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6 juin 2012 3 06 /06 /juin /2012 13:37

Il est parfois de drôles d'idées qui brièvement viennent  nous effleurer sans qu'on les prenne au sérieux.
Ainsi en attendant sur le rebord du trottoir que passe au vert le feu pour piétons, et en reculant instinctivement  d'un pas pour laisser passer l'autobus qui prend toujours très court son virage au passage protégé, je pensais en souriant que d'être  écrabouillé arrangerait bien mes soucis financiers et délivrerait mes enfants du carcan des échéances
à rembourser pour payer leurs appartements...
 Au carrefour peu de piétons prennent la précaution de laisser une marge de sécurité aux pneus jumelés des transports en commun car le train arrière décrit un cercle intérieur plus serré que les roues avant. Témoins ces marques noires de caoutchouc sur la lèvre du granit arrondi par les frottements.  Plus d'une fois j'ai pris par la main une personne âgée pour l'empêcher de s'avancer dangereusement, car il  y a toujours un imbécile qui vole un feu qui passe au rouge.
Mais pourquoi ce bavardage puisque je n'avais pas l'intention de me trucider ?
Et bien parce que, pas plus tard qu'hier, par une magnifique journée ensoleillée, j'étais allé flâner au march
é pittoresque du Carmel, â Tel-Aviv. Après l'avoir descendu dans sa longueur, heureux de voir cette abondance sur les étals, en pressant le pas,  de peur de tomber dans le piège d'une pyramide de Makrouds et de Zlabia ruisselants de miel, de Loukoums verts et roses aux amandes poudrés de sucre, et d'autres délices comme le Halva incrusté de pistaches ou les Cigares feuilletés. Heurté çà et là par les paniers rebondis des ménagères et les chariots à bras des livreurs, un peu assourdi par les appels des vendeurs et  les musiques des cassettes où dominait le bouzouki, je débouchais enfin sur la Promenade aérée du littoral qui longe la plage de sable fin.


 

M7-Plage-Bograshov.jpg

 

 

Paradis  des enfants et des baigneurs et des... pigeons qui trouvent toujours de quoi picoter les restes de goûters.

 

M3.jpg

 

  Sur le front de mer, se dressent encore quelques maisons basses qui formèrent le Tel-Aviv des années 30. Les kiosques vendent toujours aux enfants ces rubans sucrés  de guimauve et de réglisse qui font leurs délices et...collent aux doigts.

 

M13--Rue-King-George-T.A-jpg

 

De là à l'arrêt de ma ligne pour revenir chez-moi, il n'y a qu'un pas. Entouré de jeunes touristes, inconsciemment vêtus trop légèrement et à la peau rougie et craquelée par les coups de soleil, je me rappelais en souriant  que moi aussi, nouveau venu il y a cinquante ans,  m'étais empressé de  bronzer* sur cette plage pour prendre la couleur locale bistre et m'étais exposé imprudemment sur le sable blanc brûlant sous un soleil aveuglant.
Bercé par le clapotis des vaguelettes, je m'étais endormi sur la grève à l'heure où le soleil était à son apogée. Lorsque la brise me réveilla, je ne pus me redresser tant mes jambes étaient douloureuses. Les muscles ankylosés firent de ma démarche celle d'un homme cassé en deux. Je me souvins alors d'un remède de bonne-femme qui consiste à appliquer... du yaourt pour soigner les tissus endommagé s et atténuer la douleur. Ainsi j'acquis chez l'épicier-apothicaire malgré lui, quelques pots sans doute délicieux mais très efficaces pour ma convalescence rapide.

* Pour me fondre dans la population, j'avais aussi essayé d'apprendre à rouler les "r" comme les habitants de longue date...Ma naïveté sans doute vous fera sourire, comme moi maintenant, qui m'adressant dans un convenable hébreu, reçois encore parfois de mes interlocuteurs des réponses en ...français !


    Au coin de la rue Hayarkon, une maison de style "Bauhaus", reconnaissable à son large balcon arrondi. Construites en petits blocs de silicate à l'époque pionnière où le ciment faisait gravement défaut, le sel marin en ronge les façades. Mais une fois bien ravalée, ce type de construction sur le front de mer est très prisé par les connaisseurs pour la vue sur la méditerranée et l'exposition à la brise d'été. 


M5-Hayarkon.jpg

 

Le coup violent me fut porté sur le coté gauche, et avant que je ne réalise ce qu'il m'était arrivé, je vis devant-moi, et à mes pieds, une motocyclette couchée sur le flanc avec son cavalier étalé sur le sol, sans mouvement, les bras écartelés comme un boxeur au tapis, et la tête tournée vers le ciel.

-"Are-you O.K. ?" s'empressa de me questionner la jeune touriste dont un instant auparavant je regardais sa jeunesse d'un oeil jaloux.

-"Yes, I am", et je continuais en français, "Mais cet abruti n'a pas l'air de l'être" !.
Pench
é par dessus l'épaule d'un curieux je vis rapidement que son casque était encore vissé sur sa caboche et que ses lunette n'étaient pas brisées. " Commandez vite une ambulance" s'écria une bonne âme dépourvue comme moi de téléphone sans fil et sans reproche.
Je me tâtais le bras et la hanche et comme tous les rouages fonctionnaient, je décidais puisque le chauffard qui avait perdu le contrôle de son engin était entre de bonnes mains et n'avait l'air d'être qu'un peu étourdi, de quitter avec précaution le champ de bataille.
Je voyais déjà mon autobus à l'arrêt, mais curieusement, car ce n'était pas habituel, il semblait m'attendre. En fait, derrière-lui, un attroupement m'empêchait d'en comprendre la cause. En m'approchant je vis un grand gaillard, un Soudanais* allong
é sur le dos, proche de sa bicyclette tordue dans le caniveau, sans doute heurtée par l'autobus. Son tricot blanc était immaculé, mais les dégâts devaient être tout intérieur car il ne donnait pas signe de vie. Ses compagnons d'infortune l'entouraient sans trop savoir que faire dans ce cas. (Le mieux effectivement est  surtout de ne rien faire, et de laisser ce soin aux secouristes !). J'entendais déjà le hululement de l'ambulance et la corne d'une voiture de Police. J'étais un témoin impuissant dans ce combat inégal entre le piéton et la machine et me dépêcha de rentrer à la maison tout heureux de ne pas jouer plus longtemps avec le hasard et de pouvoir réfléchir sainement  à mes préoccupations financières...

* Depuis longtemps déjà que le Soudan et l'Érythrée sont des pays indépendants s'y succèdent les révolutions attisées par les luttes tribales et religieuses. La vie dans ces pays, comme dans beaucoup d'autre pays africains, est une interminable suite de massacres. Maladies, eaux polluées, famine, font de la vie dans ces régions un enfer. Il n'est donc pas étonnant que les jeunes les plus audacieux cherchent à fuir leur patrie, histoire de survivre. Ceux de la Corne de l'Afrique entrent en Égypte dans l'espoir d'un avenir meilleur mais ils sont pourchassés manu militari par les autorités de la République Arabe Unie. Certains  réussissent en payant en dollars des sommes astronomiques pour eux, à se munir de passeurs bédouins pour traverser le désert du Sinai. En général ces malheureux sont abandonnés par leurs guides après avoir été dévalisés et même tirés à bout-portant par les soldats égyptiens. Ceux qui ont la chance d'arriver à la frontière israélienne sont recueillis par Tsahal, et hospitalisés pour soigner leurs blessures. Au début de cette marée noire dans le désert, ces illégaux trouvèrent du travail à Eilat dans l'hôtellerie rapidement saturée. Ils montent donc vers le Nord et maintenant s'est constitué un véritable village-africain à la Gare Centrale de Tel-Aviv, dans un quartier déjà déshérité, où les plus chanceux habitent à dix  dans une même pièce minuscule, mais la plus part errent désoeuvrés dans les jardins publics devenus leurs latrines.  Des comités humanitaires  essayent d'améliorer leur situation précaire, des écoles et infirmeries gratuites ont été ouvertes pour les enfants, mais avec les meilleurs intentions le minuscule Israel déjà frappé par le chômage est  débordé devant ces 160000 personnes  dont le chiffre augmente chaque jour par des arrivées quotidiennes en autobus dans la grande ville.
Inévitablement cet état de choses lamentable conduit mathématiquement à des vols, des attaques à mains armées, et  des viols par certains enivrés par la bière et la Vodka.
Les quartiers de la  Gare Centrale d'autobus ne sont plus surs, même en plein jour. Ces africains seraient-ils des suédois que le problème resterait le même !
Le Gouvernement ne peux  les expulser vers leurs pays d'origine qui refusent de les recevoir, et les esprits s'échauffent, comme si nous n'avions pas assez de problèmes sécuritaires avec nos ennemis qui nous encerclent aux frontières. C'est aussi difficile à résoudre que la Quadrature du Cercle. Et l'ONU dites-vous, que fait-elle dans tout cela ? Et bien rien 
à attendre de cette institution où siègent en majorité ces pays où la barbarie est leur mode de vie.


Ce cocotier isolé et hautain, étranger   à la région, a grandi avec la ville... Peut-être est-il né d'une noix qui échoua jadis sur la plage après un long voyage...

 

M1.jpg

 

Quelques jours plus tard, nous nous étions attablés, ma femme et moi à un petit restaurant, histoire de célébrer modestement notre première rencontre. Nous étions passés devant cet hôtel au nom ronflant d'Ambassador, une construction assez laide qui ne garde de son origine que ses arcades influencées par l'architecture néo-orientale. C'était l'adresse postale que j'avais donnée à ma famille lorsqu'il y a presque cinquante ans j'étais parti à la découverte d'Israel. Mais ce fut surtout là, tout en haut, le nid qui nous abrita avant de trouver un petit appartement, un peu en dehors de la ville..

 

ambassador-hotel.jpg

 

Nous étions très fatigués par notre promenade-lèche-vitrine dans la ville bruyante et déjà chauffée à blanc en ce début de Juin. Il était temps de demander asile dans cet endroit où l'air conditionné rend la respiration plus aisée. Au menu, nous choisîmes une escalope pannée dite "Schnitzel" une préparation traditionnelle d'origine ashkénaze très populaire et adorée par les enfants. Je dus l'attendre assez longtemps, vu que le poulet effectivement ne semblait encore... pas né... Ma faim augmentait au fur et à mesure que les plats des serveurs passaient au dessus de ma tête sans s'arrêter à notre hauteur, en laissant derrière eux des effluves de bonne chère. J'avais presque envie de faire un croc-en-jambe au garçon pour saisir en vol un des plats...

Lorsqu'en fin mon assiette décorée de légumes fut déposée, je partis à l'attaque goulûment après un "Bon appétit", poli mais inutile ! Ma femme se leva un instant pour commander de l'eau minérale. La viande tendre accompagnée de salade et d'une pointe de moutarde au poivre était à point. A la deuxième bouchée, un morceau d'escalope mal découpé dans mon empressement refusa de descendre plus loin que le gosier et se bloqua dans l'étroit passage. C'était aussi ennuyeux qu'un écouvillon rompu et irrécupérable dans le tube d'un canon(1). Au tout début j'avais essayé de boire pour faire glisser cette maudite bouchée, mais sans effet.
Ni entrée, ni sortie, le tunnel était bloqu
é et je devins tout congestionné  !. Je me levais de table en étouffant comme un pendu. Je peux témoigner que contrairement aux dires habituels, je ne vis pas mon passé se dérouler ni à grande ni à petite vitesse, on ne pense à rien qu'à faire de violents efforts instinctifs de déglutitions.
Ils furent couronné
s de succès juste avant que je m'évanouisse faute d'oxygène. Le coupable, presque entier, fit une parabole pour atterrir  dans mon assiette comme si rien ne s'était passé.
Mon supplice n'avait en fait dur
é qu'un temps très bref mais qui m'avait paru interminable !
Ma femme revint avec sa boisson, me trouvant tout bizarre mais en vie. Elle me demanda pourquoi je mettais cette escalope si appétissante sur le cot
é de mon assiette et me proposa gentillement d'en commander une autre à mon goût....
Une fois de plus mon Assurance-Vie resta heureusement  lettre morte...

 

(1) De l'époque où je fis mes classes en Israel, comme tout nouveau venu, il m'en reste un souvenir qui me plongea dans les plus grandes craintes. En effet lors du nettoyage du canon de mon fusil,  se coinça et se brisa la corde qui tirait l'étoupe huilée. Et cela juste avant la revue des armes ! Je me voyais déjà passible de prison en présentant un fusil dont sortait du canon un bout de ficelle... L'officier vérifiait la propreté et la brillance du tube rayé avec circonspection en visant le soleil, et au fur que s'approchait mon tour, des papillons naissaient dans mes entrailles, et j'imaginais déjà (nouveau marié)  au moins ma permission pour le Shabat supprimée. Arrivé à  ma hauteur, il vérifia d'abord que le mécanisme interne de la culasse était ni trop, ni pas assez huilé , un compromis à  réaliser qui est un des secrets militaires les plus gardés jusqu'à ce jour....  Satisfait, il m'ordonna d'aller simplement chez l'armurier débloquer le bout de flanelle coincé .

 

Note:


Sachez, (si vous voyez quelqu'un en danger dans un cas semblable d'étouffement), que pour le sauver il suffit de passer derrière lui, l'entourer de vos bras et appuyer fortement sur son ventre pour l'aider
à extirper l'intrus qui bloque son oesophage. Mais, attention, ne faites pas comme l'enfant qui veux faire une Bonne Action et entraîne de force et contre son gré une vieille personne pour l'aider à  traverser la rue, vous risqueriez au mieux une bonne gifle ou au pire d'être accusé d'un attentat aux moeurs !!!  

 

Je remercie vivement l'auteur de ces jolies esquisses que j'ai empruntées  pour illustrer ma promenade. Ces aquarelles expriment bien l'atmosphère de ce quartier que je crois bien connaître. Je n'ai pas réussi à identifier son auteur pour lui demander son autorisation. Je m'engage à retirer ces aquarelles dans le cas où il me le serait demandé.

 

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25 mai 2012 5 25 /05 /mai /2012 18:53

 

 

Camille Ambert ou le fruit défendu.

 


Sur les pavés de Paris, (il en reste encore !) je me sentais comme un détenu en liberté provisoire,  délivré de ses strictes habitudes diététiques, et  enflammé  de regagner le temps perdu. Et pour ma défense j'en accuserai les rayons de fromages des magasins d'alimentations qui étalent sans vergogne à tout venant les produits onctueux de la ferme sans penser aux dommages que cause leur richesse en matière grasse ...
Et je promis de m'autoriser cette incartade, à condition de me limiter à un seul de ces fromages. Une tache bien difficile et je dirai même cruelle.

Toutes les Provinces de France me tendaient leurs bras et  j'avoue que j'eus un peu le vertige en essayant de choisir l'une de ces merveilleuses spécialités aux noms à faire sortir un mort affamé de sa tombe ...Des montagnes de l'Auvergne aux plaines de la Brie, ils étaient tous là sous leurs vignettes immuables depuis que je les connaissais de l'autre cot
é de la méditerranée, en accompagnant jadis ma mère à l'épicerie mozabite du "Roi du Fromage", une célébrité du Marché Clauzel à Alger. Pour tenir la promesse que je m'étais faite, et mettre un terme à mon supplice je jetais mon dévolu sur une délicatesse fromagère de chez Camille Ambert, plus connue maintenant sous le nom de Camembert(2).... (mais oui !)....Ni trop fait, ni contrefait.

Je ne pus m'empêcher de revivre en un éclair mon expérience avec la génération spontanée, lorsque un beau jour algérois, alors que par la vignette alléché je soulevais  le couvercle, apparurent à mon grand effroi de gros vers blancs rampants dans la chair laiteuse qui avait vieilli prématurément...! De leurs yeux minuscules ils me firent signe en se contorsionnant qu'ils avaient la priorité du sol ! ! Horreur et putréfaction, je battis en retraite.
A peine sorti sur le trottoir, et vu mon expérience, j'ouvris donc avec précaution la boite en fine pelure de bois,blanc,comme le copeau d'une scierie et dépliais son enveloppe paraffinée. Une belle couche de pénicilline, ferme et souple m'appelait
à la dégustation. Et j'essayais de maîtriser mon impatience en jouissant du paysage fluvial. Une fine bruine embuait la Seine, les passants qui auraient pu croiser cet être bizarre que j'étais,  étaient heureusement rares et les bouquinistes pas encore au rendez-vous des pigeons. J'avais bien envie de jeter à l'eau cet emballage, rond comme le panier de Moïse (1) pour le voir dériver au fil du courant, mais j'étais trop loin du pont et déposais la boite et son couvercle dans la rigole du Quai de Conti pour un destin moins glorieux. Accoudé à la rambarde de pierre moussue, et revenu à l'état sauvage, sans un petit couteau à fromage, sans une noisette de beurre et une tranche de pain croustillant pour son lit, je mordis à pleine dents dans cette chair moelleuse, délice des Dieux, sans attendre, oh! sacrilège, un ballon de vin rouge pour l'accompagner.
Je ne fis pas de quartier et rapidement ce Camenbert, tel un cercle trigonométrique se réduisit à quelques radians, juste à temps pour éviter de m'étouffer dans ma brutalité gloutonne. Ma bouche en était empâtée et mes doigts collants. Je pourléchais de mes lèvres les fines gouttes de pluie bienvenues comme un chat qui fait sa toilette.

Qu'ainsi périssent mes ennemis, pensais-je en souriant, ma feinte colère apaisée.

Une péniche glissait lentement en poussant une grosse barge noire, et j'admirais le marinier qui la guidait à  contre-courant entre les piliers du Pont-Neuf. Un chien allait et venait sur le dos rebondi  du chaland à moteur en jappant aux touristes d'un bateau-mouche qui descendait la Seine. Comme des enfants, ces vacanciers heureux agitaient de plaisir leurs mains et je répondis de même en souriant à ces inconnus. Pour un instant, je me sentais protégé parmi ces étrangers qui en savaient autant sur moi que les platanes qui ombrageaient les quais. J'étais devenu une gravure colorée à l'aquarelle sous un ciel éternellement bleu de Paris, qu'aiment peindre à la chaîne les artistes en chapeau-mou, assis sur leurs pliants.

Je m'arrête sous les feuillages ondulant d'un saule-pleureur qui par dessus le quai caresse les mats d'un cotre amarré  pour une saison, une manière princière de vivre libre en changeant de paysage au   fil de l'eau. 


Le ciel est, par-dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par-dessus le toit,
Berce sa palme.

La cloche, dans le ciel qu'on voit,
Doucement tinte.
Un oiseau sur l'arbre qu'on voit
Chante sa plainte.

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là
Simple et tranquille.
Cette paisible rumeur-là
Vient de la ville.

Qu'as-tu fait, ô toi que voilà
Pleurant sans cesse,
Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,
De ta jeunesse ?

Écoutons ce curieux enregistrement " D'une prison" (1935) de Tino Rossi qui chante le poème de Verlaine
sur une mélodie de  Reynaldo Hahn avec Joseph Benvenutti au piano:
  http://www.youtube.com/watch?v=iSfmPkXOet4

Je savourais intensément ces instants de bonheur fugitif, loin de l'actualité bruyante et menaçante que j'avais quittée après quatre heures de vol et dont les échos ne parvenaient pas ici, comme si j'avais atterri sur une autre planète.
Qu'ai-je fais de ma jeunesse ? Et bien je peux dire avec regret que ma jeunesse resta un brouillon inachevé. Mais ceci est une autre histoire !.


En remontant la rue G
énégaud      , que j'avais choisie pour ses vitrines  de Librairies Anciennes, je vis qu'une plaque du quartier était masquée par un collage du même aspect bleu émaillé :

 

 

img 1437

   

La Roche Carpienne est près du Capitole, et cette affichette était une prophétie (d'ailleurs facile), car comme en physique, après l'action vient le réaction. Mais à chacun son tour (au  deuxième, comme d'habitude), de tenir dans son bec un bon fromage. Fromage de Hollande bien-sur. Je peux le prouver par cette vignette en couleur, la présidence est bien un fromage ! : il ne reste, comme vous l'avez lu précédemment que sous l'emballage, l'intérieur est vide...

 

Le President

 

 

Tout proche se dresse  le Théâtre de l'Odéon. A cette heure matinale, les abords de ce faux Temple Grec étaient pratiquement déserts. Seuls des ouvriers de la voirie nettoyaient avec un puissant jet d'eau les applaudissements de la soirée précédente et les sifflets des contestataires. Des livreurs en tablier de cuir déchargeaient des casiers de bouteilles de vin devant les bistrots qui renouvelaient ainsi leurs provisions épuisées dans les vapeurs d'alcool de la nuit parisienne.

 

  

img 1435

 

Pierre Corneille, auteur dramatique du "Cid" qui m'avait été imposé lors de mes Humanités d'ailleurs inhumaines, et qui me faisait bailler aux ....Non, c'est faux, j'ai adoré Molière.

Ce n'est qu'adulte, que je découvris les vers de  "La Parodie du Cid" d'Edmond Brua (3) qui nous enchanta.  Je rebaptiserais bien, si j'en avais les moyens, cette Place actuellement au nom de Paul Claudel par celui de l'écrivain algérois père de "Cagayous".  Edmond Brua, chantre de ce langage aussi coloré et chaud que le soleil d'Algérie, le "pataouète". Cet alliage phonétique précieux issu du creuset où se brassèrent pendant plus d'un siècle les  mots et les intonations des anciens et nouveaux venus du bassin méditerranéen, mérite bien d'entrer à l'Académie.

Hélas, cette langue est en voie de disparition avec ces exilés qui s'éteignent un à un dans la froidure de l'hiver métropolitain. Cette langue vivante va devenir une langue morte conservée dans le formol et qui sera disséquée par de savants  philologues, comme sujet de Doctorat.

 

 

img 1436



A aucun de mes voyages n'ai eu l'occasion de visiter ce Café qui vit tant de célébrités littéraires et politiques s'attabler déjà bien avant la Révolution pour boire cette boisson noire, qui, écrivit alors Montesquieu dans les Lettres Persanes, faisait des prodiges :


« Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré. »

 

A lire les inscriptions gravées dans le macaron qui rappellent les hauts-faits brutaux historiques commis à endroit, il est assez évident que cette boisson n'était pas faite pour calmer les esprits.

 

Lors de mes années parisiennes, en passant  à coté des tables en marbre qui débordaient sur les trottoirs, j'entendais souvent les amateurs de ce filtre  commander au garçon: "Un noir, bien tassé !!". Je pense qu'aujourd'hui personne ne commettrait cette imprudence sans se faire tabasser...

 

En rentrant de ma promenade en métro, j'ai découvert dans un coin du compartiment, cette citation poétique, un beau sujet de dissertation :

   img 1433

Mais entre les bruits des portières qui claquent, les avertissements sonores et les odeurs sui-generis qui y règnent aux heures de pointe, il y a pour les passagers du métropolitain de quoi rêver...et sourire !


Notes:

 

(1)  Au Musée de l'Homme, est exposé un grand panier rond en joncs tressés et enduit de goudron, une antiquité égyptienne, qui aurait pu naviguer sur le Nil.  


(2) A ne pas confondre avec "Camember"  le nom de famille du célèbre Sapeur. Le livre, les "Aventures du Sapeur Camember", me fut offert par mes chers parents dans ma jeunesse gâtée, ainsi que les autres oeuvres dessinées par l'écrivain Christophe. C'est une lecture saine pour adultes qui souriront ainsi de leurs difficultés rencontrées dans leur propre vie civile comme militaire où la logique est le plus souvent absente. Si les costumes des personnages ne sont forcément pas à notre mode, les caractères et situations cocasses sont immortels. Je ne peux que vous inviter à déguster cet article : 

http://chantalserriere.blog.lemonde.fr/2007/06/09/la-solution-de-lenigme-christophe-invente-le-sapeur-camember/

 

(3)   Edmond Brua :

http://exode1962.fr/exode1962/en-savoir-plus/brua.html

 

 

 

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 12:12

 

V ) Le mètre après Dieu.

    

Mètre de pierre, de bois ou de fer,
Quarante millionième de la Terre,
Tu es l'Unité de la France entière.

    
Ancien du Laboratoire National d'Essai et de Métrologie, j'avais pu admirer dans une de ses salles à l'abri des changements de température, et dans un bac à circulation de bain d'huile, le mètre étalon en iridium qui servit jusqu'à il y a peu de temps encore comme référence de mesure. La base maîtresse de tout progrès scientifique.
Son ancêtre qui naquit lors de l'unification des unités de mesures, grâce aux Savants de la Révolution française, était de pierre et sculpt
é dans la roche. Le mètre* alors fut défini en 1792 comme la quarante millionième partie du méridien terrestre. Je me souvenais d'avoir lu qu'il se situait rue de Vaugirard, sans autre précision. Qu'à cela ne tienne, je décidais de descendre cette plus longue rue de Paris aux 400 numéros pour le découvrir. Je commençais mon périple à la Porte de Versailles en direction du Jardin du Luxembourg. De temps à autres je pénétrais dans des librairies où j'espérais obtenir (mais-en-vain) de gens avisés, l'adresse exacte de  ce trésor.
Cette rue très passante aux belles maisons justifie à elle seule la longue promenade.
Mais c'est presque avant d'arriver au Sénat qu'un libraire serviable, entendant derrière une pile de livres ma question posée à sa femme, surgit et fier de pouvoir me renseigner m'indiqua que cette quarante millionième fraction du méridien terrestre mesuré lui-même par une géniale triangulation* se trouvait sous la première arcade, à coté du Musée de la Poste, lui même face au Palais du Sénat...J'étais sauv
é !
..............................
.....................
    Il est onze heures, ce 25/11/2012 et les sirènes rugissent.
    Interruption de mon écriture.
    Deux minutes de silence dans tout Israel .
    La population s'arrête et se
 recueille.
    C'est la commémoration du Jour du Souvenir des Soldats Morts pour

    que  Vive Israel Libre.
..............................
......................

...Je me rassois et me remets au clavier. En effet, sous la première arcade, dans le coin gauche à la hauteur du passant, et en relief, je découvris l'un des derniers mètres en pierre de la Convention qui servit de référence au Commerce et à l'Industrie, mettant à la poubelle des coutumes royalistes, les aunes, les pieds et les pouces, et moult autres mesures curieuses.

* Il suffit en mesurant les deux angles d'un triangle et la longueur d'un de ses cotés, pour le déterminer en entier. Ainsi grâce à un travail qui dura plusieurs années, fut mesuré en ajoutant bout-à-bout les distances calculées par cette méthode, le méridien passant de Dunkerque à Barcelone.


img 1557

 

 

 

img 1558

 

Pour plus de précision et contre l'usure du temps et des hommes, l'unité républicaine se mesure entre deux coins de cuivre poli incrustés. C'est quand même une grande émotion que de voir cette réalisation due au génie des savants français et qui nous semble maintenant  aussi naturelle que la respiration...    
* J'oserai par un calembours dire que le L.N.E est vraiment le mètre au logis... 

Un très bel article incontournable sur l'Histoire des Poids et Mesures :
http://www.metrologie-francaise.fr/fr/histoire/histoire-mesure.asp

 

VI ) Douce France, le pays de mon enfance...

      ou plus exactement "La France d'Alger".


Dans mon exploration de la Rue Vaugirard, (sur le site de l'ancien Village), j'ai croisé par chance une petite rue montante, au nom du Sculpteur Bourdelle. Pour vous cela évoque peut-être seulement des bronzes monumentaux et son amitié artistique avec Rodin dont les statues (à première vue pour le néophyte), semblent être de la même facture. Mais pour moi, algérois de naissance, c'est une oeuvre magnifique, intitulée "La France", qui jusqu'en 1962, du haut du parvis du Musée des Beaux Arts d'Alger, son regard tourné vers l'horizon , et surplombant les merveilles feuillures botaniques du Jardin d'Essai, faisait face à la Mère Patrie distante de 800km, par dessus la Méditerranée. Pour nous, citoyens de l'Algérie française, c'était plus qu'un symbole de notre amour pour le pays que nos pères par trois fois, en 1870, 1914-1918, et 1939-1945, s'étaient portés à son secours en traversant les mers pour le délivrer de l'ennemi germanique.

Certes ce Musée Bourdelle est très beau avec son petit jardin,  où se dressent les bronzes monumentaux.

Mais "La France", sans la perspective de la Méditerranée à ses pieds, et dans cette cour de briques, et avec son regard tourné vers nulle-part, n'est qu'un pale  fantôme de notre " France d'Alger". Et cela m'a doublement ému.

 

 

La France-Musee Bourdelle-copie-2

 

  En 1962, nous fumes livrés à la folie des terroristes islamistes descendus de la montagne après les tristes accords unilatéraux entre la France et le F.L.N . Car non seulement, nous Français d'Algérie ne furent pas consultés lors du référendum hexagonal, mais machiavéliquement les forces armées de la République Française furent consignées aussitôt dans leurs casernes, les fidèles harkis se virent leurs armes retirées et abandonnés lâchement à la faveur de la nuit, et nous les citoyens  livrés à la vindicte de la populace qui hachaient toute une population livrée au Minotaure par le Gouvernement de Paris.
C'est alors qu'une infime minorité de patriotes s'organisèrent sous le nom d'Organisation de l'Armée Secrète, pour essayer de s'opposer à ce qui visiblement était déjà perdu.
La statue "La France", qui pour nous était aussi le symbole de la France Libre, surtout  depuis 1942, fut malheureusement plastiquée par un écervelé. Elle s'écroula. Paris qui n'était pas pressée de rapatrier ses citoyens qui campaient sous un soleil de feu, et les menaces terroristes, en attente de bateaux ou de rares avions, en grève même, ne fit rien pour démonter le splendide "Monument Aux Morts" de Paul Landowski, qui était au coeur de la Capitale. Alors il fut enrobé de béton par le Gouvernement du F.L.N, et au marteau furent détruits tous les milliers de noms des combattants français "Morts Pour la France" gravés dans le marbre.
"La France" de Bourdelle, eut  plus de chance: ce sont, les descendants du sculpteur qui à leurs frais rapatrièrent la statue endommagée et entreprirent sa réparation.
Aujourd'hui, elle se dresse fièrement  au Musée du Souvenir de Coetquidam.

L'article ci-dessous d'Alger-Roi et du CDHA est remarquable par ses détails, et a pour source la Conservatrice du Musée :"Madame Rhodia Dufet-Bourdelle, fille de l'artiste et conservateur du Musée Bourdelle à Paris a bien voulu raconter l'histoire de " cette France ".dans :

 

http://www.alger-roi.net/Alger/cdha/textes/6_statue_france_bourdelle_cdha45.htm

 

Et "La France d'Alger" est maintenant au Musée du Souvenir de Coetquidam.
http://guer-coetquidan.pagesperso-orange.fr/bisto/coet/hist_coe.html

 

Je dois ajouter que le   Musé des Beaux Arts qui surplombait le Jardin d'Essai, (lui-meme une oeuvre botanique exceptionnelle pour acclimater et créer    des plants robustes qui firent la richesse agricole de l'Algérie ), contenait les trésors  picturaux de ses artistes les plus célebres. Hélas, ces tableaux restèrent accrochés aux cimaises devenues  algériennes. L'Algérie nouvelle reçut ainsi sur un plat d'argent tout un magnifique passé colonial  économique comme artistique, une dot qu'elle n'eut de hâte que de dilapider et d'arabiser. 


VII ) Le Jardin du Luxembourg.

Extrait de "Rose et Ninette" , d'Alphonse Daudet:
"Avenue de l’Observatoire, tout au fond, sous les marronniers en dôme d’épaisses verdures, un après-midi de juin, Mme La Posterolle battait d’un talon nerveux l’asphalte espacé de bancs où traînaient des loques désœuvrées, des songeries patibulaires. En mauve toute, depuis les bas jusqu’à l’ombrelle, et sur ce mauve le blanc poudré de sa perruque d’aïeule, la dame paraissait peu sensible au flatteur étonnement du rapin ou de l’étudiant qui, avant d’entrer chez le maître d’armes voisin, se retournait pour voir cette vieille personne aux yeux d’une jeunesse si provocante, à la démarche autoritaire et solide d’un commandant de bord sur sa passerelle".

Je n'avais qu'à traverser la rue sous l'oeil vigilant des Gardes Républicains en poste  à l'entrée du Sénat, pour me retrouver avec Le Petit Chose dans le Jardin du Luxembourg.
Des enfants joyeux s'agitaient autour du Grand Bassin pour encourager leurs voiliers inclinés par le vent léger dans leur traversée. Aidés de leurs bâtons ils relançaient leurs bateaux pour un nouveau voyage lorsqu'ils butaient en fin de course sur le rebord circulaire. Les voiles blanches, surmontées chacunes d'un petit pavillon de couleur différente, se mêlaient aux Cols Verts qui barbotaient en amitié autour d'eux, et quêtaient des miettes de goûters.

 

Feuille de Marronier,du Jardin du Luxembourg. Paris

 

 

Regardant bien autour de moi pour vérifier l'absence de la force publique (!), je cueillis sur la plus basse branche en me haussant sur la pointe de mes pieds fatigués, une feuille d'un des célèbres Marronniers que décrivit Alphonse Daudet dans ses Contes. Allongée et aux bords finement dentelées, elle était d'un beau vert foncé, mais de marrons point, ce n'était pas la saison, ils ne tombent qu'en Septembre.

Pressée entre deux papiers, elle va vite perdre sa couleur et devenir une feuille morte.

Comme il est dit, on ne peut pas être et avoir été...
http://www.gustave.com/fruits/464/chataigne-marron.html

 

Je clos (provisoirement) ces impressions parisiennes d'un rapatrié, exilé, qui n'oublie rien du passé, bon ou mauvais. 

 

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3 mai 2012 4 03 /05 /mai /2012 11:06

 

Par chance, siégeant près du couloir, j'ai pu saisir cet instantané alors que le Pilote s'installait sur son siège, et avant que la porte ne soit refermée. ( C'est un dérèglement à la sécurité et sur El-Al c'eût été impensable ! ).

A ma grande surprise, le Commandant de Bord de l'Airbus d'Air-France était du sexe faible. (Comme 7% des Pilotes de cette Compagnie). Ce qui n'a pas empêché un virage à gauche sur l'aile très musclé avec perte  de hauteur un peu brusque pour se mettre face à la piste, mais avec atterrissage sans rebondissement particulier.

 

img 1634

 

 

I ) Sous les roues.



"Pour me rendre à mon bureau alors j'ai pris le métro
Ça ne coûte pas très cher et il y fait chaud l'hiver."

( Georges Brassens).


J'ajoute que le métro  c'est bien beau, mais le tram c'est bien plus rigolo.
Car ce nouveau tramway parisien se promène en silence sur les Boulevards extérieurs, avec des airs de campagne sur ses rails presque cachés par une bande de pelouse bien verte qui tranche sur le macadam. Je me suis souvenu alors d'un geste  dangereux d'un de mes camarades qui me raconta que dans son enfance, son jeu préféré avec ses vauriens d'amis  était de placer sur la voie ferrée non protégée une grosse pièce de monnaie pour la récupérer aplatie après le passage d'un Express. Je ne pus résister de mettre dix Centimes sur le rail du transport parisien, à la hauteur de l'arrêt Georges Brassens, pour immortaliser par cette originale médaille les chers(1)   L.C.P.C. et  L.N.E. voisins, tout en veillant bien que la voie était dégagée. Pour ne pas me faire accuser de faire... dérailler la motrice, (ce qui évidement était impossible), je fis semblant de me baisser comme si j'avais fait tomber ma monnaie (2), pour la poser sur la lèvre brillante du rail. J'attendis un certain temps après le passage du convoi, pour récupérer mes Dix Centièmes d'Euros dont un quartier avait été laminé !

 

Dix Centimes amincis par le..Tram

 

Ainsi j'ai frappé cette monnaie en souvenir de ces jours brumeux et laborieux, mais heureux, puisque nous étions sortis indemnes dans notre chair, quoique blessés dans notre coeur, après huit années d'enfer d'où il nous fallut repartir à zéro..

(1) Chers, car mon père ingénieur E.S.E y trouva à son exode d'Alger un emploi sinon bien rétribué, mais au moins très respectable comme traducteur technique (anglais, allemand et russe).. Quant à moi, le LNE fut un asile sur et avenant, jusqu'à la Guerre des Six Jours qui délivra Israel de son étau. J'avais demandé alors un congé sans salaire, de trois mois, promettant (promesse d'ivrogne) mon proche retour encore aujourd'hui en attente....

(2) Ce manège je l'avais observé à une sortie de Métro, avec une Romanichelle qui faisait semblant de buter sur une bague en or de pur laiton pour la présenter au passant....Je n'ai jamais attendu le résultat de cette rencontre dite accidentelle !.


II ) Quai Malaquais.

Extrait du "Livre de mon Ami", d'Anatole France, au chapitre "Je te donne cette rose":

" Je jouais à ses pieds sur le tapis, avec un mouton qui n’avait que trois pieds, après en avoir eu quatre, en quoi il était indigne de figurer avec les lapins à deux têtes dans la collection tératologique de mon père ;

 

img 1246

Ce cheval à roulettes du Marché aux Puces de Vanves était un contemporain...

 

j’avais aussi un polichinelle qui remuait les bras et sentait la peinture : il fallait que j’eusse en ce temps-là beaucoup  d’imagination, car ce polichinelle et ce mouton me représentaient les personnages divers de mille drames curieux. Quand il arrivait quelque chose de tout à fait intéressant au mouton ou au polichinelle, j’en faisais part à ma mère. Toujours inutilement. Il est à remarquer que les grandes personnes ne comprennent jamais bien ce qu’expliquent les petits enfants. Ma mère était distraite. Elle ne m’écoutait pas avec assez d’attention. C’était son grand défaut. Mais elle avait une façon de me regarder avec ses grands yeux et de m’appeler « petit bêta » qui raccommodait les choses.Un jour, dans le petit salon, laissant sa broderie, elle me souleva dans ses bras et, me montrant une des fleurs du papier, elle me dit :« Je te donne cette rose. » Et, pour la reconnaître, elle la marqua d’une croix avec son poinçon à broder. Jamais présent ne me rendit plus heureux. "

Sur les rayons du buffet-bibliothèque du salon de mes parents à Alger, s'alignaient de forts volumes des oeuvres complètes d'Anatole France.

 

Anatole France

 

 

Ces livres de bibliophile étaient couverts de papier cristal jauni et fendillé par le soleil qui inondait ce meuble presque en toute saison à travers les grands battants du  balcon. Mon père citait souvent cet auteur en exaltant la personnalité  dreyfusarde courageuse  de l'écrivain,  quasi unique dans cette période où un antisémitisme virulent contaminait la France qui accusait injustement le Capitaine Dreyfus de trahison en faveur de l'Allemagne. Dreyfus fut réhabilité, après son retour du bagne de l'île du Diable dans la même cour d'honneur où ses galons lui furent arrachés et son épée brisée. La France inique et antisémite n'avait  pas moins que réussi à empoisonner l'atmosphère et jeter le doute au fil du temps sur la fidélité des juifs à la France,  malgré leurs patriotiques sacrifices dans la Grande Guerre. Des accusations qui préparèrent le terrain pour justifier plus tard le Vichysme  et l'abnégation aux théories hitlériennes.
Ce n'est donc pas par hasard que je décidais en ce Printemps parisien et pluvieux de partir à pieds le long de la Seine, rechercher la maison où il résidât dans son enfance. Je savais de par ses écrits qu'il vécut quai Malaquais, et que son père, grand amateur de curiosités et livres anciens avait sa Librairie quai Voltaire. Dépourvu de l'électronique portative qui accompagne chaque citoyen et aussi nécessaire qu'un parapluie, je m'en remis aux bons soins de passants pressés, qui bien que du quartier, s'excusaient de ne pas savoir où habitat l'Homme de Lettres et encore moins le Petit Pierre.
 Ces quais, de Voltaire, et de Conti abritent de luxueux magasins d'antiquaires, n'y pénètrent que des connaisseurs à la bourse bien remplie. Mais Il n'y a pas de plus hardis que les grands timides quand ils sont poussés par une force intérieure pour satisfaire, comme moi, leur curiosité.
Ainsi je n'ai pas hésité à sonner à la porte de ces célèbres antres d'objets anciens presque inestimables tenus par des propriétaires vénérables dont pas un pourtant  ne sut répondre avec précision à ma question: "A quel numéro du quai habita-t'il Anatole France" ? Non pas pour me chasser de leur magasin, car avec mon col roulé et mes abondants cheveux blancs et ma ma veste de (faux) cuir noir, je n'avais pas l'air d'un misérable enquiquineur, mais devais faire une assez bonne impression, en m'exprimant dans un français sans accent....Et puis à ma dernière tentative, je vis se lever du fond d'un sombre-obscur d'une Caverne d'Ali-Baba, une jolie jeune femme qui pour répondre à ma question, n'hésita pas à retourner à son ordinateur calé sur une table en marqueterie, et sous la lumière tamisée d'un candélabre en bronze, me précisa grâce à son moteur de recherche, que France vécut au numéro 15 du quai Malaquais. Elle était aussi heureuse de m'avoir rendu ce service que moi d'être enfin à pied-d'oeuvre.


img 1442

 

Je ne pus résister à lui demander de me permettre de photographier un très beau meuble, une chinoiserie qui trônait en bonne place. Avec un peu plus de courage j'aurai pu la photographier avec...Mais il y a des limites à la bienséance.
Et bien, je trouvais enfin à ce numéro, une plaque de marbre difficilement lisible et surtout très  haute perchée et presque masquée par des échafaudages qui entouraient l'Ecole d'Architecture mitoyenne en rénovation.


img 1445

 

ANATOLE FRANCE NE LE 16 AVRIL 1844

QUAI MALAQUAIS No19

HABITA DANS CET HOTEL

DE 1844 A 1853

 

img 1443

 

Le Buste d'A.France, musee Bourdelle

 

  Buste d'Anatole France. Cette photo a été prise au Musée Bourdelle.

 

Le grand portail en bois massif était verrouillé et ne devait s'ouvrir qu'au possesseur d'un code. J'avais essayé mais en vain de cogner au battant avec le lourd anneau de métal coincé par la rouille, mais je dus terminer là mon périple dans le temps. Adieu l'espoir de visiter la maison du Petit Pierre et son univers. Pauvre Anatole France, tu sembles bien oublié. Je ne verrai donc jamais son appartement et celui des deux Dames mystérieuses, l'une en blanc et l'autre en noir, ni même la cour où piaffaient les chevaux et jouait le petit Alphonse, le fils de la blanchisseuse.....

 

La gravure ci-dessous,  représente des personnages éplorés et sur la droite un Zouave sans doute prisonnier après la défaite de Sedan en 1870. Dans le fond on peut distinguer les casques à pointes des soldats prussiens de Von Molke qui ont ravi à la France l'Alsace et la Lorraine. Les Zouaves en chéchias, aux uniformes colorés, gilets bleus brodés et pantalons bouffants étaient un corps formé de Français d'Algérie. Mon Grand-Père maternel fut l'un de ceux qui pour reprendre les provinces perdues tomba à Verdun en 1916.


La légende : "France, la reverrons-nous ? " 

 

( Gravure photographiée lors de ma visite au Marché aux Puces de Vanves)

 

img 1251
III ) Les Boites à Pigeons.

Je traversais la rue pour m'approcher des boites à livres peintes en vert-bouteille, perchées sur les rambardes en pierres pour admirer la Seine où glissaient lentement des péniches et les célèbres bateaux-mouches. Les propriétaires des "boites à pigeons" déballaient  tour à tour leurs trésors avec le timide retour du soleil.

 

  img 1384

 

 

Ils accrochaient à leurs étals les aquarelles pour touristes, et sortaient des cartons des livres sans intérêt mais reliés pour attirer les passants. Ce n'était évidement pas là que l'amateur éclairé aurait trouvé une belle occasion. Pourtant je fus surpris de voir dans un coin quelques Revues "Paris-Match'" consacrées à  l'Algérie dont une datée du 22 Juin 1957 qui renfermait des photos de " l'Attentat de la Corniche".


Attentat au Casino de la Corniche-Alger

 

 

A cette époque les photos étaient presque toutes en noir et blanc, et l'impression médiocre. Ce fut pour moi une grande émotion de voir ces clichés du carnage et toute ma joie de flâneur s'évapora. Pour commettre cet attentat odieux, un serveur avait déposé sous l'estrade de l'orchestre du populaire dancing une bombe à retardement .
Lucky Starway, le Chef d'Orchestre très célèbre aussi sur les ondes de Radio-Alger, fut d'échiqueté ainsi que nombre de ses musiciens et jeunes couples venus un Dimanche oublier leurs soucis du moment.  
Lucky Starway, de son vrai nom Lucien Serror, avait un magasin de vêtements à Bab-el-Oued, un quartier de l'ancien Alger où s'élevait alors la Grande Synagogue, maintenant transformée en mosquée salafiste après profanation et pillage et blessures de ses fidèles  en Décembre 1960..
Ce musicien doué était aussi habile à l'accordéon qu'à la trompette de Jazz. Sur le cliché, dans les débris de l'estrade, gisent dans le sang ses instruments de musique.  


Dans cette même revue un long reportage sur l'écrivain Céline, retiré tranquillement dans sa villa et jouissant de sa vieillesse heureuse.
Il fut un admirateur actif d'Hitler et un hôte d'honneur à  Sigmaringen* et donc un traître dont le nom me donne la nausée. Mais le n
égationisme a écrasé sous ses roues la vérité historique et je doute que le nom infâme de cette enclave "française" en territoire nazi évoque quelque-chose pour la jeunesse.
Dans une autre pile de vieux journaux, une revue de propagande du temps de l'occupant vert-de-gris "Signal" avec en première page un soldat aryen...Caca de pigeons que ces boites.....
En quelques pas sur ce quai magnifique, j'étais remonté dans le temps avec de bien mauvais souvenirs. Et je me sentais bien seul dans l'indifférence de ce paysage unique du Pont Neuf que j'avais rêvé depuis longtemps de redécouvrir.


img 1371

 

Dans l'eau glacée de la Seine des Sapeurs-Pompiers s'exercent au sauvetage moins poétique de noyés-assassinés...

 

img 1448


* http://fr.wikipedia.org/wiki/Sigmaringen

IV ) Le Pont des Arts.

Au fil de l'eau dont je ne pouvais détacher mon regard,  mes pas me conduisirent au Pont des Arts. De loin il était tout étincelant car le soleil jouait sur les cadenas en laiton que les amoureux avaient refermés sur le grillage de sa rambarde pour sceller leur amour immuable en jetant la clef dans la Seine...Quoique que de tristes fois l'inverse se produit et  devient une manchette d'un journal qui vit du malheur des autres....Les couples de piétons rêvent et se photographient avec en fond le plus beau paysage du monde.
Mais voila une belle coutume pour assurer un avenir heureux contre vents et marées.

Ici des cinéastes s'affairent sur le Pont, gâtés par un beau soleil.

 

img 1388

 

*En ce qui concerne l'attentat de la Corniche j'ai découvert des images de l'INA .
Depuis longtemps déjà, je ne m'étonne plus de cette démence dans les médias qui courtisent les terroristes et qui surtout mentent dans leurs prétendues informations. Au moins par respect pour les morts qu'ils disent la vérité sur les conditions de leurs disparition et assassinats. Et bien non.!
J'ai visionné par hasard quelques vues : .
http://video.aol.com/video-detail/attentat-du-casino-de-la-corniche-algerie/3338264898

Et pour le présenter,il est écrit par l'I.N.A.:
"Le 3 juin 1957, explosion d'une bombe posée par le FLN au casino de la Corniche : 8 morts, 92 blessés. Les sous sols du Casino servaient de chambre de torture."
Pour justifier par un mensonge énorme les crimes du F.L.N....Pauvre, très pauvre France qui falsifie l'Histoire et éduque ainsi  les jeunes générations.....

 

Suite des impressions de voyage, dans "Avril à Paris" (2).

 

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21 mars 2012 3 21 /03 /mars /2012 12:36

         
Non, il ne s'agit pas d'une mauvaise interprétation du chef-d'oeuvre d'Igor Stravinsky, mais de la mise à mort d'une province, française depuis 1830, celle  que la métropole qui avait encouragé ses citoyens (comme mes arrières Grands Parents paternels alsaciens) à y émigrer pour la  coloniser, c'est à dire transformer les marais pestilentiels et fiévreux et les terres en friche en un pays agricole riche grâce aux sacrifices de ses pionniers qui durent lutter contre  l'insalubrité, la chaleur étouffante, le manque d'eau potable, les attaques à main armée, les nuisibles comme les sauterelles et le phylloxera et même l'incompréhension et l'incompétence de certains dirigeants. Non, ceci n'est pas un cliché, mais la simple vérité historique. L'Algérie était devenue en un siècle de labeur acharné un grenier à blé, une corne d'abondance: elle exportait ses cultures maraîchères et viticoles, fit jaillir l'eau douce des nappes phréatiques du Sahara pour sauver les oasis ensablés   et  ses savants luttèrent avec succès contre  le paludisme qui  fit mourir tant de colons et le trachome qui aveuglait les indigènes. Donc il est pas question de repentance pour l'oeuvre accomplie par nos anciens venus en Algérie qui n'était pas un Klondike. Par contre, le guet-appens organisé par les forces du désordre pour assommer définitivement toute velléité  des Français en Algérie d'espérer en un futur possible dans le giron de la France, devra bien un jour être expliqué en Justice.

  Nous voici au printemps 2012 et j'ai encore des cauchemars de ce 26 Mars 1962 Depuis le 1er Novembre 1954, date de l'insurrection des Hors-la-loi,  et de l'assassinat de l'Instituteur Guy Monerot, je fus, nous fumes, témoins d'attentats plus cruels les uns que les autres, dans les villes et les campagnes, mais eux ils étaient le fait de l'ennemi terroriste qui haïssait la France. A propos combien de places ou de rues en métropole portent-elle le nom de ce tout nouveau Instituteur venu avec sa femme dans un hameau perdu pour sortir les petits arabes de l'ignorance ?

    Comme d'habitude, en cette période de changement de saison, (encore une bonne excuse de Docteur pour expliquer mon allergie), j'étais "souffrant des bronches", une  façon édulcorée d'évoquer mes étouffements presque chroniques, dus
à l'humidité mortelle d'Alger. Une maladie qui m'a peut-être sauvé la vie.
Les jours précédents, je raccompagnais en auto ma mère courageuse (Colette Bloch-Schebat) de son Ouvroir, car il n'était plus question de s'aventurer à pieds ou même en  tram dans cette basse-casbah."
Les "Dames Visiteuses"(1) étaient une organisation de charité  crée par l'épouse du Grand Rabin Bloch, une parente maternelle, dans les vieux quartiers, pour secourir les israélites nécessiteux plus que jamais en cette période trouble, car tous les pieds-noirs n'étaient pas des "seigneurs" !. Cet Ouvroir  aida aussi les juifs  qui fuyaient les persecutions au Marroc apres le massacre de Petit-Jean, et qui firent escale a Alger avant de monter en Israel.
Je me souviens que ces derniers jours j'avais pris avec moi un appareil pour photographier ce trajet bordé d'arcades qui passait entre autres devant le magasin d'habillement  "La Belle Fermière" du grand-oncle Elie.
Cette pellicule a disparu comme bien d'autres souvenirs dans la tourmente.
J'avais pu voir  alors tourner dans le ciel , comme de vilaines mouches noires, des avions de chasse au dessus de  Bab-El-Oued. 

mars2330
                                   
                        Rare cliché extrait du précieux site sur cette époque : algeroisementvotre@free.fr,

En son coeur déjà la Grande Synagogue de la Place Randon, au nom du Grand Rabbin Bloch, avait été pillée et ses fidèles blessés lors d'un pogrom local de musulmans du F.L.N., déjà au mois de Décembre 1960. La troupe républicaine
(des Paras) arrivée tardivement pris ses quartiers dans ce Saint Temple mais sans délicatesse pour ce lieu, éleva dans le sanctuaire ...un arbre de Noël, avec sans doute une crèche rappelant la naissance de celui dont les futurs disciples accuseront les juifs de déicide....
Pour les jeunes lecteurs, disons que ce quartier prolétaire de Bab-El-Oued, était l'équivalent d'un Faubourg St-Antoine de Paris, adossé à la Casbah.

Daumier Massacre rue Transnonain
 
    Hélas, il n'y a pas eu un Daumier pour immortaliser les massacres de ce 26 Mars comme pour la Rue Transnonain

Du temps du Bey, c'est aux remparts de "La Porte de l'Oued" qu'étaient suspendus  à des  crochets les malheureux suppliciés accusés  par les Turcs d'avoir enfreint les lois d'exceptions contre la dhimmitude. dont faisaient parti les juifs, dont la vie était en sursis avec un salut qui devait être monnayé chaque année !
Maintenant, c'est la Chasse française, les  aviateurs élevés dans l'admiration de l'exemplaire  St-Exupéry (Ah! qu'elle furieuse réaction aurait-il eu alors !) qui mitraillaient depuis leurs T-6(6) les terrasses ouvrières.  Peut-être les mêmes pilotes qui chassèrent les Fellaghas dans leurs wadis !  Je n'ai pas trouve de témoignages de ces pilotes qui osèrent obéir aux ordres de leurs supérieurs pour tuer lâchement des citoyens du haut du ciel .
          Les affiches collées en hâte aux murs pendant le couvre-feu, les tracts glissés en secret le soir sous les portes,  les explosions, la rumeur publique, les nouvelles vraies ou fausses, les émissions pirates, les enlèvements et attentats, les concerts de casseroles accompagnaient  les jours et les nuits d'un peuple en colère qui voyait sa patrie se dérober sous ses pieds.
         Toujours est-il que 5 jours (un chiffre porte-bonheur comme une main de Fatma), après le début officiel du Printemps, fut organisée une manifestation de solidarité pour la population de Bab-El-oued, assiégée par les forces de l'ordre.
         A Alger, chaque manifestation converge d'abord vers son coeur, qui est le quartier du Square Laferrière, au bas du Monument aux Morts. Ici, les cris de "A la Bastille !!" sont remplacés par "Tous au G.G"(2) ainsi du moins le fut le 13 Mai 1958.
           Le 26 Mars 1962, le rendez-vous était devant la Grande Poste, une esplanade vaste où convergeaient des rues aux noms glorieux, Baudin, Michelet, Isly, Bugeaud et autres...

Alger Grande Poste
Ce beau carrefour vécut des jours historiques et tragiques. Le 8 Nov 1942,, jour du Débarquement allié en Afrique Française du Nord, les résistants dirigés par José Aboulker s'insurgèrent contre les forces vichystes. Le jeune Lieutenant Dreyfus qui avait  la responsabilité de paralyser le Central Téléphonique de la Grande Poste, et en refusa l'accès en se tenant sur les marches d'escalier a l'entrée, fut abattu dans le dos par un Inspecteur de Police collaborateur, lequel, par la suite fut décoré pour son haut fait d'arme ! 20 ans plus tard, le 26 Mars 1962, ce sont des soldats français qui ouvrirent le feu sur une foule pacifique. La encore les auteurs et dirigeants de ce massacre non seulement ne furent jamais inquiétés, mais encore furent félicités pour leur obéissance à  celui et ceux qui planifièrent le massacre.

Ce jour là, j'étais seul  à la maison. De la fenêtre du cinquième étage de la rue Sadi-Carnot, mon poste de guet habituel, où accoudé je passais des heures à mon observatoire pour me distraire et oublier ma poitrine sifflante, je vis ce matin de  Printemps, s'organiser  le cortège  joyeux de passants pacifiques et d'étudiants et écoliers en goguette, nombreux brandissant le drapeau tricolore, en culotte courte et sandales, s'interpellant, reconnaissant des amis et camarades et  tous marchant au milieu de la rue car Alger  était en grève. Les rideaux de fer des magasins étaient baissés, et en face de chez moi, le nouvel immeuble des Chemins de Fer était vide de ses employés, et même  du port ne me parvenaient plus les sifflements des remorqueurs.
 Sous le soleil algérois, les choses les plus graves ne sont jamais sérieuses . J'avais d'en haut, l'impression d'une kermesse. Je vis même de la rue Drouet-d'Erlon déboucher des voyageurs débarqués d'un train à la Gare de l'Agha, se joindre à la foule. Je pouvais suivre des yeux les passants qui montaient la rue Charas et enfilaient aussi le Boulevard Baudin, tout en entendant le reportage à Radio Monte-Carlo, qui était alors la source de nos informations non censurées.
 Le bruit de la mitraille à la Grande Poste, je l'entendis à ma radio portative, et plus proche de moi, sursautais aux chocs des  ricochets de balles qui martelaient les devantures closes du début de la rue Sadi-Carnot, peut-etre les rideaux de fer de l'armurerie Castel ou du magasin Chamoux. J'entendis alors les cris de "Halte au feu", enregistrés par Julien Besançon (3) :

http://www.cerclealgerianiste-lyon.org/audio/isly.wav

             Les criminels avaient agi en plein jour. Quelques minutes après, je vis des passants affolés revenant en sens inverse et je devins un témoin impuissant et terrorisé de ce que je vis: un camion à ridelles chargé de corps ensanglantés qui filait à toute allure et à grand renfort d'avertisseur vers l'Hôpital Mustapha en bout de la longue rue Sadi-Carnot.
           Suivirent des camionnettes et autos particulières, leurs chauffeurs agitant éperduement des mouchoirs blancs en dehors des portières, sans doute de peur de se faire canarder. Je ne vis même pas une seule vraie ambulance. Le silence était tombé comme une chape sur le quartier.
          A la radio, un  appel à tous les étudiants en médecine pour se rendre aux hôpitaux, un appel pour les transfusions de sang, un appel au secours censuré qui mettra plusieurs jours pour arriver en France.
           Du bleu, du blanc et du rouge de la France n'en restait que le rouge du sang et de la honte sur les pavés d'Alger.
           Délaissant la fenêtre, mon coeur battant trop fort, et me réfugiant au fond de l'appartement, je vis sur les murs de la chambre de mes parents, une orgie d'arc en ciel qu'un face à main  biseauté réfractait d'un rayon de soleil.
         Je ne pus soutenir ce phénomène merveilleux et incongru et retournais le miroir, en signe de deuil.
           Mon père, dans son atelier d'Hussein-Dey, essayait plutôt mal que bien dans cette période où tout s'écroulait, de livrer
à temps des ferronneries commandées pour des écoles à Belcourt, pour ne pas être imposé  d'amendes pour leur retard !
Pour payer à temps les salaires, les matières premières, l'atelier devait tourner, même dans des conditions impossibles. C'était une époque kafkaïenne où il fallait travailler pour vivre comme si les attentats n'existaient pas, comme si les ouvriers étaient chaque jour à leur poste ces jours où tout déplacement était un danger. Cette adjudication, que mon père avait enlevée avec difficulté, devait réduire les dettes d'emprunts faits aux Banques, qui elles ne font pas de sentiment....
A son retour par la route Moutonnière du littoral, car la Rue de Lyon n'était plus sûre, il essaya le soir de parler en anglais avec la direction du "New-York Times" pour qu'il diffuse la vérité sur le massacre. Il fallait pourtant que la vérité soit connue et traverse la mer, car la censure française cachait la journée sanglante (4) qu'Alger avait vécue.
 
       "Il y a, épinglées aux arbres, des listes de Héros"

Ainsi, j'avais commencé à rédiger ce que je vis en allant le lendemain sur les lieux du Crime. Les troncs des ficus étaient devenus des poteaux de fusillés. Des listes de disparus y étaient piquées. Leurs cadavres furent jetés pèle-mêle à la morgue. Des familles se virent refuser l'entrée de l'hôpital de Mustapha pour reconnaître les corps. L'armée enterra des cadavres avec la précipitation des coupables.
     Le Plan avait réussi, et fut cloué ce jour- là le cercueil de l'Algérie Française. Tout a été filmé, photographié, enregistré, mais nous resterons encore pour combien de temps des "profiteurs esclavagistes et des colonisateurs cruels", pendant que les porteurs de valises et de bombes écrivent leurs mémoires de "résistants"  et se pavanent dans les écrans de télévision nationaux et alors que fleurissent en Métropole des plaques commémorant ce maudit 19 Mars qui précéda le massacre des vrais patriotes français  ?.
 
Sûrement il existe des Archives encore non dévoilées soigneusement rangées dans des places fortes. Plus tard, la vérité que nous crions sur les toits depuis cinquante ans se fera entendre, mais nous ne serons plus là. Qu'au moins la Vérité fleurisse et chasse les mensonges pour que les enfants de France  découvrent  grâce aux témoignages  de leurs parents cette époque peu flatteuse embourbée dans la propagande pour cacher son propre échec. L'Histoire s'écrit lentement, comme le vin qui dépose sa lie.     
  Celle du 26 Mars 1962
à la Grande Poste d'Alger attend encore à la  grande porte de l'Histoire. 

Notes :

(1) D'après Julien Zenouda :
Les sociétés et les oeuvres de bienfaisance  de la communauté d'Alger, voient le jour dès 1847 . avec  l'installation du premier consistoire. Elles furent très nombreuses.  Dès 1886 voit le jour  "La Charitable Israélite" sous l'impulsion de Madame  Bloch. Cette oeuvre avait pour but de visiter les femmes malades et en couches et de fournir la layette pour les  nouveaux nès. Elle a été remplacée par les "Dames Visiteuses", que présida très longtemps Clotilde Zermati, aidée par Hélène Djian née Marchina, qui deviendra par la suite en France en 1965 présidente de la Wizo .

(2) "GG" : L'immeuble du Gouvernement Général. C'est là que le 13 Mai 1958, une foule enthousiaste acclama son futur bourreau, haranguant les citoyens, toutes religions confondues, du haut d'un balcon du G.G.
 
(3)  Merci au Cercle Algérianiste à qui j'ai emprunté cet enregistrement de Julien Besançon.
(4)   Sur ce sujet, le lecteur honnête prendra le temps de lire et faire connaître le site ci-dessous incontournable sur cette tragédie, écrit par Simone Gautier dont le mari fut assassiné ce 26 Mars 1962.  Photos et témoignages y abondent :
(5) Sur les évenements terribles qui se sont déroulés à  Bab-El-oued et précédèrent le massacre du 26 Mars 1962. Des Français tirent contre les Français. A lire et a faire suivre au maximum de lecteurs :


Et un autre son de cloches de la Gendarmerie :

(6) Sur les fameux avions T-6 qui aidèrent avec leur appui-feu les combattants en difficulté   dans les djebels.

    ----------------------------------     Fin de l'Algérie Française   --------------------------------------

L'actualité m'oblige à sauter du mois de Mars 1962 à celui de 2012.

Depuis quelques jours, le tir quotidien des mortiers et roquettes palestiniennes destinés à terroriser les kibboutz frontaliers de Gaza, s'allongeait au Nord et à l'Ouest pour atterrir de plus en plus proche des grandes agglomérations. Je choisis le 12 février pour me rendre à mon travail semainier. Non pas pour craner, mais histoire de vivre avec mes amis sur place une journée que je présageais pas comme les autres. Déjà à Tel-Aviv le responsable de notre autobus nous avait rappelé qu'en cas "d'alerte rouge", code diffusé sur toutes les chaînes de radio et qui interrompait pour un instant le cours des émissions, que le chauffeur devait s'arrêter sur le bas-coté de l'autoroute et que nous devions descendre le plus rapidement possible pour nous mettre "à plat-ventre, les mains sur la tête". et attendre.. le bruit de l'explosion et une fin d'alerte. Évidement recevoir sur la tronche une fusée de bon matin, était aussi peu probable que de gagner à loterie. Mais il faut savoir que si des éclats brûlants atteignent le réservoir d'essence, l'autobus ( comme cela était arrivé sur la route d'Eilat longeant la frontière égyptienne), immédiatement prendrait feu et il est bon  donc de s'en éloigner au plus vite. 

Gaza
Regardez bien cette carte du rayon d'action des projectiles palestiniens, vous y verrez la portée des projectiles du Hamas, qui s'étendent de l'obus de mortier pour atteindre les villages proches de la frontière, jusqu'aux fusées Grad plus précises et dangereuses car elles projettent tout azimut des milliers de billes d'acier de 5m/m de diamètre. Ces engins fabriqués en Russie, Chine, Corée du Nord, Iran et en Syrie  regorgent dans les bunkers de Gaza. Ces armes ont été livrées  par mer par des "bateaux humanitaires" et surtout après un long passage dans le Soudan et ensuite le Sinai, pour entrer par de nombreux tunnels dans la bande de Gaza. 

Je dois dire que déjà en 2006 j'avais goûté largement de ces cadeaux empoisonnés et nous espérions qu'après les bombardement que subirent en réponse les terroristes, qu'ils tireraient les leçons du passe. Il n'en fut rien.

Je dois dire qu'au fur et à mesure que notre transport du personnel s'approchait du Sud, les plaisanteries habituelles et les bavardages se firent plus rares, chacun de sa fenêtre scrutant le ciel pour déceler l'éventuelle traînée que laisse derrière elle le moteur à poudre d'une fusée...Cette fois à la descente de l'autobus, chacun se hâta vers son département pointer sa carte, sans trop s'attarder en chemin...  A l'intérieur... détendus et un verre de café chaud en main  ce fut à qui raconterait à son voisin la nuit précédente assez agitée dans la région. A force d'entendre parler de cette région comme le Sud d'Israel, on oublie souvent que cette région n'est qu'à 45 Kilomètres de Tel-Aviv ! Il faut vous préciser qu'une série de batteries électroniques détectent le lancement de Gaza d'une ou plusieurs fusées simultanément, et alors déclenche les sirènes d'alerte "Couleur Rouge". Les habitants de localités comme la ville martyre de Sderot ont quinze secondes pour se mettre à l'abri, s'ils en ont un (!) et ceux plus favorisés (?) comme Beer-Sheva quarante secondes (!) pour prendre les enfants dans les bras, se ruer dans les escaliers, et atteindre un endroit plus sur, et cela à n'importe de jour comme de nuit. Quant aux personnes âgées, aux malades ou paralytiques, il ne leur  reste qu'à prier que la fusée ne tombe pas dans leur quartier..  

Moi, prévoyant le scénario qui nous attendait mis de cote une feuille de papier et un stylo.

A 10h14 du matin,  rugissement  des sirènes et les hauts-parleurs nasillèrent "Couleur Rouge" pour ordonner de se mettre à couvert immédiatement pour  ceux qui vaquaient dehors à leurs occupations.

A 10h15, suivant la loi immuable de la gravitation, on entendit les bruits sourds d'une ou plusieurs explosions.

Étant éloignés par précaution élémentaire des fenêtres, je ne sus pas s'il s'agissait d'un impact ou de la destruction en vol de la fusée Grad par cette merveilleuse technique où radar et pyrotechnique agissent ensemble pour détecter la fusée ennemie, calculer sa trajectoire, prévoir l'endroit présumé de sa chute et alors de la tirer au but si elle ne devait pas tomber hors d'une zone habitée. Le tout en un temps minimal. Une performance qui sauva des centaines de vies humaines ces jours-ci , mais aussi dans le cas fatal aurait probablement déclenché l'invasion de Gaza par Tsahal.

A 10h27, la Radio annonce que six fusées Grad ont été tirées de Gaza, que cinq d'entre-elles ont été détruites en vol par le système "Kippa d'acier" et que la sixième s'était abîmée en rase campagne. Une information remarquable qui nous remplit de fierté, et remonta le moral des populations a l'écoute.

A 10h31, autre alerte ! Cette fois je restais assis à mon bureau au lieu de pénétrer dans une salle bondée aux murs plus épais. Des bruits d'avions à réaction de l'Armée de l'Air, certainement pour essayer d'empêcher les terroristes de monter les bâtis des lanceurs pour pointer leurs fusées. En fait, j'ai entendu dire que certains de ces engins étaient enterrés et positionnés d'avance dans la direction de leur leur cible et que seul leur museau dépassait le sol, rendant impossible leur détection aérienne.

A 11h45, la radio communique qu'un charroi de camions venant d'Israel et entrant à Gaza par la poste de Keren-Shalom, avait été bombardé au mortier par les terroristes qui voulaient ainsi empêcher l'approvisionnement des Gazaouites !  A ce Poste se font les passages dans les deux sens de marchandises mais aussi ce jour même  d'une centaine de malades gazaouites  pour se faire soigner dans les meilleurs hôpitaux israéliens, ( cancers, malformations du coeur, dialyse). C'est ce qu'on peut appeler une situation Kafkaienne, toute à l'honneur de l'Etat d'Israel, mais qui l'a-t'il lu ou entendu en métropole ?  Israel y est devenu le chien galeux et la cause des malheurs du monde entier, et la cible facile des condamnations de l'ONU !...

Je n'ai pas noté l'heure exacte, mais soudain mes entrailles me rappelèrent à l'ordre. Les toilettes les plus proches étant O.Q.P, je me suis aventuré dans la cour déserte vers un autre bâtiment en rénovation et dont les 'buenos retiros', comme on les nomme en espagnol, étaient installés provisoirement  dans des.... containers transformés confortablement pour cette occasion. mais pas prévus pour résister à l'impact de fusées.... Oui, l'alerte une fois de plus a déchiré l'air de toute sa puissance, mais rien dans le règlement de la Défense Passive n'avait été prévu dans mon cas très particulier...Ce n'eut pas été une mort très glorieuse

Revenu sain et sauf et decontracté dans mes pénates je fus accueilli par la nouvelle aux informations qui faisaient un bilan, de l'explosion d'une fusée "Kassam" dans le jardin d'enfants qui avait eu lieu à 7h00 du matin, juste avant l'arrivée des mères avec leur poupons. J'ai oublié de vous dire que l'Education Nationale avait évidement fermé toutes ses établissements situés dans le rayon des fusées Grad, confinant ainsi chez eux  deux cent milliers d'écoliers et un million d'habitants !. Mais cette agglomération, étant située dans une zone de 0 à 7km de la frontière de Gaza, avait eu l'autorisation de recevoir les enfants car les bâtiments frontaliers avaient eu le privilège d'avoir leurs établissements renforcés de béton pour résister aux tirs des mortiers voisins..

A 12h49 c'est Beer-Sheva (Les 7 Puits), la Capitale du Néguev, qui est la proie des fusées. Sa célèbre Université Ben-Gourion est fermée par précaution, et la ville est aussi paralysée. La fusée Grad a le bras long, mais Israel a la connaissance de fusée encore plus modernes et surtout précises qui attendent dans les bunkers de Gaza à être tirées éventuellement un de ces jours sur Tel-Aviv, pour prendre le Centre du pays entre les feux du Hamas de Gaza et ceux du Hizbola du Liban. Quand je vois ces hauts immeubles qui poussent comme des champignons, je maudis les architectes qui les habillent de vastes fenêtres de verres filtrant, qui bien d'esthétiques, pourraient se transformer en millions d'éclats mortels en cas de déflagration. La réserve du Hizbola est évaluée à plus de dix mille fusées...

Un communique annonce maintenant que d'après une Agence étrangère, cinquante femmes et enfants ont étés découverts, démembrés et brûlés à Horms, la ville que Bachar Assad a décidé de punir pour s'être opposée au régime alaouite. Le doux père du tyran actuel avait déjà lors de son regne fait assassiner une vingtaine de milliers de Syriens. Son fidèle fils est donc sur sa bonne voie avec dix mille victimes et d'innombrables blessés torturés spécialement dans les hôpitaux militaires de Damas : j'ai entendu que les malheureux étaient enchaînés sur leur lit cage, et devaient s'y  soulager, un traitement tout à l'honneur de leur docteur Président. Que font devant ces monstruosités le Croissant Rouge et la Croix Rouge ?  Ce qui n'a pas empêché Assad de condamner Israel aujourd'hui-même pour ses violences contre le peuple palestinien !! . Le malheur est qu'il existe encore des gens, et non les moins civilisés, qui pensent comme ce Minotaure.

Je voudrai bien qu'un caricaturiste illustra un jour cette légende que je chantonne avec plaisir :


Alaouite, gentil Alaouite,

Je te plumerai la tête,

Je te plumerai la queue....!!!!


14h . Les émotions creusent et nous allons déjeuner à la Cantine. Elle est située toute proche dans un bâtiment neuf et au un ré-de-chaussée et bien protégée. Évidement les convives féminins sont beaucoup moins nombreux, les mères étant obligées de rester chez elles pour  garder les enfants,   dont certains sont très apeurés et remouillent leur lit la nuit . Car si par miracle les blessures dans la chair sont encore peu nombreuses, ces alertes traumatisantes perturbent les nerfs les plus solides et une génération d'enfants meurtris  a ainsi grandi dans le danger, l'angoisse perpétuel.

Notre petit groupe d'amis décidons de ne pas changer nos habitudes hygiéniques de dérouiller nos jambes et faire ce que nous avons la coutume de nommer, " La marche des Prisonniers" en suivant un chemin de ronde, que borde d'un verger abandonné. Là, et nous sommes qu'une poignée de favorises à l'avoir vu, un Paon superbe s'y cache, et presque chaque fois, nous avons la chance de le voir se pavaner dans les fourràs, et goûter des baies sauvages . Nous étions fort inquiets sur son sort, car les détonations l'auraient fait fuir, tout comme les oiseaux dans notre cour qui étaient devenus silencieux dans les arbres. Tout près aussi de notre chemin, un lièvre dodu avait élu son habitat dans un amas de sable broussailleux.!! Les yeux en l'air nous scrutions le ciel qui se voilait de poussières chaudes, phénomène fréquent chez-nous, et dangereux pour les bronches. Cette fois nous avions prévu de ne pas être pris au dépourvu en cas d'alerte loin de notre bureau. Une fois de plus le ciel rougit de la "Couleur Rouge" et à grands pas nous sommes allés nous abriter dans un tres  large conduit en béton, du type tout-à-l'égout, un excellente protection installée avec beaucoup d'à propos dans maints endroits dépourvus de refuges. Nous y avons patienter dix minutes pour respecter les recommandations de la Défense Passive...

14h39 Une minute après le déclenchement d'une nouvelle alerte, nous avons nettement entendu un gros "boum". Et presque aussitôt la sirène d'ambulance. Les téléphones portables chanterent et le bruit courut qu'une fusée Grad était tombée dans une rue principale,  que fenêtres et volets avaient été arrachés et que les autos d'un parc en stationnement étaient criblées de trous. Des blessés par les éclats de vitres mais surtout des hébétés furent hospitalisés. Un miracle de plus, car cette fois la batterie israélienne n'avait pas réussi à stopper en plein vol la fusée Grad, bien que son succès fut de l'ordre de 90%..Merci aux Ingénieurs qui concrétisèrent ce projet qui sauve les vies. Mais attention, les débris des fusées interceptées tombent quelquefois sur des régions habitées, et c'est inévitable.

Une information confirma à la radio que le département des prématurés, et des nourrissons de l'hôpital d'Ashkelon, la ville tant visée ces temps derniers par les terroristes Palestiniens, avaient été installés dans des sous-sols. A Ashkelon, ville balnéaire moderne, fonctionne une grande usine génératrice d'électricité qui alimente en Haute Tension le Néguev Central , mais aussi la bande de Gaza. Vous ignorez peut-être que Gaza reçoit entre autres biens de consommations et pharmaceutiques, le gaz, l'essence, le mazout, et l'électricité de l'Etat D'Israel et en échange terrorise par les bombardements femmes et enfants israéliens... Il serait temps qu'ils se raccordent économiquement à  leurs chers frères-musulmans égyptiens, lesquels veulent bien leur laisser passer armes et munitions , mais refusent de les intégrer chez-eux. D'ailleurs El-Arrish, ville égyptienne est tout proche de Gaza.

15h53 La journée n'est pas finie. L'alerte une fois de plus nous fait monter l'adrénaline, j'avoue qu'il est difficile de s'y habituer. Je plains de tout mon coeur les habitants qui vivent dans ces conditions non pas depuis une semaine, mais depuis dix ans.. Cette fois confiants en la protection des batteries contre-fusées, certains se hasardent  dehors sur le pas de la porte, pour essayer de capter ce moment fugitif où les deux trajectoire descendantes et montantes laissant derrières elles une traînée vaporeuse  se rencontrent dans  un éclair bruyant , si tout va pour le mieux.

Ce-jour, le moins que l'on puisse dire est que je ne fus pas très utile à la Science, par contre  l'appareil qui fonctionna avec fiabilite fut le distributeur de boissons, qui lui n'a pas chômé...Encore un robot à bouton-poussoir très utile lui aussi...

Au retour vers le Nord, chaque tour de roue de l'autobus nous éloignait de ce cirque, et j'avoue respirais plus librement. Sdérote, Ofakim, Ashkelon, Ashdod, Gan-Yavné, Rishon-le-Zion étaient derrière nous et avec, la menace balistique . Nous savons tous que Tel-Aviv sera un jour la cible a la fois du Hamas de Gaza et du Hizbola du Liban, mais cette fois avec des ogives lourdes et que nos ennemis rêvent de crever cette bulle. L'Iran a étalé ses tentacules au Nord et au Sud d'Israel pour réaliser là ou le roi le Roi Asuérus et Hitler ont échoué. C'est notre devoir de chaque fois couper ces bras qui repoussent sans cesse. Le plus terrible c'est d'être accusés par l'ONU de politique d'apartheid, nous qui sommes une nation fière de ses multiples origines et de couleur de peau, qui respectent chez-elle toutes les religions et opinions politiques, à tel point qu'à son Assemblée Nationale, les partisans d'un Islam fanatique célèbrent le terrorisme en toute liberté, et que le Muphti de Jérusalem du haut de sa Chaire le Vendredi cite à ses fidèles le passage du  Coran qui ordonne "l'égorgement de tous les juifs" (!!), sans être traduit en justice..... 


Je ne peux m'empécher de vous inviter  à lire la traduction d'un article paru dans le journal électronique israélien en langue anglaise "Ynet-news":
Le résumé:
Un technicien découvrant un dysfonctionnement du système "Iron Dome" (Le Bouclier d'Acier, un dispositif pour d
é truire en vol les fusées), n'a pas hésité alors que retentissaient les  sirènes d'alerte, à corriger la panne de l'installation sous le tir de fusées ennemies de Gaza, et a été  sauvé de l'enfer par autre soldat à la dernière minute !
 
La récente vague de violence dans le sud signifia que les résidents d'Ashdod devaient  faire face à un certain nombre de tirs et d'explosions  de roquettes du type "Grad" issues de la bande de  Gaza..
 
Maintenant, il a été révélé que les actions exceptionnelles de deux opérateurs de la batterie  "Iron Dome" ont  réussi à empêcher l'explosion au but d'au moins une roquette  et que la vie de l'un des soldats impliqués a été sauvée grâce à la pr
ésence d'esprit de son compagnon d'armes.
 

Les opérateurs de Tsahal du "Bouclier d'Acier" ont  reçu une mer de louanges  lors de la récente escalade durant laquelle ils ont réussi à intercepter 85% des roquettes que le système a tenté d'arrêter.

"Ynet" rapporte  qu'au plus fort de l'activite du système contre-fusées, la semaine dernière, un technicien avec succès a réglé  un dysfonctionnement qui a permis
à la batterie d'intercepter une roquette tirée vers Ashdod, tandis qu'un autre opérateur le sauva  de la zone dangereuse d'où les missiles d'interception sont lancés.
 
Le technicien de carrière et Sergent de première classe Eli Zada, a été envoyé au début de la semaine dernière pour dépanner un ennui technique sur la batterie "Iron Dome" responsable de la protection de la capitale du Néguev. Quelques instants après qu'il ait commencé à travailler sur  la batterie défectueuse, une sirène d'alerte retentit et avertit ainsi qu'au moins un missile Grad avait été lance de Gaza vers  la ville !.
 
Le technicien n'a pas hésité et au lieu de courir pour s'abriter est resté en place pour résoudre le problème, en s'assurer que la batterie était prête au combat.
 
Conformément à la réglementation de sécurité, les troupes ne sont pas censées rester dans un périmètre de dizaines de mètres de la batterie "Iron Dome " quand un missile intercepteur est lancé, en raison du niveau de chaleur incroyable et des flammes  qu'il émet alors.

Le technicien s'est rendu compte qu'il n'avait pas le temps de s'échapper et ses amis qui l'observaient lui ont crié de courir. L'un d'eux, Eliran Siso, s'est précipité dans une jeep  et fonca vers la batterie où il réussi à ramasser Zada, qui
  sauta dans le v
éhicule à la dernière minute.
 
En fin de compte, les opérateurs réussirent à intercepter la fusée Grad qui avait été dirigée vers Ashdod.
 
Zada avait sauté dans la jeep sans avoir d'abord recueilli son équipement, à l'encontre des règlements de l'armée. Quand il revint à la batterie, il  remarqua qu'il n'y avait plus rien de son équipement personnel qui avait complètement fondu sous la chaleur dégagée par le tir du missile intercepteur !.

Ces deux soldats, Zada ​​et Siso ont été salués par de hauts officiers de l'Armée de l'Air et félicités pour leurs actions et celles de leurs camarades dans la défense des résidents d'Ashdod .
"Cela aurait pu se terminer de façon très différente sans l'ingéniosité du technicien qui a insisté pour rester sur la batterie à de grands risques pour sa propre vie" déclarèrent les responsables de la Force aérienne.
 
Le Commandement a déclaré  que "l'incident prouve à quel point notre situation pourrait  être très différente  sans le succès du système "Iron Dome" et plus que cela, sans le travail des troupes d'exploitation, des techniciens et des combattants vingt-quatre heures sur 24."

Les deux soldats ont dit à leurs amis que "nous étions juste l
à pour faire notre travail et nous sommes heureux que le missile d'interception ait  réussi à déjouer les tirs de roquettes Grad."


Actualité du passé.


Le Journal La Croix titre :

"L’ancien gardien de camp nazi, John Demjanjuk, mort samedi 17 mars 2012 à l’âge de 91 ans en Allemagne où il avait été condamné en 2011 à 5 ans de prison, était un petit employé de la Shoah, l’un des milliers de prisonniers soviétiques recrutés par les Allemands pour perpétrer des crimes.En mai 2011, Demjanjuk avait été reconnu coupable par un tribunal de Munich (sud de l’Allemagne) d’avoir participé au meurtre de 27 900 juifs au camp de Sobibor (aujourd’hui en Pologne), où quelque 250 000 hommes, femmes et enfants ont péri, et où il a été garde en 1943, selon le tribunal.Il avait toutefois été remis en liberté. Demjanjuk ne représentait aucun danger et ne risquait plus de se soustraire à la justice, en raison de son âge et de son statut d’apatride, avait estimé la justice. "


John Ivan Demeniuk, dit "Ivan le Terrible" garde chiourme particulièrement cruel qui participa  à l'assassinat de 29000 juifs à Sobibor et Maidanek, vient de mourir  en Allemagne, à 91 ans dans son lit, entouré de sa famille, et du secours de la religion,  dans une maison de retraite. A la suite d'un... repos bien mérité, après avoir plusieurs fois réussi à échapper aux Lois poursuivant les criminels de la Deuxième Guerre Mondiale, bien que formellement reconnu par des rescapés de l'enfer. Il s'ajoute aux milliers d'Ukrainiens assassins impunis qui militèrent dans les rangs nazis. Comme Ivan-le-Terrible qui poussait avec sa baionnette les vieux et les malades à la descente des wagons pour les entasser dans les Chambres à Gaz. 

L'impunité est hélas plus que jamais d'actualité.

 

Assassinats à Toulouse-la-rouge :


Le médicament contre cette infamie ? La justice le détient :  Pendre haut et court les bons français, intellectuels, ouvriers et paysans qui encouragent les terroristes depuis des décades et pourrissent la France avec des plaques commémoratives du 19 Mars et les écrans de TV avec les souvenirs des Porteurs de Valises et assassins de femmes et d'enfants. Chaque année grandit le nombre d'écoliers agressés  physiquement et verbalement dans et hors des écoles parce qu'ils sont juifs, dans l'impunité la plus totale. C'est la triste raison pour laquelle les parents des enfants israélites en sont réduits à ne pas envoyer leurs enfants à l'École Laïque de la République qui ne les protège plus des agressions. La liste de ces attentats est longue et enregistrée au Bureau de Vigilance Contre l'Antisémitisme (B.V.C.A) de Paris. Ce Bureau se charge de faire enregistrer ces plaintes dont la Police en général  "débordée" refuse de s'en occuper.

Un té moignage:

"J. Sandler (trente ans) fut le premier à être abattu à bout portant par l'assassin. Il tenait alors son fils Gabriel (trois ans) dans ses bras. Gabriel fut atteint et tomba sur le sol, suivi d'Aryeh (six ans).  Selon un témoin oculaire l'arme s'enraya mettant un bref arrêt à la tuerie, mais le criminel changea rapidement d'arme et pénétra dans l'École. Il rattrapa Miriam,( sept ans), qui essayait de s'échapper, la saisit par les cheveux  et  tira. Alors qu'elle gisait ensanglantée sur le sol, il lui releva la tête et tira encore deux nouvelles balles..."

 

fusillade-toulouse-3

 

 

De Gauche ou de Droite, ces condamnations quotidiennes de l'Etat d'Israel, donne des ailes aux assassins en métropole. Il y a hélas CONTINUITÉ DANS L'IMPUNITÉ.
Depuis très longtemps j'ai compris que la France après un bref arrêt à la Libération, a repris sa politique pro-arabe et jette en pâture au Minotaure ses citoyens israélites en échange de tankers pétroliers et des millions de voix islamistes pour les proches élections.
Les fleurs et les discours mielleux des politiciens sont presque indécents. A quand les arrestations des meurtriers et leur jugement suivi de punitions à la hauteur de leurs crimes ?.

Bientôt les Fetes de Pâque : vont ressurgir comme chaque année les accusations de  sacrifices d'enfants chrétiens pour faire de leur sang les Galettes juives traditionnelles... comme au Moyen-Âge......

Les "Fonfanas" et leurs admirateurs néo-nazis, et les négationistes n'ont jamais été si gatés par ces évènements....

O France !, le Pays des Lumières, des Idéaux, de la Liberté, de l'Egalité et Fraternité, de la Résistance  à l'Envahisseur, le pays  généreux qui  donne asile aux réfugiés en danger, et protecteur des Religions,  il est temps de te resaisir !.

 

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26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 11:50

 

J'aime souvent flâner dans  la longue rue Allenby qui à Tel-Aviv relie les vieux quartiers de la Ville Blanche à la mer. Je ne manque jamais de m'arrêter au 87, et de pénétrer par un étroit passage dans une célèbre librairie, j'aurai voulu plutôt dire, une échoppe de livres d'occasions, bien connue des amateurs. Le passant non averti, sans doute passera sans la voir. De toutes les façons il aurait  intérêt à se mettre au paravent à la diète, car il lui faudra se faufiler de profil entre les rayons pour partir à la découverte d'un bouquin qui le ferait sursauter de plaisir. Certes les livres sont théoriquement  rangés suivant leurs sujets, mais il y règne assez de pagaie pour ajouter du sel à la chasse de la bonne occasion dans cette exploration littéraire dans le temps. Cette dernière semaine j'ai remarqué un  livret, sur un des rayons des Beaux-Arts.

J'ai souvent eu l'occasion de vérifier dans mes recherches que plus les feuillets de l'oeuvre étaient minces et donc cachée entre les grosses reliures, plus la trouvaille était rare et authentique....La reliure ne fait pas le moine...

Ainsi je fis l'acquisition une fois d'un petit livre à la couverture un peu passée de toile bleue-ciel qui était un manuel de pilotage à l'usage des cadets, édité par la R.A.F pendant la seconde Guerre Mondiale. J'étais ému de tenir dans mes mains un ouvrage qui avait du servir au futurs Pilotes de Guerre sur Spitfire. Lors d'une autre visite j'avais déniché une brochure de fines pages de la Perfide Albion sur l'évolution et l'usage des Radars qui détectaient le long des cotes anglaises l'arrivée des bombardiers ennemis.

( Il y était aussi question de l'installation sur le littoral algérien de ces détecteurs des le débarquement des Alliés en 1942).

Lors d'une promenade dans la rue de "King George", un beau livre à bandes dessinées en couleurs, (sans doute pour mieux faire passer le "message" aux jeunes), s'intitulait "Les Cheminots". Les pages de cette chronique évoquaient la dure vie prolétaire de ces Gens du Rail, une épopée ouvrière indéniable où le courage et l'endurance étaient des vertus indispensables. En tournant les pages, j'arrivais vite à l'époque honteuse de 1940. En quelques images étaient évoquée la vie du Rail à cette époque. L'une montrait un Stuka en piqué mitraillant une locomotive, une autre la résistance  passive des cheminots ralentissant la circulation des trains, et une dernière image à la gloire de ces hommes  qui aidèrent à faire évader les pilotes tombés en France occupée, mais aussi les..."israélites" (sic !!). Ce qui me fit sortir de mes gonds, car les malheureux juifs, femmes vieillards, enfants déportés par les dizaines de convois de la S.N.C.F  étaient conduits par ces braves cheminots consciencieux et obéissants-aux-ordres-de-leurs-supérieurs vers les Chambres à Gaz, sans que pas un seul de ces trains n'ait été interrompu, dévié,  en traversant la France. Évidemment c'est ainsi qu'est enseigné l'Histoire aux petits Français, quand après la Guerre tous les citoyens étaient soudain devenus partisans, combattants de l'ombre, francs-tireurs, résistants, F.F.I..

Seuls quelques mots d'amour, froissés et jetés à travers les interstices des planches et happés par le vent  furent recueillis sur les remblais. La Direction de la S.N.C.F, après 65 ans, a décidé  à "plus de transparence" sur  cette période honteuse en reconnaissant sa responsabilité . C'est ainsi qu'est enseignée l'Histoire édulcorée aux petits Français.

 

Mais cette fois ce fut un cahier de Dessins d'Esther Laurie, où sont reproduits des croquis de ses souvenirs terribles passés au Camp de Femmes de Kolno . De ces sketches hâtivement tracés sur des bouts de papier fragile, et évidement en cachette de ses gardes-chiourmes, elle réussit à en conserver quelques uns sous ses haillons et ainsi nous fit parvenir ce témoignage silencieux de l'Enfer Nazi.

 

Esther Lurie

 

 

                                                     Le regard hagard du portrait d'une internée au Camp de Kolno

 

Esther Lurie-6

 

 

 

A ma grande satisfaction  de curieux j'ai trouvé en feuilletant ce livret, inséré dans les pages un article découpé et plié du grand quotidien 'Maariv'  daté du 23/8/1962.

Cette coupure de journal qui représente un croquis fait lors d'une des séances du procès d'Eichmann est signé à gauche à  l'encre bleue : Esther Laurie, Jérusalem, 23 IV 62 .

Esther Laurie qui survécut aux affres du Ghetto Kolno, ne fut pas appelée à témoigner  de vive-voix au procès. Mais elle se rendit à Jérusalem pour immortaliser par ses croquis ce procès où le tout jeune Etat d'Israel tenait à démonter  devant le  monde entier les rouages du nazisme de la voix même de celui qui organisa lors de la réunion de Wansee la "Solution Finale".

Eichmann est assis dans sa cage de verre, pour le protéger de la vengeance d'une de ses victimes rescapée de l'enfer.

( En fait, plus d'un témoin s'évanouit quand il leur fut demandé par le Procureur Général de répondre avec précision aux questions et de faire revivre le quotidien des Camps que supervisait Eichmann).

 

En face siègent les Juges dont le principal fut l'exemplaire Procureur Gidéon Hausner qui ouvrit les débats à Jérusalem le 11 Avril 1961 en déclarant face à l'accusé  cette phrase historique :

" Avec moi se tiennent devant vous six millions d'accusateurs". 

 

  Esther Lurie-3-2

 

Durant son procès entièrement enregistré, Eichmann  jouit des soins attentifs d'un Docteur israélien.

 

Eichman-1-1961.jpg

 

 

                                                                                    Verso du cliché

 

Eichman-2-1961.jpg

             Eichmann dans sa cellule avait de la lecture.

Remarquez au pied du lit ses pantoufles alignées comme pour une revue de chambrée.

Le photographe a cadré le meilleur de cette photo pour son tirage.

 

 

Eichman-en-Israel.jpg

 

 

 

                                                                                             Verso du cliché

 

Eichman-en-cellule-2-.jpg

 

Eichmann sous de fausses cartes d'identités dont celle ci-dessous délivrée par la Croix-Rouge (!) et avec l'aide d'Ecclésiastiques, échappa plusieurs fois  à la police . En fait, comme ce fut le cas de nombre de nazis de haut-rang, les Grandes Puissances ne s'intéressèrent guère à eux, à tel point que certains vécurent et moururent en paix au coeur même de l'Allemagne, décorés et pensionnés,. sans jamais avoir été inquiétés.

Israel se devait de le capturer et le juger pour montrer son visage et ses actions au grand jour 15 ans après la capitulation du nazisme. Dans l'espoir que jamais plus le monde ne reprendrait en choeur le refrain du "je ne savais pas".

Hélas, déjà le Négationnisme renaît de ses cendres, reprit en choeur un peu partout dans le monde , par une nouvelle vague de soi-disant historiens, comme les "Faurisson" associés dans le mensonge..

 

 

Eichmann_docs.jpg

 

 

Eichmann en Palestine (1).

 

"La révolte arabe de 1936-1939 avait déjà bénéficié de l'appui direct, financier et militaire, de l'Allemagne et de l'Italie. Les Archives du Haut Commandement de l'armée allemande saisies à Flensburg après la deuxième Guerre Mondiale avaient livré un rapport selon lequel "seuls les fonds mis à la disposition du Grand Mufti de Jérusalem par l'Allemagne lui avaient permis d'organiser la révolte de Palestine."

En septembre 1937, deux jeunes officiers SS, Karl Adolf Eichmann et Herbert Hagen, furent envoyés en Palestine, « afin de se familiariser avec le pays et son mode de vie, et d’établir des contacts avec les gens », dont le Mufti. Il y eut donc rencontre entre ces représentants du régime nazi et les représentants du Mufti. Leurs tractations constituaient, en fait, les préliminaires de la liquidation "à l'allemande" du Foyer National Juif en Palestine. La presse arabe de l'époque s'associait au "Martyre du peuple allemand sous le joug de la juiverie internationale". Des portraits d’Hitler, Mussolini et des drapeaux nazis, étaient fréquemment arborés par les populations arabes".

 

Je me permets de préciser, que le mois dernier, le Grand Muphti de Jérusalem, eut l'audace de déclarer devant ses fidèles, que "d'après le Livre Sacré qu'est le Coran, tous les Juifs devaient être égorgés ", lors de son prêche à la Cérémonie du Vendredi. Aucune voix d'opprobre ne s'est levée à l'ONU à cet appel au crime, pas un pays civilisé n'a condamné ce discours, le monde libre sait se boucher les oreilles et cacher sa tête dans le sable  quand il s'agit d'Israel.  

 

 

Photo de Carl Lutz.  Cet immeuble au balcon pavoisé du drapeau nazi, est situé dans un quartier  limitrophe de la vieille ville de Jaffa . Sur le coté du bâtiment on peut lire l'enseigne en allemand : " Bank der Tempelgesellschaft " Limited

" Banque de la Société du Temple". Fondée en 1925 à Jaffa, elle devint une des principales institutions de crédit du pays. Elle eut une filiale à Jérusalem et une autre à Haïfa.

Dans une éventuelle promenade, j'essaierai de situer exactement ce bâtiment. s'il n'a pas été rasé depuis pour faire place à un immeuble de béton et de verre...

 

La Commune des Templiers en Israel. (4)

 

Cette secte Protestante fondit une Colonie modèle agricole et bien mécanisée qui avait d'excellentes relations avec les habitants du futur Etat d'Israel. Hélas avec la montée du Nazisme, leurs dirigeants épousèrent de plus en plus les théories de la mère-patrie et ne cachèrent plus leur adoration pour le Dictateur. 

Wagner, leur chef , avait deux fils dans l'armée d'Hitler. L'un fut tué dans l'armée de Rommel contre les Anglais..

L'autre, un haut gradé, passa un jour dans un camp de concentration, réunit un groupe de déportés, les fit asperger de liquide inflammable,  mit le feu et hurla  à ces torches vivantes:  "voila ce que je veux faire de vos frères en Palestine"...
Chaque matin, la Communauté nazie de Sarona, chantait l'hymne hitlérien avec la levée au drapeau frappé de la Croix Gammée..Les jeunes portaient la culotte de cuir avec les bretelles et plus rien ne les différenciait de leurs cousins du Vaterland.
Le commandement juif de Palestine décida de l'assassinat de Wagner, dans une embuscade rue Levinsky à Tel-Aviv, car il était le meneur dangereux qui avait aidé l'Allemagne nazie par ses renseignements. Si les Allemands avaient réussi à  se saisir de l'Egypte, les juifs en Palestine auraient sans doute subi le sort de leurs frères et soeurs en Europe occupée.

(La menace fut si réelle, que les partisans juifs décident d'installer un camp retranché sur les hauteurs du Carmel de Haifa pour résister aux Allemands). Les Anglais, alors mandataires de la Palestine expulsèrent les membres de la Colonie qui alla s'installer en Australie. Aujourd'hui encore, le touriste peut voir quelques unes de ces habitations en pierre de taille au toit de tuiles rouges, qui ont été ravalées. Elles devinrent le Quartier Général de Ben-Gourion. Maintenant elles sont au milieu d'un jardin, voisines d'un complexe de bureaux gouvernementaux hérissés d'antennes.

Bien après l'Indépendance d'Israel, des descendants et même d'anciens habitants de la Colonie allemande vinrent visiter leurs anciennes demeures. Certains dans leur départ, avaient caché dans les murs épais des pièces d'or. Guidés par un architecte israélien, ils réussirent à en localiser l'endroit, et retrouvèrent la pleine possession de leur trésor !

 


Notes:

 (1) Eichmann en Palestine:

       http://www.islamisation.fr

(2)Carl Lutz :

       http://www1.yadvashem.org/exhibitions/from_our_photo_archive/data/camera.html

 

(3) Extrait du procès d'Eichmann:

      http://www.afmd.asso.fr/

     Extrait-des-seances-du-proces.html

(4) La Société des Templiers:

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_des_Templiers

 

Note extraite de Wikipedia, pour être juste envers ces hommes de la Résistance du Rail, comme Léon Bronchart :

 

Après la rafle du Vel' d'Hiv le 16-17 juillet 1942, les juifs arrêtés sont déportés par les autorités françaises dans des trains de la SNCF vers les camps de Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande.

Le 31 octobre 1942, un conducteur de locomotive, Léon Bronchart, a refusé de conduire un train de Juifs vers la déportation, c'est le seul cas connu[réf. nécessaire]. Des trains de déportés sont partis vers la frontière allemande jusqu'en 1944. Au total, environ 76 000 juifs et 86 000 déportés politiques ont été envoyés de France vers les camps de la mort[4].

800 employés de la SNCF ont été exécutés par les nazis pour avoir résisté aux ordres, presque 1 200 autres ont été déportés vers des camps de la mort pour sabotage ou autres actes de désobéissance, et 2 361 sont morts tués par balles, mines ou lors de bombardements[4].

 

Un grand article sur Esther Luria:

http://jwa.org/encyclopedia/article/art-during-holocaust

 

Je viens de lire sur mon écran en feuilletant un site de la Shoah:

"Reported Attack Page!
This web page at holocaust-education.net has been reported as an attack page and has been blocked based on your security preferences".

La Guerre n'est donc pas terminée, puisque nos ennemis s'acharnent sur nos morts. 

 

Eichmann a laissé un fils , Professeur d'archéologie orientale à Tubingen:

http://www.liberation.fr/portrait/0101146250-ricardo-eichmann-pour-la-premiere-fois-ce-professeur-de-tubingen-a-accepte-de-parler-ouvertement-de-son-pere-adolf-eichmann-dirigeant-nazi-et-maitre-d-oeuvre-de-la-shoah-trente-ans-pour-se-resoudre-a-

 

Conclusion:

Non je veux bien croire que l'Histoire ne soit pas un perpétuel recommencement, et que les menaces ouvertes et les souhaits de la destruction d'Israel aboyés par l'Iran et ses pays amis resteront des mots jetés à la poubelle de l'Histoire.

 

Quand nous étions enfants, nous nous disions pour nous rassurer toujours au moment critique d'un Western  quand les cartouches étaient épuisées et tout semblait  perdu devant les Peaux-Rouges, que :

    "JAMAIS DANS L'HISTOIRE DU CINÉMA LA CAVALERIE DES ETATS-UNIS N'EST ARRIVÉE EN RETARD !!" 

-----------------------------------------------------------Mais la vie n'est pas un film-----------------------------------------------------------------

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25 janvier 2012 3 25 /01 /janvier /2012 15:42

 

 

Le Rocher Rouge est la traduction de l'hébreu " Hazeéla Aadom", une chanson composée pour chanter les exploits malheureux ou heureux de jeunes israéliens attirés par les Légendes sur les ruines de la fabuleuse Cité Nabatéenne de Pétra,  en Jordanie alors interdite  aux randonneurs israéliens ensorcelés par leur curiosité. Ce fut depuis 1930 le but d'expéditions secrètes de ces jeunes téméraires qui avaient pour devise que rien ne vaut pour mieux connaître le pays que de le parcourir pédestrement, en long et en large, en bravant l'inévitable insécurité.

 

J'ai traduit pour les lecteurs francophones une partie de ce texte extrait du remarquable site :

http://www.202.org.il/Pages/moreshet/petra/roman.php

 


...
L'idée d'aller à Pétra (1) a captivé les jeunes Israéliens au début des années 1950. Svora'i et deux de ses camarades Palmah, Gila Ben-Akiva et Aviva Rabinovitch, ont  également attrapé le virus. Un jour, dans la salle à manger du kibboutz Ein Harod, Svora'i entendit dire que l'un des membres du kibboutz avait fait une excursion de Bethléem à Ein Gedi. Son nom était Meir Har-Zion (2). Elle comprit immédiatement qu'il  pouvait l'aider à réaliser son rêve et lui demanda de l'accompagner à Pétra avec lui. Il a rapidement accepté. Deux semaines plus tard ils partirent....

 

Le triangle du Désert du Néguev, et la vallée de l'Arava, entre l'Egypte et la Jordanie.

                                                    Pétra est à l'Est.



Negev Map


  "Nous avions seulement une boussole et une carte à petite échelle, mais qui était certainement suffisante pour trouver notre chemin à Pétra," rappelle Har-Zion . Cette nuit-là, ils ont traversé la frontière vers la Jordanie, et se sont dirigés vers les montagnes d'Edom sur la côte orientale de l'Arava. Ils se reposèrent dans les contreforts des montagnes et vérifièrent la carte
à  la lueur d'une allumette, mais ne purent pas trouver le sentier qui était sur le document. Ils ont lentement fait leur chemin en progressant dans l'un des ravins. "Le ravin se terminait à un mur de pierres. Nous avons essayé de trouver notre position en utilisant la boussole et les étoiles, et rapidement réalisé que nous avions perdu nos repères."

  La seule façon de continuer fut d'attaquer ce pan rocheux. Après une heure et demie d'escalade, ils atteignirent le sommet et dans  un creux de pierrailles ils décidèrent de s'arrêter. Épuisés, ils  se sont rapidement endormis.

  Ils se sont réveillés dans l'après-midi. En utilisant la boussole, ils ont pens
é à la direction d'une piste à suivre pour l'après-midi et la nuit. La région est apparue totalement déserte, mais ils ont décidé qu'il serait plus sûr de continuer dans la pénombre. Ils partirent à 17 heures et  trouvèrent un chemin menant au sommet de la montagne. En avançant ils arrivèrent  vers le bas dans une rivière, pour découvrir une succession de trois chutes d'eau, et un bassin naturel  «Nous étions sûrs que Pétra (3) était au bout du lacet", se souvient Svora'i.

  Ils décidèrent d'attendre jusqu'à tard dans la nuit pour continuer. A 01h30, ils ont commencé à marcher de nouveau. Le chemin qu'ils ont suivi  conduisit encore  à un amas de rochers, qu'ils escaladèrent en atteignant le sommet en plein jour. Alors qu'ils descendaient de la montagne, un troupeau de chèvres s'approcha d'eux. Ils se cachèrent dans les replis de rochers, en attendant nerveusement que passe un troupeau suivit d'un deuxième..

  Enfin, la vallée de Pétra s'offrit
à leurs yeux. "Nous sommes entrés dans Pétra, en plein jour», explique Har-Zion. «Nous étions arrivés à l'endroit où les monuments énormes ont été creusées dans les falaises, passant au dessus de nous comme d'étranges  et incroyables géants."

  Surpris par le cri d'un bébé, ils se cachèrent dans une grotte, en attendant qu'il fasse presque nuit pour continuer à explorer. Ils se dirigèrent vers le Nord pendant plusieurs kilomètres, en évitant le poste de garde, jusqu'à trouver un chemin menant à l'ouest. Soudain, ils entendirent des voix et rapidement se jetèrent
à plat-ventre, à la vue de  deux Bédouins armés et de leur âne au dos lourdement chargé.

  Dans l'obscurité, ils ont poursuivi leur chemin sur une pente raide vers le haut d'une falaise. Et la se sont arrêtés pour dormir. A la lumière du jour, ils découvrirent un petit ruisseau en dessous d'eux, serpentant à travers les roches colorées. Précautionneusement descendant de la falaise, ils ont suivi la rivière à l'ouest. Après avoir rencontré une autre bédouin, ils ont décidé de se cacher et attendre le soir pour continuer. Dans la soirée, ils se hâtèrent pour atteindre la vallée de l'Arava, et  continuèrent leur route pendant encore d'autres  cinq heures. Quand ils tombérent sur une pancarte, "État d'Israel, Ministère de l'Agriculture," ils  réalisèrent qu'ils étaient de retour au pays..

  Quatre mois après leur retour, en Septembre 1953, le Groupe de la Faculté d'Agriculture a organisé une autre randonnée. Arik Megger, Miriam Monderer, Eitan Mintz, Ya'acov Kleifeld, et Gila Ben-Akiva prirent le chemin de Pétra.
  "Nous ne savons pas exactement ce qui s'est passé pour eux», dit Svora'i. "Un serpent  apparemment mordit Eitan ils ont décidèrent de rebrousser chemin. Lorsque son état a empiré, ils choisirent de se livrer
à  la police jordanienne de Bir Madhkur. Mais la police a alors tiré et les a tué alors qu'ils s'approchaient, et leurs corps ont été retournés à Israël les jours suivants ».
En avril 1956, Dror Levi et Dimitri Berman ont tenté leur chance. Jordaniens les ont découvert et ouvrirent le feu avec des résultats mortels. Levi a été tué et Berman, quoique blessé, a réussi à rentrer en Israël.

  Ce printemps, un mémorial pour les randonneurs a été érigé dans l'Arava. Mais leur mort renforça l'attrait pour Pétra. Quelques mois plus tard, en Mars 1957, Menahem Ben David, Ram Pragai, Kalman Shelef Shlafsky, et Dan Gilad se mirent en marche pour Pétra. Tous les quatre ont été assassin
és par l'armée jordanienne. Cette dernière tragédie a conduit à une loi israélienne promulguant l'interdiction de cette randonnée sur la frontière.

 Les  Bédouins dans l'Arava ont été recrutés par les Jordaniens  qui leur ont enseign
é à  suivre les Israéliens qui tentent une randonnée à Pétra. En Novembre 1987, ils ont tué Amiram Hai et Mordechai Tuvi. Mais en 1960, Kushi Rimon et Victor Friedman sont venus avec l'idée d'aller à Pétra et retourner  en Israël en toute sécurité: dans une jeep et déguisés en personnel de l'ONU.

  «En tout, 12 randonneurs non armés ont été mortellement atteints sur le chemin de Pétra. Raconte Svora'i : «Quand l'accord de paix avec la Jordanie a été signé, les touristes Israéliens ont pu visiter la Jordanie et Pétra a été - et est toujours -. la principale attraction pour les Israéliens"

  Après la signature de l'accord de paix,
à la mémoire des randonneurs  audacieux qui ont été tués en Septembre 1953 a été organisé un voyage spécial .. Au poste de police près de l'endroit où ils ont été assassinés, une cérémonie a eu lieu et un mémorial fut érigé, ainsi clôturant cette époque. Svoar'i rappelle:  "On se sentait comme si nos amis étaient avec nous, enfin réalisant pleinement  leur rêve»....

 
(Fin
de citation).

 

Je dois ajouter que j'ai particulièrement apprécié la lecture de ces exploits (hélas tragiquement terminés), car je fus dans ma trentaine un adepte de ces excursions solitaires, uniquement dans le Néguev, dans le Désert de Judée, loin des voies de communications, mais sans jamais avoir cherch
é  à provoquer le sort dans une marche aventureuse. Il faut avoir fait ces randonnées à pieds dans le silence cristallin de ces paysages magnifiques, dénudés et presque vierges, en n'entendant que les palpitations de son coeur, pour apprécier le courage de ces randonneurs pionniers. Le silence du randonneur aux pas   feutrés    permet de découvrir à  un détour et le temps d'un éclair, la faune furtive qui peuple cette région comme la  Gazelle, le Bouquetin, le Lynx dit de Syrie aux oreilles pointues, les charmantes  marmottes au regard étonné, l'inévitable Chacal, l'Hyène et diverses espèces de Lézards, et autres beautés de la Nature que survolent les Aigles toujours en chasse. Mais attention de ne pas soulever les pierres par inadvertance, vous mettriez presque à coup sur à nu un nid de scorpions bien dardés  , ou un serpent peu engageant.

    J'ai essayé de traduire cette chanson célèbre chantée par Arik Lavi (1927-2004), qui conte l'attrait des jeunes israéliens méprisants le danger, de la génération des années 50, ensorcelés par cette région qui fut interdite    jusqu'en 1984, date de la signature du Traité de Paix Israélo-Jordanien.

 

        Au delà des montagnes et du désert
        Les légendes racontent qu'il y a un endroit
        Dont personne n'est revenu vivant
        Et qui se nomme le Rocher Rouge.

        Tout trois ont pris la route au coucher du soleil,

        Face aux brûlures rouges des montagnes ,
        Avec un vieux rêve, une carte et une  gourde d'eau
        En chemin vers le Rocher Rouge.
        Oh, le Rocher, rouge, rouge !
 
        Le premier est allé en éclaireur, levant son visage,
        Vers le ciel étoilé,
        Mais ce que ses yeux ont vu
        Ne fut que de la roche rouge
        Oh, le Rocher rouge-rouge !
 
        Bien sur,
        Ils campèrent quelques fois

        Entre les pierres,
        L'un dit, comme sortant d'un rêve:
        Je vois - son visage est blanc.
        Ses compagnons répondirent: la Roche Rouge !.
        Oh, le Rocher rouge, rouge !
 
         Le soleil de nouveau leur cognait la tête
         Et ils respiraient la chaude poudre du désert
         Et soudain,  comme pétrifiés,
         Ils ne dirent mot
         Ils ont vu le Rocher Rouge.
         Oh, le Rocher rouge rouge !.

 

         La rafale a été courte.

  L'un d'eux gémit "je suis blessé" et il se tut.
  Ses compagnons répondirent, la bouche pleine de poussière
  Nous voila arrivés au Rocher Rouge !
 
         Oh, le Rocher rouge rouge !....

Notes:

(1) Un film de 45 minutes sur Pétra par "National Geographic", expliquant comment furent sculptés ces monuments avec ingéniosité, sans échafaudage,(par manque de bois, il n'y pousse que de rares épineux) et très peu d'outils: la sculpture dans le mur de grès était entamée par le haut de la falaise, les ouvriers se tenant sur un rebord creusé et découpé au fur et à mesure de la progression de la taille, les monuments se terminaient au niveau du sol.

(2) Sur le célèbre commando des "101'' et une de ses plus grandes figures:  Har-Zion.
Dans ce Commando, il était de règle pour prouver son courage et son savoir-faire en pays ennemi, de traverser la frontière jordanienne d
éguisé, de rentrer dans un Bureau de Poste pour se faire oblitérer une enveloppe à  l'adresse locale et revenir en sécurité avec cette preuve de mission accomplie, grace à la parfaite connaissance du dialecte et des usages.
http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Society_&_Culture/paratroop.html

(3) L'Histoire Juive à l'Est du Jourdain:

Et voici le site pour écouter la chanson d'Arik Lavi "Hazeela Aadom", "the Red Rock", le fameux Rocher Rouge !
(Sur la couverture du disque, la  locomotive illustre  une autre chanson de cet artiste). Musique de Yohanan Zarai, paroles de Haim Heffer:


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24 décembre 2011 6 24 /12 /décembre /2011 15:19

   

 

Regardez bien ce grand dessin à la mine de charbon, il a un passé dont je cherche à retracer l'histoire. Qui m'aidera à dévoiler le secret de ces Allégories ?.

 

 

LNE 0865

 

   
J'ai eu l'honneur d'avoir fait partie du personnel du L.N.E (Laboratoire National d'Essai, maintenant aussi dit "et de Métrologie") de 1962
à 1967. Cette année 62 qui fut pour tant de citoyens de la méditerranéenne province française d'Algérie un exode brutal, je me retrouvais sur le pav
é parisien avec ma valise bourrée de livres, de souvenirs pris au hasard, et surtout d'amertume. Mais j'étais vivant, et jeune, et eu la chance d'être accueilli par mon grand-frère, qui était parisien depuis la fin de ses études et sa réussite aux Grandes Écoles.

Tout de suite je me mis en quête d'un emploi , en continuant des études au C.N.A.M et grâce à la compréhension de Monsieur Maurice Bellier, alors le Directeur du L.N.E, je fus employé dans la petite équipe* d'électroniciens qui s'occupait de l'entretien des appareils de mesures électriques. Cette salle servait aussi aux Travaux Pratiques des élèves du CNAM grâce à  un Calculateur Analogique (Gired/Dervaux) reconditionné par nous-mêmes, et cela du au dynamisme du Directeur.

Cet immeuble magnifique, avec ses piliers d'entrée monumentaux et ses larges fenêtres vitrées, allait chercher ses fondations profondément, à cause du vide laissé par les carrières de la pierre de Paris extraite pour la construction de la Capitale.

J'en connaissais de par ma fonction tous les recoins, des étages profondément en sous-sol où étaient installés  à l'abri des vibrations du trafic et des changements de température les appareils de mesures des Masses, l'étalon du Mètre en irridium, la Chambre Sourde, jusqu'aux étages supérieurs du Service de Dosimétrie Radioactive et autres. Les balances de haute précision sous abri de verre étaient commandées par des manivelles tenant ainsi à  distance la chaleur  de l'opérateur  et lui permettant des manipulations très délicates ! Quant au fameux mètre, il baignait dans un liquide en perpétuel circulation pour maintenir uniformément sa température !.  J'avoue l'avoir admiré chaque fois avec la même émotion. Bien sur, il n'est plus depuis longtemps la référence, mais l'unité de longueur est remplacée par la longueur d'onde d'un gaz rare. A Paris, au 10 de la rue Vaugirard, le passant curieux pourra voir  incrusté dans un mur un mètre étalon en pierre établi du temps de la Révolution lors de l'unification bénéfique pour la Science des unités de mesure. (Peut-être fut-il utilisé aussi pour confectionner les redingotes en sapin en grande demandes à cette époque de raccourcissement des ci-devant).
Un jour, le Directeur demanda aux jeunes techniciens que nous étions d'aller débarrasser d'une salle située au dernier étage, les vieux appareils de métrologie entrepos
és car désuets ou hors de service. Des cloches à  vide fendues, des balances couvertes de poussières, des alambics et des instruments d'optique d'un autre âge. En fait très peu d'articles avaient assez bonne mine pour entrer au Musée.
Pour ma part, je remarquais dans un coin, un grand papier fort pli
é en accordéon sans protection dont je dérangeais les pinces-oreilles qui en faisaient et leur demeures et leurs garde-manger. Au lieu de le jeter aux décombres, j'en écartais les plis poussiéreux pour entrevoir de larges traits au fusain noir. Et puis en fin de journée, je pris avec moi ce dessin sans penser à  la portée de mon acte.
Je présente donc mes regrets pour ce larcin commis, après un demi-siècle .

Ce dessin prit le chemin de la...cave de l'appartement où j'habitais alors avec mes parents. Ce mois dernier, de passage à  Paris, et faisant des rangements dans les souvenirs familiaux, je redécouvrais cette esquisse dont j'avais oublié son existence et en dépliant avec précaution le papier très fragilisé, je vis en entier cette oeuvre au fusain: deux nus légèrement voilés tenant le fléau d'une balance, sans doute Allégories de la Métrologie. J'ai alors photographié ce dessin du haut d'un escabeau, car il m'était impossible de le fixer au mur sous  peine de détérioration. Les dimensions sont de l'ordre de 3X 3 mètres.
Je ne réussis pas
à découvrir la moindre signature. Cette esquisse me semble être l'avant projet à l'échelle 1/1 d'un bas-relief, du style Art-Déco.
Je suis allé voir de plus près les 3 oeuvres taillées dans le fronton du L.N.E., grâce
à  une photo que j'ai prise en mai 2011 :

 

 

LNE 0265

 

Elles n'ont aucun rapport avec l'esquisse au fusain, si non celle de l'époque de l'Art Moderne.
Peut-être que ce fut une version proposée, refusée et non exécutée. Dommage, car à  mon humble avis elle est des plus évocative, avec cette balance. Je n'ai pas réussi à en retrouver  l'auteur,  la signature étant absente. Peut-être l'artiste fut-il  André Granet, architecte du LNE, ou André Lhote (Artiste cubiste 1885-1962) comme le cite un passage sur l'architecture du CNAM ? :


"
Parallèlement à ces commandes, qui se caractérisent par un souci d'ouverture aux courants novateurs, Jean Zay(1) élabore les prémices du 1%, en proposant une mesure selon laquelle 1,50 % des crédits de construction d'établissements d'enseignement seraient destinés à la commande de travaux de décoration confiés à "des artistes en difficulté"ont parmi quelques uns des exemples réalisés dans ce cadre:  La décoration murale de bâtiments publics comme le Conservatoire des Arts et Métiers (André Lhote), l'amphithéâtre de l'Ecole de Pharmacie (Charles Dufresne) ou encore la Singerie du Muséum d'histoire naturelle (Raoul Dufy) ". (Citation CNAM)


Que ce dessin ait été présent dans les combes du Labo n'est évidement pas un hasard et un Historien du L.N.E pourrait sans-doute nous éclairer.
De toutes les façons, et quelque en soit sa valeur (pour moi toute sentimentale), je le rendrai
à  qui-de-droit lors d'un éventuel passage à  Paris. Peut-être même qu'il ferait alors bonne figure dans le hall d'entrée du Labo, pour accueillir le visiteur...

Notes et sources Internet
sur ce sujet :

 

Laboratoire National d'Essai et de Métrologie:

(1940-1962) 1 rue Gaston Boissier. Paris XVeme.

 

 Architecte: André Granet [1881-1978]


http://www.culture.gouv.fr/culture/dap/commande_publique/cp/historique.htm


L'oeuvre d'André Lhote:

http://www.artexpertswebsite.com/pages/artists/lhote.php


Sur le Musée du Conservatoire des Arts et Metieres.
http://www.arts-et-metiers.net/musee.php?P=157&id=10016&lang=ang&flash=f


Une biographie de Jean Zay:

Jean Zay, né  d'un père juif alsacien et d'une mère protestante, fut assassiné par la milice de Vichy :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Zay#Biographie

 

 

Mes amis du Labo avec lesquels j'étais en relation (même dans des services différents), mais que j'ai perdu de vue depuis...un demi-siècle et qui peut-être, quant aux plus jeunes d'alors,  lirons ce Blog, (En me pardonnant l'orthographe peut-être erroné de leur nom de famille):

 

Monsieur Michel Griffon, Chef de Service

Monsieur Brun, Agent technique-maquettiste principal

Monsieur Jacques Prat (Ingénieur- Informaticien)

Mademoiselle Micheline Lepage, physicienne

Monsieur Michel Silly, physicien

Monsieur Daniel Moreau,(Ingénieur- électronicien)

Monsieur Dufaure, physicien

Monsieur Daniel Morlay (Ingénieur-acousticien)

 

Et bien d'autres dont j'ai hélas oublié le nom, mais qui restent vivants dans mes souvenirs, comme les élèves stagiaires, préparant leur thèse de fin d'étude.

 

Le Site du L.N.E.:

http://www.lne.fr/fr/lne_bref/essentiel.asp

 

Bien-sur je me suis permis d'envoyer un courriel à ce sujet à Monsieur le Directeur actuel du L.N.E, qui peut-être, grâce à un archiviste, pourra  retrouver ainsi l'auteur de ce Projet de Bas-Relief .

 

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13 novembre 2011 7 13 /11 /novembre /2011 09:04
C'est le récit tragique de l'embarcation "Egoz", (Noix en hébreu), chargée de familles juives fuyant le Maroc et qui sombra en méditerranée près des cotes marocaines, en essayant de gagner Israel,  en Janvier 1961.


Dès le début de la Deuxième Guerre mondiale, la R.A.F (Royal Air Force) eut à faire face à un problème crucial: la récupération de ses pilotes abattus au dessus de la Manche ou en Méditerranée. Blessés ou choqués  avec leur ceinture de sauvetage dans l'eau glacée, ou au mieux dans leur dinghy il fallait faire vite pour les récupérer. Cette embarcation, minuscule barque gonflable, munie de sa bouteille d'air comprimé, est de couleur jaune pour mieux être repérée dans les vagues. Elle est équipée de deux courtes rames, d'un petit mat pour une voile, d'une dérive en tissu de la forme d'un manche à air qui immergée permet de garder une direction .
Pour porter secours rapidement, même dans les fortes vagues, furent construites des vedettes rapides légèrement armées connues sous les initiales de H.S.L :"High Save Launch". Quand les avions anglais décollaient pour une mission, près des cotes elles attendaient prêtes à s'élancer pour rechercher un équipage qui avait sauté en parachute ou fait un amerrissage de fortune .
Ces petits bateaux conçus par George Selman furent construits en bois, pour être légers et facile à mettre en chantier. La coque était robuste, bâtie sur une échine en bois très dure, avec un bordage de planches assemblées en double diagonales comme l'explique ce dessin ci-dessous, extrait d'un livre d'une école de marine. Le bordage extérieur était orienté de façon à fendre la vague, en remontant vers la proue. Remarquez la toile placée en sandwich dans la construction pour en assurer l'étanchéité.

  Illustration d'un bordage extérieur et intérieur monté en "double-diagonales"

bordage en diagonale

             Cette Vedette, dénudée, va être complètement rénovée .


142 may2004

Ce dessin "éclaté" est celui d'une très moderne vedette britannique avec son équipement électronique qui évidement n'existait presque pas il y un demi-siècle .


RAF illustration

 Mais pourquoi toute cette description maritime ? Et bien parce qu'à la fin des hostilités, beaucoup de matériel allié fut désarmé et acheté à bas prix là où il avait été employé. Des vedettes furent adaptées à des fins civiles, d'autre acquises pour faire de la contrebande à la faveur des cotes escarpées et idéales pour s'esquiver . L'une d'elle fut utilisée par des émissaires du Mossad (1) envoyés d'Israel pour aider l'émigration clandestine des Juifs fuyants le Maroc pour rejoindre en première étape Gibraltar.



RAR extra

Ashdod est aujourd'hui une grande ville portuaire  au Sud d'Israel. Vous avez du en entendre parler lorsque les navires affrétés par le Hamas qui  essayèrent d'éviter la vérification de leurs "marchandises" destinées à Gaza,  pour finir furent interceptés et conduits au port israélien le plus proche en eau profonde. Ashdod m'est bien connue car j'ai des amis qui y ont souffert des attaques de fusées tirées de Gaza et qui ont terrorisé jusqu'à dernièrement la population (2). C'est pour l'algérois que je fus, comme pour me retrouver dans la ville qui m'a vu naître. Des que je prononce une phrase, en hébreu l'interlocuteur me sourit et me répond en français avec l'accent de là-bas . Et tous les enfants dont les parents sont originaires d'Afrique du Nord sont francophones. A ces pionniers se sont ajoutés dans la rue des conversations en russe, en  anglais et aussi en amarite la langue des éthiopiens, et même les rires des enfants de la grande colonie de Bombay.  Dans les rues bâties d'habitations à loyers modérés, les quartiers se ressemblent, et j'ai du un peu me perdre, étant descendu trop tôt de l'autobus qui m'avait conduit de Tel-Aviv . En Israel, jamais une personne interrogée ne vous répondra qu'elle ne connaît pas l'adresse que vous cherchez. Cet excès d'enthousiasme me conduit d'abord à la stèle des soldats tombés au Champ d'Honneur pendant les multiples guerres, puis à un Mémorial pour marins, et aussi à  une grande sculpture moderne offerte à la ville. Pour finir, un chauffeur de taxi, qui gentillement téléphona à sa femme qui travaillait à la Mairie me conduisit à deux pâtés de maisons devant ce monument élevé à la mémoire des disparus dans le naufrage du Pisces.  Pisces, en latin le Poisson, nom original de cette coquille de noix est la sculpture que j'ai photographiée :

Une sorte de baleine emportée dans les vagues. Sur la plaque de métal, les noms des passagers qui périrent dans ce drame, si loin d'Israel .

 

 

Egoz memorial

 

 

Début des actes anti-juifs au Maroc en 1954.  

"Durant l'été 1954, la terrorisme nationaliste s'amplifia contre les français. Cette vague nationaliste vit le jour sous l'influence des évènements d'Algérie .
Le terrorisme des nationalistes se répandit au Maroc entraînant avec lui une baisse de l'économie. Ce mouvement permit le retour du Sultan du Maroc en Octobre 1955. Aussitôt que le Sultan posa le pied au Maroc, les juifs joignirent leurs acclamations à celles de la foule.
Un changement radical se produisit dans les relations entre les juifs et leurs voisins dans les régions les plus reculées, l'écho du terrorisme  parvint même dans ces régions où s'installa l'agitation. Ces actes nationalistes visaient aussi les juifs qui étaient considérés comme des alliés des français. Durant l'été 54, le terrorisme sur le territoire augmenta et débuta par un évènement tragique dans le village de Petit Jean, aujourd'hui Sidi Kacem .
Une grande manifestation eut lieu à Petit Jean contre le gouvernement français, ce village était sous la protection de la France, là vivaient plusieurs familles françaises qui  s'étaient concentrées en nombre durant la seconde guerre mondiale .
Cette manifestation fut d'une grande violence, la foule déchaînée tua cruellement six juifs qui se trouvèrent à cet endroit. Ils étaient arrivés au village de Petit Jean afin de commercer avec l'armée Française.
Malheureusement, ils ne furent pas seulement assassinés mais furent aussi brûlés par la foule meurtrière. Ils furent lapidés et leurs corps incendiés sur un bûcher.
Après cette tragédie, de nombreux juifs commencèrent à se rendre au bureau de l'agence juive pour Israel  afin de se sauver du Maroc où la vague nationaliste allait de pair avec des actes de terreur et d'instabilité et ils essayèrent  par tous les moyens de pouvoir immigrer en Israel " .

Par Clementine et Pineuss Pour DAFINA.NET


 

Voici un texte d'Agnes Bensimon, sur la tragédie, extrait aussi du site "Dafina" :

 


"Le mercredi 11 janvier 1961, le bateau Egoz était sur le point de faire pour la treizième fois la traversée clandestine vers Gibraltar. C'était un vieux bateau qui avait servi pendant la  2ème guerre mondiale, une ancienne vedette de l'armée britannique reconvertie en bateau de contrebande. A son bord 10 familles de juifs marocains, 42 personnes en tout, prêts a faire le grand voyage pour la Terre Promise. Parmi eux le capitaine Francisco Morilla, 3 hommes d'équipages espagnols, Haim Sarfati, un israélien de 28 ans ne à Fez, délégué du Mossad, charge de la radio, qui effectuait sa dernière mission avant de rentrer se marier en Israel,  Jacques et Denise Ben Haroch, maries la veille, David Dadoune et ses 2 enfants qui s'était fait prendre avec un faux passeport à l'aéroport de Casablanca et qui était heureux de rejoindre sa femme et ses 2 autres garçons déjà en Israel, Henri Mamane, barman à Casablanca, et sa mère de quatre vingt ans, Hana Azoulay et ses enfants impatiente de retrouver ses 2 filles parties avec un groupe d'enfants le 2 janvier.
Les passagers étaient épuisés après 600 kilometre de trajet depuis Casablanca. En effet, pour ne pas attirer l'attention le groupe était sensé faire un pèlerinage
à Ouezzane sur la tombe de Amram Ben Diwan. En cas de controle après Ouezzane ils devaient prétexter une invitation à un mariage aux environs d'Al Hocema. La traversée de la chaîne du Rif avait été très difficile  à cause de la neige et du brouillard. Vers minuit ils s'étaient arrêtés près d'un pont où deux silhouettes masquées les avaient guindés sur un chemin rocailleux jusqu'à la plage. Là, des hommes armés, membres du réseau du Mossad, le visage recouvert d'une cagoule les avaient aide à embarquer sur les canaux de sauvetage pour rejoindre le bateau.
Mais
à mesure que le bateau gagnait la mer, la houle devenait mauvaise. Pourtant tout avait été vérifié et la météo avait prévu un temps clément. A 3 heure GMT, à dix milles de la cote Marocaine, la coque fatiguée du bateau s'est fendue comme une  coque de noix . En moins de 5 minutes, l'Egoz a coulé a pic. Sans doute le réseau du Mossad de Gibraltar parvint à capter les SOS et donnèrent ils l'alerte.  Le capitaine et deux marins réussirent à s'enfuir à bord de l'unique canot de sauvetage. Un chalutier espagnol, le Cabo de Gata les recueille au lever du jour et donna également l'alerte. Alex Gatmon, le chef du réseau au Maroc, entre en fonction deux mois plus tot, averti au plus vite Ephraim Ronnelle , son supérieur qui dirigeait depuis Paris les 3 réseaux d'Afrique du Nord. Les secours vinrent de toute part. Le garde cote Orphee et quatre chalutiers marocains partirent du port d'Al Hoceima. La base britannique de Gibraltar dépêcha une vedette rapide et un avion. Le commandant de la marine française en Algérie ordonna à deux escorteurs proche du lieu de l'accident (le Vendéen et l'Intrépide) de se détourner de leur route. L'attache militaire de l'ambassade d'Israel à Paris , le colonel Ouzi Narkiss, obtint du premier ministre Michel Debré l'aide de la France. Mais les secours arrivèrent trop tard. Vingt deux cadavres furent retrouves flottant à la surface retenus par une dérisoire ceinture de sauvetage. Les recherches prirent fin le jeudi 12 janvier 1961 à 14heures 25. On ne retrouva jamais l'épave du bateau ni les corps de 20 des passagers dont ceux de 16 enfants.
Cet évènement souleva une émotion considérable dans le monde, accentue par une campagne virulente en Israel et au Maroc (campagne de tracts placardes dans les rues des mellâhs appelée opération Bazak) suscitant la colère des autorités marocaines. Le prince héritier Moulay Hassan reçut en audience une délégation de la communauté juive : le Docteur Leon Benzaken, ancien ministre des postes et ami personnel du roi Mohamed V, David Amar, chef de la communauté juive et le grand rabbin David Massas. Ils demandèrent l'autorisation d'enterrer religieusement les morts. A la suite d'une longue négociation extrêmement tendue, le prince accepta
à condition que la cérémonie se réduisit au strict nécessaire et qu'aucun parent ne soit admis. Les 22 corps furent inhumés à la hate dans un coin reculé du cimetière espagnol d'Al Hocema.
D
epuis 1980 le 23 teveth a été déclaré jour du souvenir pour le naufrage du bateau Egoz en Israel
Après des années d'efforts et de tractations menées par le gouvernement isra
élien, des associations en Israel et des personnalités internationales, le roi Hassan II autorisa le rapatriement des ossements des naufrages qui eurent droit à des obsèques nationales au Mont Herzl à Jerusalem le 14 décembre 1992."

 

Sources :
Hassan II et les juifs par Agnes Bensimon

 

                                          Plaque en souvenir de l'exode tragique des Juifs marocains 


zadok 0765-copie-1
 

 

Sur cette tragédie , j'ai lu un commentaire haineux de communistes français, qui accusent les victimes ! (mais est-ce bien étonnant de la part de la propagande soviétique ?) :

 " Le sionisme, quant à lui, était bien organisé. Comme par hasard, à ce même moment, un petit bateau, le «Pisces», chargé de 42 émigrants, incapable de tenir la mer, coulait devant les côtes méditerranéennes du Maroc, son capitaine sauvant, quant à lui, sa peau! Lorsqu'on connaît l'efficacité de l'organisation sioniste, peut-être ne faut-il pas s'étonner de cette «coïncidence fortuite» qui permit à un journaliste sioniste d'écrire «Le Maroc a désormais son Exodus»

 


Mais voici d'autres témoignages précieux sur ce naufrage du 11 Janvier 1961 :

http://solyanidjar.superforum.fr/t1492-l-histoire-du-bateau-egoz-racontee-par-sam-benchetrit

 

Notes :

(1) Le rôle et la fonction du Mossad sont comparables au Secret Intelligence Service britannique ou à la CIA. Mais il possède aussi ses particularités liées à l’histoire et la politique d'Israël ; il est ainsi, par exemple, chargé de faciliter l’aliyah (retour en Israël) lorsqu’elle est interdite. (Wikipedia).

 

(2) Ashdod est  souvent la cible des fusées du Hamas de Gaza:

 

http://www.youtube.com/watch?v=H8TrZKEmfLQ


http://www.youtube.com/watch?v=LCgP_KZQo_g&feature=related

 

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9 octobre 2011 7 09 /10 /octobre /2011 17:30

Monsieur-B-jpg  

Hier dans l'autobus, s'assit presque en face de moi un vieil homme  dont l'apparence ressemblait d'une manière frappante à une de mes connaissances des années 70. N'aurai-je pas été certain que ce personnage  fut décédé depuis 30 ans, que je me serai levé pour lui serrer la main.  Je ne pouvais quitter mes yeux des traits de son visage, bien que mon regard était déjà à la limite de la politesse. Il descendit avant mon arrêt, ce qui me soulagea. Je me promis d'évoquer son souvenir par ces lignes pour lui rendre hommage, quoique après tant d'années je suis presque certain de n'y attendre aucun écho.

On croise quelque fois sur le chemin de sa vie une personne qui laisse une profonde impression, après qu'elle eut disparu de notre paysage familier, comme le dit la chanson du poète. Moi j'ai eu la chance et le privilège de côtoyer de longues années, un petit homme trappu
à la poignée aussi vigoureuse que son coeur était large. Il était déjà d'un certain âge quand je suis entré, tout frais isra
élien, dans son Département.
Mais même au fil des ans, il restait aussi droit qu'un peuplier, et seules ses joues se piquaient de petites taches avec la vieillesse. Le matin, lorsque je montais dans le car du personnel, je m'asseyais toujours
à coté de lui et nous bavardions pour passer l'heure monotone du trajet: il n'était pas du genre à perdre son temps à dormir ! Il avait l'habitude de pendre sa serviette de cuir  démodée
à un crochet  en "S" de sa fabrication à un barreau de la fenêtre , ayant ainsi les mains libres  pour lire le Journal "Haaretz" ("La Terre"), un grand quotidien libéral. Comme tout jeune émigrant en Israel, j'aimais parler de la "situation" avec des mots tranchants qui ne laissaient pas de place aux nuances  et avec la fougue de la naïveté, j'évoquais le "Status-Quo", cher à Moshe Dayan. C'est au contact de cet Ingénieur,  que j'ai appris à réfléchir et à me faire une opinion personnelle, et surtout à ne pas juger qui ou  quoique ce soit d'une façon définitive et immodeste .
En Israel, où le vouvoiement est inconnu, les personnes étrangères se tutoient naturellement et les barrières n'existent pas, ce qui quelque fois me fait battre en retraite devant cette familiarité. Alors, pour les personnes
à qui on veut montrer spécialement sa déférence, on fait précéder son nom d'un  "Monsieur", qui est quelques fois employé par sarcasme par des irrespectueux.
Ainsi Nathan était connu
à l'usine avec la plus grande considération comme "Monsieur Nathan  B..." , et les autres de par leur simple prénom !.
Il était originaire de Vilnius, où j'y ai retrouvé son nom de famille, avant qu'il ne fut hébraïsé,  sans rien d'autre précision. Une année de particulière nostalgie, et encore
à l'époque du Rideau de Fer, il se rendit en voyage organis
é en Suède pour se rapprocher au maximum, mais séparé par un bras de la mer Baltique, de sa chère Lituanie où il avait vécu .
Je crois me souvenir, il me l'avait précisé au fil de la route, que dans ses lointains souvenirs d'enfance, il lui restait en mémoire que son père avait été une personne influente qui recevait dans son appartement les personnalités bolchevistes célèbres de l'époque révolutionnaire. Lui avait fait ses études d'ingénieur en Russie et lorsque l'ignoble Pacte Molotov-Ribentropp sur le dos de la Pologne déchirée fut violé, la Deuxième Guerre mondiale éclata. En tant qu'officier il participa brillamment
à la défense héroïque de Stalingrad pendant cet hiver si cruel où le froid et le feu firent autant de victimes. Sa modestie était telle qu'il ne racontait que des bribes de sa vie personnelle. Et maintenant que je ne peux plus lui poser de questions,  je rage de mon ignorance.


Il me précisa seulement qu'un jour son jeune fils revint à la maison, avec comme sujet de rédaction à rendre, "Le Héros Staline". Une ode au dictateur à ne pas bâcler pour ne pas être remarqué dangereusement  par les sbires du régime, comme une famille de réfractaires !! Monsieur Nathan était un humaniste fervent, élevé dans le respect des peuples et des citoyens, et souffrait de voir la Russie soviétisée devenir une dictature aussi fasciste qu'allait devenir l'Allemagne nazie. Pour lui, il n'était pas question que son propre fils écrivisse en devoir de maison une Ode au Petit Père des Peuples qui avait, entre autres crimes politiques, assassiné tant de juifs de l'intelligentsia. Ce jour précis il décida, je ne sais comment de sortir de l'Union Soviétique pour aller en Allemagne avec sa famille. Il abandonnait ainsi son poste de Directeur d'une grande usine, pour chercher un emploi d'ingénieur expérimenté . Et puis, à la montée du nazisme, ce juif, pas du tout pratiquant, et profondément socialiste dut fuir les milices hitlériennes. Il arriva à Paris, la ville qui éclairait alors de ses  Lumières un monde que gagnait la peste brune et où les réfugiés pensaient trouver un asile sûr.
L
à bas naquit un deuxième enfant. Lors d'un hiver parisien rigoureux, (ils habitaient très démunis un  vieil appartement mal chauffé), le bébé mourut d'une complication qui suivit une otite mal soignée. Il fut enterré dans un cimetière parisien. Ce fut pour lui et sa femme un drame immense, que le sort lui infligeait après tous les dangers qu'ils avaient traversés. Il travailla après la Guerre  avec toute son ardeur dans une très moderne société d'électronique de la France renaissante de ses cendres. Disons que son savoir étant universel, il aurait pu se spécialiser dans tout. Il parlait et écrivait couramment le russe, l'allemand,  l'anglais et le français.   Son savoir était d'une universalité rare en notre temps de la spécialisation,  mais cet érudit mais n'en faisait usage avec son interlocuteur qu'avec modestie en lui laissant le choix de l'appréciation.
Après la création de l'Etat d'Israel, alors que certaines personnes déplacées s'établissaient en Amérique ou au Canada, pour y retrouver la paix après la tourmente, il décida de monter en Israel, encore dans ses langes, et menacé de toutes parts.. C'est dans une usine où je fis mes débuts, que je l'ai rencontré. A la sortie de la Guerre des Six Jours, après l'angoisse du déferlement du Panarabisme de cinq armées ennemies, régnait en Israel l'euphorie de la Victoire. Mais il fallait déjà penser
à l'avenir sécuritaire du petit État. Monsieur B...était
à la tête d'un important département. Au contraire des tables de ses collègues couvertes de paperasses, son bureau était toujours d'une netteté irréprochable, à croire que son propriétaire était en vacances ! Les dossiers  étiquetés étaient rangés dans leurs tiroirs, les schémas une fois consultés rejoignaient immédiatement leur place dans les classeurs. Chaque fois qu'un problème se posait, il était là  pour le résoudre, ne laissant  jamais une réponse dans le vague, à tel point que je l'ai vu se mettre en colère qu'une seule fois lorsque après sa patiente explication à un jeune technicien, celui fit semblant d'avoir compris pour ne pas passer pour un ignare. Monsieur B... qui le coinçât par une question, lui administra une autre explication en  ne lui pardonnant pas d'avoir fait semblant de comprendre ! On pouvait le déranger à n'importe quel moment, et alors il demandait quelques instants de réflexion... le temps d'humecter ses doigts et de sortir de son tiroir un quart de feuille soigneusement coupée et  il inscrivait l'essentiel de ses réponses.
Un jour il me donna une copie d'un tableau qu'il avait écrit, où les chiffres décimaux étaient traduits en code binaires et Gray pour faciliter mon travail.

 

Code-Gray.jpg

 

 

 

J'ai gardé en souvenir cette photocopie de son écriture fine et précise. !

Cet homme simple avait une haute idée de l'intégrité. Je me souviens d'une de ses réactions  comique à nos yeux, jeunes israéliens un peu rustres.  Un jour sa cafetière électrique cabossée dont il se servait pour se verser une tasse de thé tomba en panne.  Il vint alors nous demander la permission (!) de se servir de la notre. Mais outre cette politesse  exagérée, et voyant notre bouilloire moderne d'un modèle diffèrent, il nous demanda avec le plus grand sérieux si c'était un ustensile appartenant à l'Etat ou non ! Car il ne pouvait être question de profiter de la propriété privée....Tellement il était habitué par son séjour en URSS aux coutumes socialistes...

 

Monsieur B... qui avait débuté dans  son métier d'électronicien  au temps des volumineuses lampes à tubes, continua sa carrière avec les applications des transistors, des circuits intégrés logiques et analogiques, apprit la programmation et ses divers langages avec l'apparition des ordinateurs, de telle sorte qu'il pouvait affronter les systèmes les plus compliqués et les approfondir dans leurs détails. Il apprit le maniement et les applications des microprocesseurs et nous en expliqua les secrets.

Ses grands schémas fonctionnels étaient célèbres, il tenait à les dessiner lui-même et à les colorer pour mieux les rendre compréhensibles aux néophytes.  Dans un coin on pouvait lire en lettres minuscules des annotations personnelles en hébreu, français, anglais et allemand, sans doute pour mieux cerner leur  délicate signification technique !. Je les avais conservé avec vénération longtemps après sa disparition ces accordéons de papier translucide jusqu'au jour où à mon tour de partir en retraite, je dus m'en séparer et les détruire car les anciens témoins de notre époque n'étaient plus là pour les apprécier. Ce fut pour moi un vrai crève-coeur que seuls ceux qui arrivent en fin de carrière peuvent comprendre.  En aurai-je eu l'autorisation, que j'aurai accroché une de ces reliques au mur de mon salon, comme un tableau de Maître.

 

Son fils unique était devenu un Chercheur chez IBM. Chaque fois qu'il se rendait à Nice pour un Symposium, Monsieur B...en profitait pour le rejoindre, le voyage en Amérique lui étant trop fatiguant. Ainsi me dit-il se rencontraient à mi-chemin.


Il habitait avec sa femme au ré-de-chaussée d'un genre d'H.L.M
à toits de tuiles à Ramat-Gan, un faubourg de Tel-Aviv. En 1991, lors de la Guerre du Golfe, durant laquelle Israel ne brûlâ pas une seule cartouche, Saddam Hussein, cet aspic venimeux qui avait saupoudré de gaz mortel d'innocents villageois Kurdes, tira des  terriers de son désert irakien où elles étaient cachées, quarante fusées balistiques du type Scud. Une époque angoissante où à chaque alerte nous étions obligés de nous munir d'un masque devant théoriquement filtrer sarin, anthrax et toutes sortes de produits mortels, en espérant que l'ogive mortelle ne tomberait pas sur notre maison sans abri. Une nuit, la charge explosive (conventionnelle) tomba dans le quartier de B...,  à mille mètres du mien.  Son appartement fut épargné mais une file de maison avait ses murs béants avec les fenêtres arrachées. Les débris de tuiles jonchaient le sol comme des feuilles mortes. Des containers furent disposé s dans la rue par la Mairie, pour permettre aux habitants traumatisés, d'y mettre provisoirement leurs effets.  Il sortit vainqueur une fois de plus de ce bombardement. Mais brusquement il dut réunir toutes ses forces force pour une nouvelle lutte contre le sort .
Sa femme  était atteinte d'une maladie irrémédiable et elle disparut après un long combat et il se retrouva tout seul en Israel. Il tenait sans aide son minuscule appartement de plain-pied avec un jardinet commun aux habitants. Lorsque je lui rendis une visite de condoléances, il était en train d'arroser précautionneusement un rosier, que sa femme avait plant
é, me dit-il d'une voix étranglée.
Plus que jamais l'usine devint sa seule famille .
Le matin, il venait nous serrer la main, non pas pour vérifier notre présence, mais pour  demander
à chacun des nouvelles de nos enfants. Il en connaissait non seulement les prénoms, mais aussi s'intéressait à leurs progrès scolaires .

 Il me confia un jour qu'il aurait pu, comme il le fut à  l'étranger, briguer le poste de Directeur Général, mais cette responsabilité l'aurait inévitablement obligé à s'éloigner de la technique et surtout à s'occuper de gestion du personnel et qui fatalement  l'aurait conduit à prendre des mesures de compression en cas de crise économique, et cela il ne pouvait l'envisager !

Au fil des années, sa démarche fut plus difficile, ses pas plus courts, mais ne se plaignait de rien et jamais ne manquait une jour de travail. Il rapportait du déjeuner à la Cantine quelques tranches de pain, m'expliquant que sa boulangerie était  close quand nous rentrions le soir. L'hiver, il portait un béret basque, coiffe peu habituelle en Israel, s'entourait d'une écharpe, et avec sa gabardine semblait être plus un parisien qu'un israélien qui lui ne porte jamais de manteau, tout au plus un anorak ! Pour être à la charge de personne, il vendit son appartement et entra dans une maison de retraite. Je décidais un jour d'aller lui rendre visite. Encore très alerte mentalement, il me demanda de le prévenir de mon arrivée et en fixa l'heure, car chez lui tout était d'une précision scientifique .
Après m'être fait annonç
é à la réception, je pris l'ascenseur et Monsieur B... m'attendait sur le palier pour me guider...Il m'invita à entrer dans sa chambrette, nette comme au premier jour de sa création. Le meuble principal était près de la fenêtre. Une table où était rangée à l'équerre une petite radio avec ses cassettes "de musique classique" me précisâ-t-il..Et aussi un dictionnaire bilingue, Allemand et Russe. Ouvert sur la table, un livre en lettres gothiques qu'il avait abandonné à mon arrivée, en y mettant un signet. Et puis brusquement, il ouvrit les portes de son armoire, pour me montrer des étagères où était rangé son linge comme pour la revue. J'étais gêné de cette intrusion dans son intimité, Il voulait sans doute me montrer qu'il n'avait pas changé et qu'il était fier de son ordre.
Seulement après cette auto-inspection il m'invita
à m'asseoir et la conversation roula sur les collègues qui lui manquaient et dont il était avide d'avoir des nouvelles d'Uzi, Avner, Bloria, Jacob, et autant de  nombreux techniciens qui étaient presque pour lui ses enfants....Ainsi pendant cette courte visite, il se retrempait dans l'ambiance vivifiante de son travail.
Je lui offris le livre de Jacques Hillairet "Connaissance du Vieux Paris". Un livre précieux pour les amoureux de cette ville, comme lui. Il fut enchant
é de se promener en chambre dans ces rues qu'il avait tant  aimées, malgré le drame qui l'endeuilla.


Une année où le Comité d'entreprise organisa un rassemblement des pensionnaires à  l'Usine, avec déjeuner et  chansons folklorique  de la chorale, il fut envoyé un taxi spécial à  sa Maison de Retraite, car il ne pouvait plus se déplacer.
C'est dans un fauteuil de paralytique qu'il fit son apparition. J'en eu le coeur si serré, que je me suis éloigné du cercle d'amis qui vinrent l'accueillir. Je voulus égoïstement rester avec le souvenir de ce petit homme si actif, méthodique et brillant, mais avant tout au grand coeur et ne pas être témoin de sa déchéance. Ce fut sa dernière apparition.


Par décision exceptionnelle de la Direction, et cela du à sa compétence dans l'accomplissement des projets, il était resté à son poste plus de 20 ans après la limite d'âge.....

Brusquement me vint à l'esprit qu'au contraire de la France, par exemple, il n'existe pas en Israel de décorations civiles (ou militaires) comme la Légion d'Honneur. Sauf une très rare médaille de distinction délivrée avec parcimonie pour les actes de bravoure au feu.

Eussent-elles existé dans notre pays égalitaire, pour "Services éminents rendus à la Patrie" que Monsieur B..., dans son immense modestie, les auraient certainement refusé, bien que les méritant toutes .


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