Tous mes voeux aux lecteurs et lectrices pour l'annee nouvelle. Qu'elle vous apporte sante et bonheur.
Avec toutes mes amities ensoleillees.
Georges L.
Tous mes voeux aux lecteurs et lectrices pour l'annee nouvelle. Qu'elle vous apporte sante et bonheur.
Avec toutes mes amities ensoleillees.
Georges L.
Benyamina, où je suis une fois passé était à l'origine un village de vignerons. Cette localité a été chantée par Hava Alberstein. La mélodie mélancolique, est aussi celle de nous tous, où que nous soyons :
"J'ai envie de retourner à mes plus beaux jours
Les journées aux pieds nus de Binyamina
Oui je me souviens, tout s'écoulait lentement,
Le soleil n'était pas si pressé
Les gens se disaient bonjour, un ami était un ami "...
Écoutons cette belle interprétation:
Le coffret aux promesses...
SAMEDI 8 SEPTEMBRE 1934 Nouvelle série N" 69/. — 29' Année. L'AFRIQUE DU NORD Jules CARBONEL, Directeur . Direction et Administration : 41, rue Mogador, ALGER. — L'AFRIQUE DU NORD ILLUSTRÉE Le beau voyage par Gérard BESSE. — « Ah ! ces journalistes !! ». Cette exclamation ressemblait pour moi d'une façon surprenante à celle déjà trop souvent entendue en maintes circonstances et qui équivaut, en termes corrects, au titre illustré par un as de l'écran : « le Roi des Resquilleurs. » Et c'est M. de Lamarlière, le sympathique directeur d'« Air France » à Alger, qui m'accueille ainsi. Le sourire accompagnant cette exclamation montre bien d'ailleurs que c'est là une cordiale plaisanterie et qu'il n'y a aucune arrière pensée dans ces paroles. — « L'aviation civile a été souvent attaquée, elle a besoin d'être mieux connue et je pense qu'il est de mon devoir d'insister... — « Mais parfaitement ; vous avez entièrement raison. » C'est ainsi que j'obtiens l'autorisation de m'envoler de la base d'hydravion de l'Agha, à Alger, grâce au bel appareil construit par l'as bien connu dans le monde des ingénieurs : M. Lioret. Le jour à peine teinte de rose et d'or les cimes des monts de Kabylie, sur les flots calmes de la mer des frissons de moire argentée, dorée, puis bleutée, courent vers le large. Le grand oiseau jaune aux ailes effilées, baptisé il y a quelques semaines par Mme Carde, est là qui nous attend, paisible, ne donnant aucune impression de folle randonnée mais, tout au contraire, celle de grande sécurité pour un voyage normal, sans histoire, sans péripétie notable... J'avoue que j'ai été quelque peu déçu par cet aspect trop placide du quadri-moteur F.A.M.U.L. « Ville Dernière vision du port d'Alger. d'Alger ». Je m'étais persuadé que_- j'allais entreprendre un voyage périlleux, plein de risques et d'embûches et, dès que j'approche de l'hydravion, dès que j'y pose les pieds, toutes mes illusions s'envolent et je suis presque honteux à la pensée qu'il ait pu germer en mon cerveau des idées aussi périmées, aussi arriérées. J'ai cependant maintes fois pris mon envol mais j'avais la hantise de ce voyage au dessus de la grande bleue. Maintenant que m'y voici, tout me semble banal, et aucune crainte ne me vient ; ma déception est presque réelle de n'avoir aucune sensation nouvelle. Je profite de cette liberté d'esprit pour regarder autour de moi. Ma hâte a 'té telle de m'installer que je me trouve seul dans mon fauteuil, ayant distancé les autres passagers. — « Tiens ! vous êtes du voyage ? » — « Mais oui, M. le Gouverneur général ; j'en suis. > Et M. Carde prend place dans le fauteuil me faisant face. Voici maintenant un couple jeune (de nouveaux mariés sans doute). Elle est radieuse et Lui fait triste mine. A peine installé,il extirpe de sa poche un beau mouchoir de fil très blanc, un flacon plein de liquide jaunâtre, imbibe le mouchoir du liquide en question et se colle la fine toile sous le nez. C'est à ce moment que je m'aperçois de la pâleur verdâtre qui couvre le visage du nouveau passager. — « Attends que nous soyons partis pour être malade », lui suggère doucement sa jeune épouse. Un grognement sourd est la seule réponse. Cependant, à voir une telle mine défaite, je commence à croire que tout ne doit pas être rose et quelque appréhension me vient. L'avion serait-il, sur un long parcours aussi peu stable que le navire ? Et puis voici que d'autres passagers montent, se placent, rient, parlent, semblent plein d'entrain. La vedette nous remorque ver le large. Le Monsieur au mouchoir hume toujours son liquide jaune tandis que le « Ville d'Alger » est légèrement entraîné en rond par un, puis deux moteurs. Le cheval de bois cesse dès que le troisième, puis le quatrième moteur sont mis en marche. Là encore, je m'attendais à être littéralement assourdi par le vrombissement des moteurs. Rien de tel. A peine si le bruit gêne ceux qui parlent d'abondance et qui ne cessent leur bavardage qu'au moment où une impulsion irrésistible nous entraîne tous. Par le hublot je vois une gerbe irisée s'élever, frapper avec violence le flotteur puis l'extrémité du plan de l'avion. — « Ça y est, nous décollons ! » Je ne puis m'empêcher de murmurer cette phrase lorsque je me sens doucement enlevé vers le ciel tout blanc de soleil en même temps que cesse le jaillissement d'écume éclaboussant mon hublot. Très vite nous prenons de la hauteur. Les jetées du port défilent sous nous, se font petites et là bas, tout là bas, bien bas, une vision de légende, un tableau des mille et une nuits se déploie et, comme en un songe s'estompe, s'évanouit. Alger, la véritable Alger de la légende est là, sous nos yeux éblouis. Personne ne profère une parole. Tous les regards sont rivés à cette toile magnifique, à ce panorama unique dont n'aurait jamais pu rêver le poète le plus génial et pour lequel nulle palette n'a jamais encore pu fournir assez de magiques coloris. Sous les rayons du soleil levant qui la baigne d'une douce teinte rosée, la volupteuse « El Djezaïr » se pâme au flanc de ses coteaux de jade. A ses pieds vient battre doucement le flot bleu qui la berce et l'on a vraiment, de si haut, une vision de l'Orient véritable que l'on ne peut avoir même lorsqu'on a fouillé dans ses recoins les plus secrets (ou les plus suspects) la ville moderne et la casbah trop peu connue. Alger s'évanouit donc rapidement et la côte d'Afrique n'est bientôt plus qu'un mince ruban brun sur lequel se détache une pointe blanche. L'onde et l'azur du ciel se confondent à l'opposé et c'est en vain que l'on cherche la ligne d'horizon. Il n'est plus qu'à essayer de découvrir, quelque part dans l'infini qui nous entoure, un point susceptible de servir de repère. Naturellement le regard se dirige vers le bas et c'est en somme le mouvement instinctif de choque passager. L'eau est parfaitement calme semble-t-il et seule, quelques taches minuscules et d'un gris sale apparaissent parfois à la crête de vagues que l'on devine plutôt qu'on ne voit. Il existe cependant à la surface de l'eau de grandes traînées d'une teinte plus claire, semblables à de larges chemins peu sinueux et fort larges. A de certaines distances, plusieurs de ces voies se croisent puis disparaissent pour reprendre plus loin. Sans doute quelque navire est-il passé par là et a-t-il laissé cette marque de son sillage. Voici cependant, à notre niveau, à peine distinct, un point blanc. « Un avion à tribord ». Effectivement un autre oiseau disparaît à peine aperçu. Quelques légers nuages viennent par intervalles, embuer les hublots et voici que nous montons plus haut. Chacun semble s'en apercevoir et c'est une distraction pour tous. Dans la cabine de pilotage le « radio » Thomasset tourne des boutons, manipule, enchevêtre et démêle des fils, autant de mouvements auxquels nous ne comprenons rien mais qui donnent à chacun une plus forte impression de sécurité. A demi cachée par la tête de mon voisin d'en face, je n'aperçois du pilote Rouchon que la silhouette. Quant au mécano Scenen il doit être fort occupé car, de toute la traversée, je ne l'ai vu qu'au départ et à l'amerrissage à Alcudia. Et pendant que ronronnent les moteurs je songe à la vie toute de dévouement et d'abnégation de ces trois hommes et de leurs camarades. Pilotes, mécanos et radios de ligne ont droit, en effet, à toute notre admiration et il n'est pas exagéré de dire que l'on ignore beaucoup trop ces « as » de nos ailes. Trop souvent l'attention du grand public est accaparée par les exploits de nos valeureux pilotes de raids ; mais, sans peur cela diminuer en quoi que ce soit leur valeur et leur courage, il faut que notre admiration soit au moins autant répartie sur ceux qui, sans publicité, sans grands banquets ni champagnes d'honneur, s'envolent chaque jour à heure fixe par n'importe quel temps ; ils partent parce que c'est leur devoir quotidien... et ils arrivent, parce que ce sont aussi de véritables pilotes, navigateurs, mécanos et radios dont la valeur n'est pas moindre parce qu'ils sont modestes. J'en suis là de mes méditations lorsque se dresse devant moi une silhouette blanche : « Whisky ? Monsieur ? Porto ? » Souriant, le barman Montaudie, le digne compagnon des vrais aviateurs de ligne me tend un plateau chargé de verres et bouteilles. Ayant consulté ma montre j'opte plutôt pour un porto rouge qui, dégusté à près de 1.500 mètres me semble meilleur qu'à terre. Maintenant quelques gros nuages défilent sous nos ailes à une vitesse vertigineuse. C'est une succession ininterrompue de grands trous bleus et de monstrueux dos laineux comme ceux des moutons. L'ombre du « Ville d'Alger » les raye d'une croix noire auréolée d'un double ou triple arc-en-ciel. Cette projection de l'ombre ainsi irisée est de toute beauté. Et puis, le troupeau blanc, qui nous cachait sans doute les sommets de l'Olympe, semble moins dense et seuls quelques petits retardataires, alignés comme pour une parade, défilent enfin sous nous, et c'est à nouveau le bleu infini du ciel et de la mer. A peine cette vision s'est-elle évanouie que tout là bas une minuscule traînée d'ombre se montre, presque à notre hauteur. Qu'est-ce donc ? un nuage encore ? — « La terre ! » Cette exclamation fait se tourner toutes les têtes vers le même point suspect. — « Déjà ? voyons c'est impossible ! » Et chacun de consulter sa montre. Je pense que le monsieur au mouchoir et au flacon de sels doit être radieux. Je me retourne vers lui et quelle n'est pas ma stupéfaction de le voir à demi dressé sur les bras de son fauteuil et scrutant avidement le vide. Sa figure a laissé je ne sais où son teint terreux du départ et je ne puis m'empêcher de lui demander : — « Vous allez donc mieux, Monsieur ? » — « J'en suis quitte pour la peur. Je n'ai nullement été incommodé et mon expérience est concluante: jamais plus de ma vie je ne prendrai le bateau. Seul l'avion a gagné toute ma sympathie ! » G. BESSE.
DansTel-Aviv, la "Ville Blanche" ainsi nommee par l'Unesco*, toutes les rues (ou presque) mènent à la mer. Je préfère sortir tôt lorsque l'air marin n'est pas encore mélangé à la fumée des véhicules. Sur le trottoir, que le balayeur africain du quartier est en train de nettoyer nonchalement, des cartes de visites de toutes les couleurs jonchent le sol. Employés de la voierie, originaires d'Erytrée ou du Darfour, ils ont en commun, outre leur statut de réfugiés illégaux au salaire minimum, un téléphone sans fil collé à leur oreille qui les accompagne dans leur tache de salubrité. Contraste du quotidien ! L'un pollue,l'autre nettoie...J'ai vu une fois le manège d'un cycliste, émule du Larousse, qui en passant rapidement devant les hôtels semait à tout vent d'un large mouvement une brassée de ces vignettes. Ce sont, vous l'avez deviné des adresses et numéros de téléphones de "Dames de Compagnie" légèrement vêtues en toutes saisons !. Ce vieux métier s'est modernisé et a reçu un regain venimeux avec l'apparition du téléphone portable, et les Compagnies sans fil et sans vergogne s'en frottent les mains.
En constatant que ces invitations étaient répandues sur le sol recto-verso sans distinction, j'ai pensé à cette Loi du Hasard qui les avait fait chuter toutes les pattes en l'air !
Le commanditaire intelligent avait donc fait imprimer les deux faces des invitations , ce qui est certes coûteux, mais d'une publicité plus rentable. C'est le phénomène bien connu de la tartine beurrée.
Je cite wikipedia":
La « loi de la tartine beurrée » énonce que la tartine tombe toujours du côté beurré. Cette assertion a trois réponses :
Il me revint à l'esprit que lorsque j'étais enfant un de mes tours de cartes préféré était de proposer à mes amis de me faire deviner sur la table lequel des deux paquets devant-moi contenait les "cartes de neuf". Évidement, je désignais toujours avec le même succès le paquet secret, quel que soit son emplacement, car un des paquets était composé de 9 cartes et l'autre de quatre cartes du numéro 9, pique,carreau, trèfle,et coeur...
Faisant court à mes élucubrations, je me suis retrouvé sur cette promenade ensoleillée au pied de la Colline du Printemps qui longe la mer et me conduit au petit port de plaisance que j'affecte tant, car il me rappelle un peu celui de la Darse de l'Amirauté d'Alger, mais ils n'ont en commun que le balancement mélancolique des mats des voiliers qui tirent sur leur ancre, et l'odeur de sel.
Maurice Bouviolle, (1893-1971) Port d'Alger- Prix Abd-el-Tif 1921.
Dans ce Tableau, remarquez sur la colline un Colonne dressée par le Général Bailloud à la gloire de l'Armée d'Afrique. En 1942, les allies rasèrent ce mémorial qui était devenu in point de mire pour les bombardiers allemands qui attaquaient la Ville. Je me souviens de ces maudits fumigènes émis par les défenseurs qui devaient masquer les installations portuaires, et qui me causèrent des crises d'asthme...
Tableau, commande du Ministere de la Guerre:
Un des canon anti-aerien du type "Bofor", protegeant Alger.
Mais le but de ma promenade matinale tel-avivienne (Un seul but, la Victoire !) est la jetée, car au bout de ce promontoire gagné sur la mer et protégé par des blocs, je vois déjà au loin le banc qui m'attends. Quelle chance, il est libre !
Face au phare, à l'extrémité du promontoire, un banc si isolé qu'il difficilement visible !....
Je me retourne et me hâte de vérifier que personne n'est sur mes pas, pour m'y installer, le dos au soleil, le paysage de la passe face à moi, endroit stratégique pour admirer les voiliers qui à ma hauteur hissent leur grande voile pour attaquer la houle du large...
Ce sont des écoliers qui apprennent les rudiments de la voile.
Là, je peux enfin sortir de son sachet le petit pain au froment complet, garni de fromage blanc salé et à petites bouchées je satisfais ma gourmandise dans un silence liquide. Une fois pourtant, sorti de mes rêves par un frémissement de mon banc, je m'aperçus soudain qu'un inconnu de mon âge s'était installé à coté de moi. Presque tout de suite il a entamé la conversation, bien que je ne lui répondis souvent que par des hochements de tête, un peu ennuyé de cette intrusion dans mon domaine...La situation "sécuritaire" devint naturellement le sujet du moment:
Un autobus de Tel-Aviv, visé par un attentat ces jours-derniers.
Chez-nous parler de la pluie et du beau temps est superflu, car même en ce mois de Janvier le ciel est sec, et l'air ensoleillé, jusqu'à l'année prochaine...Depuis une semaine par contre, la Ville d'Ashdod, qui est située seulement à 45 kilomètres de Tel-Aviv, a fermé ses écoles à cause des risques de tirs de fusées qui ces derniers temps pleuviotent en provenance de Gaza ! et rien de plus déplaisant que d'être saisi dehors par "l'alerte rouge" qui paralyse les membres juste au moment où il faut courir à un abri et y pénétrer avant 15 secondes, sursis avant l'explosion...! Des vacances insolites et dangereuses pour ces quelques milliers d'écoliers désoeuvrés. Mais comme par hasard ce sont des informations qui sont soigneusement éclipsées dans les bulletins d'informations européens...
Qui se ressemble s'assemble !
Mon voisin d'un jour qui me déroulait son curriculum-vitae, comme une page de l'Histoire israélienne, me raconta qu'il avait été, un temps, le chauffeur du Chef d'Etat-Major Raphael Eytan, légendaire héros, familièrement appelé "Rafoul". (1929-2004). (Il avait en 1956 sauté en parachute avec son commando pour couper la route aux Egyptiens en plein Sinai). C'était le type-même de l'officier qui donnait l'exemple au combat et aimé de ses soldats. Il donna une seconde chance aux jeunes dévoyés et défavorisés en les recrutant dans l'armée pour leur donner un minimum d'éducation, et les former à un métier qui leur assurerait un avenir dans la vie civile. Ce furent les "Enfants de Rafoul".
Eitan était très à cheval sur la tenue vestimentaire des recrues, et malheur à ceux qui n'avaient pas le béret réglementaire sur leur tête....
En dehors des fonctions politiques et militaires, "Rafoul" était un ardent fermier et un menuisier passionné dans son village collectif de Tel-Adashim. A sa retraite (théorique), il dirigeait les travaux d'une nouvelle jetée pour agrandir le port marchand d'Ashdod.
Sur ce quotidien, apparaît Raphael Eitan, casqué comme ses ouvriers sur le chantier.
Le titre: "Vaincu par les Elements".
En plein hiver, il ordonna de cesser le travail aux ouvriers car les lames étaient trop fortes.
Il vaut mieux ne pas essayer de se mesurer avec la Méditerranée quand elle se fâche. Le jour suivant, il ne put résister à sa passion du travail et voulut aller tout seul voir si les tripodes en béton tenaient bon sous les coups de béliers de la tempête. Il descendit de sa voiture. Une vague énorme bondit par dessus les blocs, écrasa le véhicule et précipita Rafoul dans la mer en furie. Bien qu'athlétique et excellent nageur il se noya, son crane fracturé sur les rochers, sans que personne en fut témoin.....
Ainsi je pus recouper mes lectures avec les souvenirs personnels de cet homme bavard qui brusquement se leva, me serra la main en me souhaitant une bonne journée, heureux d'avoir trouve une oreille attentive...
Je me retrouvais seul sur ce banc, un peu soûlé par ce moulin à paroles, avec mon petit pain entamé que les mouches se disputaient. J'en fit aussi profiter les mouettes, et un chat venu de je ne sais où.
En face de moi, le Nord avec le Liban et la Syrie qui s'étripent mais sont d'accord pour annihiler Israel avec l'aide de l'Iran. C'est de là-bas et d'Irak que sont venues dans notre ciel les fusées balistiques . A la frontière libanaise, les nids de vipères des terroristes du Hizbola.
Derrière-moi, le Sud. Celui du Hamas à Gaza qui nous bombardent de rockets depuis des années.
A ma droite, l'Est. Rien de nouveau. On y enseigne la haine des Juifs et le maniement d'armes aux enfants depuis le plus jeune âge. Les écoliers défilent avec fierté, le ventre cintré d'explosifs. Chez nos voisins, les traités de Paix y sont piétinés l'encre verte encore fraîche.
A ma gauche, l'Ouest. Ceux qui ont un voilier pourront essayer d'atteindre Chypre, en dernier recours. Un nouvel Arche de Noé en somme.
Moi je me réfugierai sur mon banc: tout de bois construit, ce sera un radeau de fortune. Et c'est avec cette constatation positive et encourageante que j'ai terminé ma promenade. Je me suis levé un peu courbaturé par les lattes peu confortables, burinees par le vent et le sel et aussi mouchetees de la fiente des mouettes..... Aussitôt le chat est venu prendre ma place, toute tiède, sur ce banc public. Il a lissé sa fourrure, fermé les yeux et enroulé sa queue. En route pour le pays des rêves où les humains enfin pacifiques lui apporteront dans des paniers tressés des poissons frais.
Notes: * Ce meme Unesco qui a fait interdire ces jours-ci a Paris une exposition "Israel et 3500 ans d'Histoire". Que le rouge de la honte monte au front de ceux qui font de chaque jour un nouveau Munich.
Les photos de la Marina sont de :
Common.Wikimedia.org
www.inisrael.com
Jss.News
Vimeo.
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Au bas du 38 de la rue, un sculpteur a déposé sur le trottoir son oeuvre de pierre de basalte, une guitare brisée comme le coeur de notre génération, avec gravé en lettres d'or le refrain de sa chanson "Toi et Moi". Quelques bougies et un bouquet de fleurs des champs pour rappeler au passant que là vécut un poète témoin de son temps, chanteur-compositeur, éloigné de toute tendance politique, amoureux de Sion.
Je crains que ce memorial ne soit deplace car il encombre le trottoir deja trop etroit.
Arik Einstein 1939-2013
Sa chanson gravee dans la pierre "Toi et Moi"
(Je n'ai pas réussi à découvrir le nom de ce talentueux sculpteur)
(Je crains que ce mémorial ne soit déplacé, car le trottoir est déjà trop étroit. De plus nos amis à quatre pattes peuvent le confondre avec un arbre...c'est pour cela que j'ai pris la précaution de photographier cette oeuvre).
Un vieil enregistrement de "Toi et Moi" (Ani ve Ata) :
https://www.youtube.com/watch?v=ETqJxlBrQbc
Voici une autre de ses chansons d'amour très émouvante:" Il ignorait son nom"...Ma traduction est un peu gauche, mais la musique se suffit à elle-même..écoutez :
https://www.youtube.com/watch?
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Qu'ils se rencontreraient soudainement |
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Vous vous souvenez, avec vos humanités, de ce poème de Lamartine, qui évoquait sa patrie, et moi, j'en souriant amèrement, parce que j'ai ces images en triple qui meublent mes pensées: l'Algérie d'alors, la France et Israel.
"Pourquoi le prononcer ce nom de la patrie ?
Dans son brillant exil mon coeur en a frémi ;
Il résonne de loin dans mon âme attendrie,
Comme les pas connus ou la voix d'un ami."
Maintenant je suis au 20 de la Rue Sadi-Carnot à Alger, au cinquième étage :
Dans le salon de mes parents, j’avais deux places préférées. D’abord, le fauteuil en cuir vert tout craquelé et tiédi des rayons de soleil du matin. Je m’y installais en travers, comme un lézard sur sa muraille et y passais de longs moments de rêverie jusqu’à ce que le soleil au zénith n’entra plus par la grande porte fenêtre du balcon. Lorsque parfois l’après-midi, maman se mettait au piano, je me cachais sous ce vaisseau de palissandre, un demi-queue de chez Gaveau, et m’allongeais sur le tapis, à côté de la lyre du pédalier, avec mon livre préféré, "Klapp la Cigogne" et au gré des aventures de Jacques le Poucet au dessus de l'Alsace,
me laissait bercer par les tristes accords d'une Étude de Chopin . (N0-3 en mi-majeur).
http://www.youtube.com/watch?v
Et quelques fois même en compagnie du petit chien en faïence que j'avais dérangé de son repos sur un rayon de la bibliothèque, pour le nourrir de miettes de mon goûter.
Quand j’étais sûr d’être seul à la maison, j’ouvrais, non sans peine avec ses deux grosses boules de verres, les battants du bahut du salon. Sur l’étagère inférieure était empilée une collection d’Illustrations de la guerre de 14-18. Je les connaissais presque tous et aujourd’hui encore j'en revois les images. L’une m’avait frappé: la réclame pharmaceutique de “l’Urodonal”, où était dessinée une grande tenaille mordant des reins. Et une autre réclame de lampe de poche électrique, ”Leclanché” pour s'éclairer dans les...tranchées (?).
Je suivais aussi les dessins patriotiques et humoristiques d’Henriot. Ce journal était évidement abondamment fourni de photos de guerre, mais elles étaient de mauvaise qualité, en noir et blanc, retouchées, mais des gravures, des peintures et aquarelles en couleurs, très réalistes, les complétaient. J’y ai appris à reconnaître non seulement les uniformes et les décorations, mais aussi la vie dans les cagnas, la boue, les terres inondées où flottaient des casques, et toute la vie des tranchées, l'ancien moustachu et aguerri épaulant la jeune recrue dans les photos d'avant l’assaut, l’ultime coup de gnôle, et après le bombardement des obus, des mines, les paysages dévastés, les forêts squelettiques, partout la mort était là, mais censurée, pas de ventres béants et d'entrailles, de cranes éclatés, mais que des blessés, bien pansés et des prisonniers allemands hagards.
On n'y lisait que des récits de bravoure des Poilus. Et même un grand reportage sur l’équipe d'un canonniers motorisé, qui avait abattu un Zeppelin, tombé en flamme. Il fallait consolider le moral de l'arrière. Les infirmières en cape, les cheveux cachés dans un voile immaculé, promenaient les Grands Blessés dans de beaux jardins. Au Tableau d'Honneur de l'Illustration les photos de héros dans une galerie de médaillons.
Mais sur l’étage supérieur du buffet, devant la pile de disques lourds et fragiles, à côté du gramophone "La Voix de son Maître", reposait un grand fourreau décoré de lanières de cuir, d’où émergeait le manche d’un poignard. Il était très lourd à dégager de sa gaine, et avec son manche et sa garde décorée, il ressemblait à une croix du Sud qui orne la selle des chameliers. C’était pourtant une dague de Zouave, qui avait appartenu à mon grand-père. Je ne saurai jamais comment elle était arrivée là, car de mon grand-père maternel disparu dans la boue de la Cote 304, il ne reste que des photos jaunies et un grand diplôme avec son nom sur fond de l’Arc de Triomphe où sont inscrits sur le fronton ces vers inoubliables de Victor Hugo:
Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie
Ont droit qu'à leur cercueil la foule vienne et prie.
Entre les plus beaux noms leur nom est le plus beau.
Toute gloire près d'eux passe et tombe éphémère ;
Et, comme ferait une mère,
La voix d'un peuple entier les berce en leur tombeau !
(Les chants du Crépuscule)
Henri Weber chantait alors, avec la France entière, le chant patriotique de “Sambre et Meuse’’.
http://dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/50_chansons/
N'hésitez pas à pousser le volume. Ce chant n'a pas été composé pour conduire la troupe au Combat, et faire lever les Morts de leurs tombes, mais pour remuer au fond d'eux même le patriotisme des foules qui à l'arrière ne peuvent vraiment imaginer l'horreur de cette Guerre.
Que cet air entraînant est loin de la réalité horrible des tranchées. ! Non je ne souris pas en écoutant cette voix éraillée d'un autre siècle.
Je referme ce buffet aux souvenirs sonores, pour ouvrir son synonyme de cinquantes annees plus âgé, le "Bahut".
Alger en 1958 était devenu subitement ...gaulliste ! Les jeunes s'arrachaient à la sortie des Lycées et Collèges les écussons émaillés de la Croix de Lorraine pour les agrafer fièrement au revers de leur veston.
Ces broches étaient la reproduction de celles que nous avions connues en 1943 quand De Gaulle atterit à Alger, devenue Capitale de la France en Guerre. Dès Novembre 1942 avec l'arrivée bénie (pas par tous !) des Alliés, la population dite européenne se dépêcha de découdre son insigne fasciste qu'elle abordait depuis 1940 à la boutonnière,
La "Francisque"
Mais nous étions naïvement en 1958 plein d'espoir que les soulèvements musulmans et les attentats cesseraient avec une réconciliation dont De Gaulle était le ferment patriotique. Ainsi entre autres journaux et feuilles de chou, sortit une édition spéciale créé par les étudiants naïfs des classes terminales, intitulée "Le Bahut". "Notre génération sera celle du grand combat, si nous répondons tous présent, ce sera celle de la victoire", ainsi était imprimé le slogan de cette feuille pleine de fougue, mais éphémère comme l'Algérie française condamnée à mort par celui qui devait être son sauveur !.....
Épilogue:
Pour finir ce sont nous, les habitants français, qui furent après 130 ans de labeur... transbahuter vers l'amère Patrie.
Notes et crédit des illustrations :
Du Temps des Cerises aux Feuilles Mortes:
http://
Le 13 Mai 1958:
http://nice.algerianiste.free.
(Ce texte étant programmé, je ne pourrai répondre rapidement aux éventuels "comme en terre", et m'en excuse d'avance ! ).