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22 décembre 2007 6 22 /12 /décembre /2007 08:47
Inévitablement la période des fetes de fin d'année nous ramène ,nous les anciens, à des images d'un bonheur perdu à tout jamais.Alors j'ai eu envie de scanner quelques clichés de famille,car les photos sont comme les fleurs de la chanson de Jacques Brel,elles sont malheureusement périssables .


Voici ma Grand-Mère paternelle,( née Blanche Blum à Mostaganem), photographiée avec un "barboucha", (c'est moi),l'année de ma naissance en 1938. J'en ai hélas aucun souvenir car elle est décédée alors que j'étais encore en bas age.J'étais alors le plus jeune de ses petits enfants.



C'est  Maman,née Colette Bloch et fille de Marthe et Salomon Schebat ,en 1913 à l'age de deux ans à Alger.Pour la première fois,je viens de le remarquer : serait-ce une main de Fatma porte-bonheur que ce médaillon qu'elle porte à son cou ? Cela ne l'évita pas de se retrouver très jeune orpheline de son père mort à la guerre 14-18 et de sa mère qui en mourut de chagrin.




Maman a cinq ans .Cliché de Février 1916 au Studio Jean Geiser,rue Bab-Azoun.Alger.Peut-etre une des photos envoyée à son père,soldat qu 4ième Zouave qui tomba à Verdun la meme  année terrible.




Maman en 1930,photographiée par mon père qui tirait lui-meme amoureusement ses photos dans un placard transformé en laboratoire. Il avait acquis cette à cette époque chez le photographe Garcia de la rue Richelieu un Zeiss-Ikon d'occasion qu'il conserva jusqu'au jour... où j'entrepris de le démonter pour dépanner son télémètre à miroirs toujours déréglé ...C'était alors à l'appareil photo ce qu'était la Talbot à l'automobile.Avec un objectif d'ouverture 2.8 à baionnette,un obturateur à rideau métallique atteignant la vitesse de 1/1000 de seconde,c'était (neuf),un boitier merveilleux,quoique entièrement manuel.Je m'enfermais avec mon père dans ce placard où à lueur d'un éclairage rouge il comptait à haute voix le temps de pose au tirage et après dévellopait les photos dans les bains de révélateur.C'était pour moi un miracle toujours recommencé de voir dans l'éprouvette apparaitre une image qui se précisait au grès des vaguelettes du liquide que mon père agitait .Il me fit connaitre ainsi les rudiments  et les joies de la Camera Obscura.

              Pour moi,ce fut la plus belle des Mamans...





Maman mariée en 1933,pose dans le salon au 20 de la Rue Sadi-Carnot à Alger





Un bond dans le temps:Le 14 Juillet 1957.

Nous avons voyagé spécialement d'Alger pour complimenter l'Armée Francaise et photographier mon frère descendant les Champs Elysées avec sa promotion de Polytechniciens.On lui avait bien recommandé la veille de se tenir du bon coté dans le défilé
pour que je puisse le filmer avec notre caméra muette de 8m/m.Une Ercsam à moteur à ressort...Deux minutes précieuses de film Kodachrome,et c'est fini ! Nous nous étions levés très tot  de notre lit d'hotel et avons patiement attendu debout et accoudés aux barrières métalliques l'arrivée du Messie.Après la dispersion des troupes,nous fimes cette photo au retardateur avec l'Arc de Triomphe en fond . Nous étions plus fiers que tous les Artabans du monde....
Maman nous avait toujours dit que sous l'Arc de Triomphe de l'Etoile  dormait un Soldat Inconnu.Puisque le corps de mon Grand-Père n'avait pas été identifié à Verdun,il pourrait théoriquement etre enterré là.Cet endroit pour nous était donc doublement sacré.
Hitler,que maudite à jamais soit sa mémoire,a peut-etre ainsi rendu les Honneurs à  un juif enterré sous la plaque de bronze...






Papa et Maman à Paris
Avec le premier petit-fils qui vint d'Israel se faire connaitre en 1973,juste après la Guerre de Kippour.Papa à cette epoque avait 65 ans et luttait pour garder sa place de Traducteur Technique contractuel au Laboratoire des Ponts et Chaussées de Paris.Arrivé en catastrophe d'Alger,il du comme beaucoup, chercher un emploi que meme ses anciens camarades Ingénieurs et haut placés lui refusaient poliment.Grace à un émigré juif originaire d'URSS,il trouva cet emploi qui exigeait la connaissance parfaite des langues étrangères,puisque le but était de traduire et résumer des  livres techniques de construction et en faire un Thésaurus.Papa avait appris au Lycée le latin , le grec et l'arabe.Cette année-là ce bagage ne lui fut pas utile ! Mais il avait appris l'Allemand et l'Anglais (surtout avec les Alliés en 39/45).Il décida donc d'y ajouter le Russe .Il transforma la petite chambre à coucher en bibliothèque,qu'il construisit lui-meme avec des éléments du Bazar de l'Hotel de Ville.Sur les étagères s'entassèrent des Dictionnaires techniques énormes et mon courageux de père les compulsait très tard dans la nuit .Il réussit dans son  travail ardu et fut envoyé souvent à Bruxelles pour représenter la France dans des Symposiums. J'avais le coeur serré de le voir aller tot le matin dans le froid mordant de Paris,à un age où il aurait du jouir d'une chaude retraite .





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Cette vue ci-dessous est prise de l'appartement de mon Grand-Père paternel,dont l'entrée de l'immeuble était au Boulevard Baudin,à coté de la Maison des Etudiants.
Ma tante Suzanne Meyer,orientaliste amateur de grand talent avait peint ce panorama .Alors moi je l'avais photographié en parallèle.
Il y aurait tant à dire sur ce paysage dont je reve encore ! Je pouvais rester des heures à cette fenetre boire sans fin l'activité portuaire qui s'offrait à mes yeux,de la grue à vapeur sur chaland qui déchargeait du charbon sur le quai,aux remorqueurs qui  passaient d'une darse à l'autre  pour aider  les navires marchands à sortir de la passe,et jusqu'en  en premier plan  les trains de marchandises et de voyageurs et leurs locomotives "Garatte" toutes noires de suie  et empanachées de fumée blanche.Au pied de l'immeuble un petit terrain occupé par une cablerie: les ouvriers y tressaient des cables maritimes en tournant des filières à plusieurs torons.Une partie de la cour était juste sous la fenetre,
recouverte d'un toit de tole ondulée.

Le sacré vaurien que j'étais balançait du sixième étage des bombes à eau qui  en explosant sur le toit faisaient un bruit de tonnerre et c'était la panique chez tous les chats du voisinage.
Dans cette immeuble où le niveau coté Baudin était donc plus élevé de quelques étages que du coté mer,cette dénivellation avait été utilisée pour  en faire un grand garage à paliers où un vaste monte-charge y distribuait les autos .A l'un d'eux,dans un coin,une magnifique Bugatti bleue,avec de vraies roues à rayon des années 20,et des coussins de cuir et un tableau de bord en bois précieux,finissait ses jours heureux ...sur cales .J'avais eu la chance de voyager une fois avec son propriétaire,un oncle de ma mère,du Boulevard Carnot où il habitait jusqu'au garage.Avec ses ailes en forme de vagues,ses phares chromés proéminents,sa roue de secours de coté,sa malle arrière fermée par des courroies de cuir,c'était une piéce de musée dont ce vénérable avocat ne voulait pas se séparer.....
Au fond à gauche vous remarquerez le tripode de la jetée qui figure sur tous les tableaux de Marquet et de bien d'autres qui ont immortalisé ce port magnifique.
La terrasse de cet immeuble important était de plein pied et accolée à celle de la Maison des Etudiants.Après le débarquement des Alliés,une partie en fut requisitionnée et dans une salle était projetée des films pour distraire les soldats.  Avec l'aide de mon cousin qui habitait l'immeuble,nous escaladions la murette qui séparait les deux terrasses (et qui me semblait infranchissable ) ,pour redescendre par un escalier de service et  assister à des séances permanentes en Anglais auquel je ne comprenais rien .Mais  Laurel et Hardy n'ont jamais eu besoin de traduction !!





Je referme cet album provisoirement .

Que les éventuels lecteurs qui se sont arretés sur ces images,reçoivent de la part d'un amoureux d'Alger,ses voeux les plus sincères pour l'année nouvelle.
Quoi de plus en accord avec ces souvenirs que d'écouter ensemble cette chanson triste "Les Feuilles Mortes",chantée par Yves Montand

http://www.youtube.com/watch?v=7WwJclybPhM


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commentaires

C
<br /> Cher ami, j'ai vu sur votre blog que vous appartenez à la famille et qui est Schebat Algel, je fais des recherches un personnage qui est mort dans un accident d'avion, Schebat nommé Albert,<br /> décédé en 1922 avec le pilote et Gaston Méchin Courson de Villeneuve lieutenant de cavalerie. L'accident était dans ma ville (Guadix) en Espagne et est enterré ici, j'ai son certificat de décès.<br /> Le certificat dit qu'il était un journaliste de Vigie Marocaine. Pourriez-vous me dire si vous savez quelque chose d'autre?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Je vous remercie par avance de votre attention et je vous envoie mes salutations.<br />
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G
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> Non, cette personne n'est pas de ma famille !<br /> Peut-être  pourriez-vous  poser vos questions sur le au site des Juifs Marocains "Dafina" :<br /> <br /> http://www.dafina.net/<br /> <br /> Je vous souhaite une recherche féconde et vous remercie de m'avoir lu.<br /> Georges Lévy.<br /> <br /> <br /> <br />
M
Très bel album de souvenirs, ça me rappelle les photos de ma grand-mère (née Nebot) que j'ai malheureusement perdues.
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K
Ami Georges,<br /> Merci mille fois encore pour ces émouvants témoignages et ses pathétiques souvenirs.<br /> Je renouvelle tous es voeux de bonheur et de santé pour l'année 2008 à toi et à tous ceux qui te sont chers.<br /> Daniel
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R
Trés belles ces photos,georges!ton frère...quelle allure dans son uniforme de polytechnicien!bonnes fêtes de fin d'année et tous mes voeux de bonheur,paix et santé pour 2008
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G
toujours très émouvants vos souvenirs que nous partageons avec émotion bonnes fêtes à vous et à votre famille et à bientôt
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