passants.
Arik vivait très modestement, comme un vrai artiste désintéressé qui ne songeât pas à faire carrière à l'étranger à tel point que lorsque il fut question de sa tombe, ce sont ses amis qui se cotisèrent pour acquérir une concession dans le plus ancien cimetière "Trumpeldor" de Tel-Aviv où sont enterrées les célébrités depuis la création de la Cité Blanche dans les dunes.
Au bas du 38 de la rue, un sculpteur a déposé sur le trottoir son oeuvre de pierre de basalte, une guitare brisée comme le coeur de notre génération, avec gravé en lettres d'or le refrain de sa chanson "Toi et Moi". Quelques bougies et un bouquet de fleurs des champs pour rappeler au passant que là vécut un poète témoin de son temps, chanteur-compositeur, éloigné de toute tendance politique, amoureux de Sion.
Je crains que ce memorial ne soit deplace car il encombre le trottoir deja trop etroit.
Arik Einstein 1939-2013
Sa chanson gravee dans la pierre "Toi et Moi"
En bas-relief, le portrait d'Arik.
(Je n'ai pas réussi à découvrir le nom de ce talentueux sculpteur)
(Je crains que ce mémorial ne soit déplacé, car le trottoir est déjà trop étroit. De plus nos amis à quatre pattes peuvent le confondre avec un arbre...c'est pour cela que j'ai pris la précaution de photographier cette oeuvre).
Un vieil enregistrement de "Toi et Moi" (Ani ve Ata) :
https://www.youtube.com/watch?v=ETqJxlBrQbc
Voici une autre de ses chansons d'amour très émouvante:" Il ignorait son nom"...Ma traduction est un peu gauche, mais la musique se suffit à elle-même..écoutez :
https://www.youtube.com/watch?v=-Uz_gDkYnWk
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Il marchait un jour sur la route de Beer Sheba, Le vent de la mer caressait les buissons, Frôlée par un vieil arbre, elle tourna la tête, Sa tresse se déroula le long de son épaule. Le bataillon marchait, il le suivait , Vent et soleil embrassant son visage. Mais lors d'une halte de nuit, il s'est aperçu, Aperçu qu'il avait oublié de lui demander son nom. Il ne connaissait pas son nom Mais cette tresse L'accompagnait tout au long de la marche Et il savait que le jour viendrait Qu'ils se rencontreraient soudainement Dans l'aube rose ou dans le soleil d'un après-midi. L'été suivant avait changé nuances et couleurs, Un commando est revenu d'une nuit de Juin L'ambulance fonçait sur la route de Beer-Sheba Et elle attendait, attendait, dans une robe blanche d''infirmière . Et il a demandé: «Avez-vous ...?". Et elle a répondu: "Rappelez-vous". Ainsi, ils ont parlé pendant des heures, personne ne sera jamais à quel sujet , Et quand il est parti, pour ne pas revenir, et qu'elle a été laissée en arrière, Toute pâle, Elle se souvint qu'il avait oublié de lui demander son nom. Il ignorait son nom ... |
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