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2 décembre 2008 2 02 /12 /décembre /2008 08:30

 Serge Choubine. Le Port d'Alger (1929).


Quand la Nuit tiède descend sur Alger,
Alors la terre et le ciel s'illuminent par palier,
De lueurs fragiles dans la voûte bleutée
Et des lumières tremblantes des foyers .

Le phare de l'Amirauté jette par saccade son rayon doré
Qui traverse les fenêtres voilées  dans un silence feutré,
Caressant les enfants qui sourient à un rêve enchanté
Tandis que leurs parents s'enlacent, pour une nuit d'été .

Un remorqueur siffle au loin sa présence près des quais,
Et ses lumières vertes glissent sur l'eau noire mazoutée.
Sur la pente du Hamma, à la lumière jaune de la voie ferrée
Des cheminots audacieux  freinent  les wagons libérés
Qui ralentissent et se heurtent dans des crissements d'acier ,
  
Les hommes bottés déroulent un long serpent caoutchouté
Et le jet d'eau de la voirie se brise sur les trottoirs jonchés .
Les cageots se plaignent au choc des roues sur les pavés,
Et les sabots ferrés sonnent très tôt l'heure de la marée .

Mais n'importune personne, cette musique de chaque nuitée,
Qui  à l'instant  même nous aurait réveillé,
Si elle avait une seule funeste fois par malheur cessé,
Tant au fil des années heureuses elle nous avait bercé .

Maintenant qu'Alger n'est plus qu'un souvenir embrumé,
Je ne peux m'endormir dans l'ombre d'un silence étranger,
Alors je m'envole en Automne, avec les triangles ailés
Des Cigognes frissonnantes par dessus la Mer Egée,
Retrouver enfin la sérénité, avec les bruits du Passé .



La route des Cigognes :
http://rivieres.pourpres.free.fr/carte_cig/carte_flash.htm

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22 novembre 2008 6 22 /11 /novembre /2008 00:00
 

Bientôt le 22 Novembre, l'anniversaire de Maman . C'est un évènement qui demandait préparation bien que chaque année  se renouvelait pour moi le même rituel , le choix du petit  cadeau immuable ,un minuscule agenda dont seule la couleur de la moleskine la différenciait de l'année précédente...C'est un livret important dans notre vie,car c'est sur ses pages que Maman consciencieusement  annotait de son écriture fine les dates et aussi les heures de mes crises d'asthme et les diverses médecines avalées pour en parler à chaque visite chez le Docteur Benyamine .
Un automne, peut-être le premier d'après la Guerre et  que Maman avait oublié auparavant de me munir discrètement  de monnaie pour ce projet, je me trouvais démuni et confus sans oser en parler . Mais j'eus une idée innocente et efficace qui consistait à me servir moi-même . Maman revenant du marché déposait toujours son petit porte-monnaie de maroquin rouge dans le coin de son armoire, sous une pile de draps sentant bon la lavende . Je la connaissais bien cette bourse,car elle était ornée de petits clous argentés ,et j'aimais jouer avec sa fermeture .
Alors,chaque jour je prélevais en cachette une pièce de bronze pensant que ce trésor ventru resterait discret .




A la fin de la semaine,riche comme un Maharadjah de ses roupies, je traversais notre rue Sadi-Carnot, et remontant sur le trottoir de droite vers le carrefour de l'Agha, j'arrivais rapidement devant la vitrine de la Papeterie des Demoiselles Thouvenot . Sous le comptoir tout en verre s'alignaient comme pour me narguer des stylos en bakélite de toutes les couleurs,et certains même au corps incruste de nacre et à plume d'or . Mais j'avais une autre mission plus importante à remplir et éloignais  mon regard de ces Sirènes . Une des soeurs Thouvenot,aux lèvres toujours toujours peintes en rouge vif, était celle qui recevait les clients. Elle s'essuya les doigts tachés d'encre avec un chiffon et sortit d'un tiroir un assortiment d'agendas tout prêts pour la nouvelle année .J'en choisi un, de format lilliputien en faux cuir vert,muni d'un crayon miniature en métal doré,avec un fermoir à glissière .Il avait même un joli ruban en guise de signet, et la tranche du livret était passée à l'or fin . J'assistais avec plaisir à son emballage dans du papier décoré tout en louchant sur les crayons qui sentaient bon le vernis et des rames blanches de papier Canson. Et sortis de ma poche ces larges et lourdes pièces de Cinq Francs en bronze qui cliquetèrent sur le cendrier en verre .Elles étaient si belles et providentielles comme la France nouvelle  et remplaçaient les pièces en vil métal gris de l'Etat français .  En revenant à la maison, je passais inévitablement devant la minuscule vitrine de la marchande de journaux et vis avec dépit ( car allégé de mon pécule) la parution de mes bandes illustrées préférées qui durent attendre de meilleurs clients .

Le Messie vint le lendemain sous la forme de  mon grand-frère qui décida de s'associer à ce présent et me confia des pièces toutes nouvelles de Deux* Francs pour notre achat en commun .



Je n'osais pas lui raconter mon larcin et lui promis de m'occuper de ce projet ..Plein de remords  et attendant d'etre seul, sortis du tiroir de la table de nuit la petite clef et allais à l'armoire défendue,ouvris le battant de gauche et bourrais le porte-monnaie de pièces de 2F qui ne pouvaient remplacer évidement les précédentes . Maman sans doute trouva bizarre ce mélange de piécettes dans les compartiments et la présence de ces nouveaux locataires en allant payer ses achats, mais sachant que je jouais souvent sur le tapis de ma chambre avec la monnaie sonnante et trébuchante en place de soldats ,elle eut la bonté de ne rien me dire.

J'aimais en effet aligner mes bataillons avec des pièces de nickel,de bronze ou d'aluminium,avec ou sans trous, mes soldats de plomb étant depuis longtemps tous morts au Champ d'Honneur des restrictions .

Ce souvenir enfantin ne m'a jamais quitté. Certes, je ne fus pas un vrai voleur, puisque par bonheur avais corrigé mon larcin,encore que suivant la Loi j'aurais été bel et bien accusable de préméditation . Mais l'essentiel pour moi est que Maman n'ait pas eu ce pincement au coeur en découvrant  que j'avais menti et trahi sa confiance . Je ne m'en serai jamais remis .

Maman ouvrit avec joie ce cadeau "inattendu" et prit soin de transcrire les informations utiles pour l'année nouvelle ....
Mes chers parents depuis longtemps ne sont plus là pour me protéger .Enterrés en terre de France près de Paris , mon frère s'occupât de les transférer en Israel après le début des profanations de certains  cimetières israélites. Dans chaque fosse fut réparti un petit sachet de terre d'Algérie, emporté en 1962 . Sont gravées en Francais et Hébreu les dates et lieux qui permettront aux générations futures de les reconnaître . J'ai photographié les tombes par précaution parce que j'ai le regret éternel de ne pas l'avoir fait à Alger avec mes ancêtres . Personne ne peut prédire où s'arrêtera la roue de l'Histoire .


* Cette pièce jaune de 2F avait été introduite en Algérie par les Américains en 1942 dès le Débarquement  et ainsi frappèrent  de la Monnaie Francaise pour remplacer les pièces de Vichy et s'imposer . Y figurent les mots  France, Liberté, Egalité, Fraternité mais pas " République " !


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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 18:08
      


          Le magasin de nos rêves d'enfance  "Bissonnet" était aux marchands de jouets à Alger,ce qu'est Fauchon (1) aux adultes  gourmands à Paris .

       Situé au nombril de la ville, sa vitrine me fascinait . Au mois de Décembre cette devanture, déjà toujours bien achalandée, devenait une féerie de trains électriques qui s'arrêtaient à une gare miniature pour laisser passer en sens inverse une autre rame filant dans un tunnel de carton-pâte . Sémaphores et passages à niveaux fonctionnaient à leur présence, le tout parsemé de coton qui simulait un paysage de neige inconnu à Noël rue Michelet ..Mais dans un coin, loin des oursons,des panoplies d'indien, et des poupées vêtues comme des princesses, à côté d'une Tour Eiffel en mécano clignotante de ses minuscules ampoules, j'arrêtais mon regard sur un hydravion rouge .



       Avec son hélice de couleur aluminium et ses deux gros flotteurs munis de gouvernail il me semblait avoir été construit pour moi . Arriva à point le Jour de l'An .   
         Un oncle de ma mère avait coutume de nous gâter, moi et mes cousins en nous distribuant une somme en rapport avec notre âge , lorsque nous venions présenter nos voeux pour l'année grégorienne . "Voici pour vos étrennes, mes enfants chéris" ,disait-il  en nous tendant une petite enveloppe close que nous ouvrions bien poliment ...dans la rue, en en comparant le contenu .Oncle Fernand,  qui avait fait ses études de Droit à Alger,avait pourtant suivi la voie familiale en choisissant le métier de représentant en tissus . Il voyageait souvent  dans le Nord de la France industrielle ,à Elboeuf par exemple, et en rapportait des échantillons des usines textiles à Alger et Tunis ,ces deux capitales étant de grandes consommatrices de calicot mais aussi de tissus de luxe .

   Oncle Fernand, marié avec Jeanne, une femme remarquable, mais sans descendance , nous prodiguaient ainsi leur amour pour notre jeunesse turbulente.
         Cette enveloppe me brûlait les doigts et  un matin  me retrouva léchant une fois de plus la grande vitrine , m'assurant avec  un grand  soupir que l'objet de ma convoitise se trouvait encore à la même place .
        Je franchis l'entrée avec l'assurance qu'ont les timides dans les moments décisifs et m'adressant à la vendeuse m'enquérais du prix qui était juste un peu moins que mon pécule , et me décida de m'en séparer pour réaliser mon envie irrésistible de remonter la clef de son moteur mécanique et d'entendre vrombir l'hélice. La vendeuse, qui pensait me voir repartir à l'annonce du prix exorbitant, me considéra d'un regard étrange, où son plaisir de faire une belle vente était sans doute mêlé à la jalouse pensée de voir cet enfant posséder et dépenser une telle somme .
     Un adulte n'aurait pas provoqué cette réaction intérieure et sûrement aurait été gratifié d'un grand sourire au bruit de la caisse enregistreuse  avec des remerciements aimables comme il en est coutume dans ce métier .

     Je retournais rapidement à la maison, descendant la rue Charras, et continuant rue Sadi-Carnot, en jubilant et aussi écarlate que la peinture de ce jouet, en tenant ce lourd paquet à deux mains .



  Sans perdre de temps, je remplis la baignoire à ras bord la transformant en méditerranée à fond émaillé . L'hydravion tout pesant qu'il était fait de tôle, flottait admirablement, et l'hélice en vibrant lui faisait en un rien de temps traverser ce semblant de bassin : l'essai était concluant et nous étions murs pour affronter la grande traversée du bassin du Parc de Galland .
     Le Jeudi suivant je pris le tram à la Grande-Poste jusqu'en haut de la rue Michelet, descendant au dernier arrêt de la rue Franklin Roosevelt pour monter les rudes escaliers qui débouchaient juste derrière le Grand Bassin , alors que d'habitude j'aimais d'abord acheter un cornet de cacahuètes salées, au marchand qui attendait sa clientèle  fidèle en bas du Parc au pied de la grande grille d'entrée, celle du petit bassin aux têtards furtifs et aux carpes discrètes .
  L'eau  frissonnante du bassin était sillonnée par des voiles blanches, et quelques bateaux à moteur à ressort qui cherchaient à les aborder . Je mis mon hydravion à l'eau, entouré par la curiosité des enfants qui n'avaient jamais vu une telle merveille rutilante danser sur l'eau . Il éclipsa même un long et superbe Jep, un Ruban-Bleu à deux moteurs très rare dans ce paysage et qui filait comme un zèbre !
Je remontais à fond le ressort à grand tours de clef en retenant l'hélice ,mis les deux gouvernails au point neutre , et lâchais le tout et alla rapidement de l'autre coté du bassin pour lui faire une réception triomphante .Un peu trop tôt, car mon hydravion était devenu à moitié-chemin,la cible de tous les enfants jaloux qui lancèrent leurs bateaux, et même leurs ficelles plombées non pas pour secourir un voilier en rade faute de vent, mais contre mon hydravion devenu une proie facile.
L'hélice s'empêtra dans une ficelle, et l'oiseau rouge resta se dandinant, grotesque au milieu du bassin . J'essayais de battre l'eau avec mes mains pour faire des remous qui le chasseraient de cette mer des Sargasses,mais sans autre résultat que les quolibets des gamins .
Je dus enlever mes sandales, et en les tenant à la main de peur que des malins s'en emparent, j'entrais dans l'eau tiédie par le soleil sauver mon trésor, malgré la proximité du vieux garde qui déjà faisait des moulinets avec sa canne ..

La pêche à l'Hydravion


( Un fin critique d'Art a précisé que si cet hydravion était représenté deux fois trop gros,ce devait etre du à  ce que dans le sub-conscient de  l'artiste il devait occuper
une place double, et non pas une erreur de perspective . Je ne peux qu'approuver pleinement cette subtile remarque  ).....

  Après avoir débarrasser la filasse des pales emelées, je  revins m'asseoir avec l'hydravion libéré sur la margelle trempée du bassin, ragrafais mes sandales, et le derrière tout mouillé , et craignant pour mon jouet qui avait fait tant de jaloux,décidais tristement de rentrer à la maison, mais cette fois à pied, pour ne pas avoir à expliquer mon séjour trop bref à ce bassin que j'aimais tant .
   La morale de cette aventure vous l'imaginerez vous-même , comme par exemple que l'argent ne fait pas le bonheur , ou que pour vivre heureux,il est bon de vivre un peu caché ..
     Aujourd'hui je pense que j'avais capitulé trop tôt devant ces chenapans et aurais du lutter pour mon droit à ce coin de bassin .
      Non ce n'est pas au Parc de Galland, mais ce l'aurait pu l'être ! (Un enfant du Net !)

(Photo www.lekayaketlamer.com)

    Je n'étais pas ce qu'on appelle péjorativement un fils de riche . Mes jouets étaient des rescapés infirmes des jeux de mon grand-frère, et mes acquisitions n'avaient jamais dépassé les pistolets à flèche ou les revolvers à amorces que vendaient une vieille femme buraliste toujours vêtue de noir dans notre même rue . Dans sa vitrine minuscule, je pouvais vérifier en passant si mes journaux  mensuels préfères ,"Coq Hardi","Jim Taureau," Coeur-Vaillant " ou " Hardi les Gars" avaient paru .
    J'étais au paradis avec un mécano de débutant, et construisais avec des merveilles, mon imagination complétant les pièces manquantes . Mais cet hydravion rouge m'emmenait dans des rêves éveillés plus que tout autre jouet. Écaillé et l'hélice tordue, le ressort cassé, j'en restais toujours aussi amoureux que le premier jour de mon achat ..Dans le tiroir sous mon lit, transformé en marché aux puces, il dormait sagement avec d'autres jouets dépareillés mais que je conservais précieusement,
dormant sur mon trésor .
    J'espère que le nouvel occupant en 1962  sut lui montrer  la commisération envers les vaincus, que nous n'avons pas connue .
  Des années plus tard, alors mes parents se laissèrent aller à des confidences nostalgiques avec nous , je me souviens avoir entendu le bref récit d'un voyage de Noces à Alicante, au début des années 30 . Voyage un peu pionnier certes puisque il s'était effectué en Hydravion ! La base de ce magnifique engin était située dans l'arrière port de l'Agha . De ma fenêtre du cinquième étage j'en ai le souvenir embué
quand je le voyais amerrir droit devant moi et glisser sur l'eau, et disparaître de ma vue caché par les toits rouges de Cerruti .
  J'ai retrouvé dans le lien (2) une photo aérienne de cet appareil ancré près de la rampe qui menait à son Hangar . Peut-être qu'ainsi était née en moi cette passion pour ce jouet  .

(1) Fauchon : Célèbre Traiteur mais pas pour les... fauchés, situé Place de la Madeleine. (Non, pas en souvenir de celle de Proust, mais de Marie-Madeleine,la repentante !) .

Sauveur Galliero, Peintre d'Alger (1914-1963), a peint un bassin,avec des enfants qui y jouent  . ( Non ce n'est pas celui du Parc de Galland, mais la joie y est la même ).


(2)  http://www.hydroretro.net/etudegh/leoh24af.pdf


Sur l'origine de ces jouets célèbres un site émouvant :
http://www.seine-saint-denis.fr/Les-plus-beaux-jouets-du-monde.html

Le F-260 était vraiment semblable au HD-412 . Dans ce  le lien rare sur le Dewoitine  on peut apprendre qu'il ne fut construit qu'à un seul exemplaire :
"Cet hydravion de construction entièrement métallique propulsé par un moteur Lorraine de 2.200 CV ainsi que le Bernard HV-220 doté du même moteur avaient été préparés pour disputer la Coupe Schneider de 1932, après de nombreuses années d'absence d'avions français dans cette compétition. Ce monoplan à aile basse de l'Escadrille de Haute Vitesse dont la vitesse devait dépasser 600 km/h ne put cependant faire ses preuves à la suite de la troisième victoire anglaise (Supermarine ) en 1931 dans le Solent qui entraîna aussi la dissolution de l'Escadrille en mars 1932. "
http://jnpassieux.chez-alice.fr/images/HD412_2.jpg

Sur le site "Joconde",au Musée des Arts Décoratifs, section jouet :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_
fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_98=AUTR&VALUE_
98=fabricant&NUMBER=185&GRP=0&REQ=
%28%28fabricant%29%20%3aAUTR%20%29&USRNAME
=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=1&SYN=
1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=200&MAX3=200&DOM=All

 ( Ce musée parisien , rue de Rivoli, possède une collection permanente sur les jouets de notre génération, à ne pas manquer ) .


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6 novembre 2008 4 06 /11 /novembre /2008 10:43
Dans cette précieuse lettre, à l'en-tète de la Knesset,YItzak Rabin évoque avec un  correspondant le problème de la tolérance religieuse dans la population juive entre ce que je me permettrais de dire, celle de la Lettre et celle de l'Esprit , une considération universelle applicable à toutes les religions .



Knesset Israel, ce 14 Avril 1991 .

 J'ai bien reçu votre  lettre en réponse de la mienne à la précédente . L'essentiel de mes pensées est inscrit dans ma première missive : chacun vit suivant ses convictions . Dans l'Etat d'Israel vivent de nombreux juifs ( presque 4 millions et j'espère qu'ils se multiplieront ) . Il est du Judaïsme des façons de vivre différentes en Israel (comme dans le monde) .
Nous sommes tous des juifs, et il y a chez nous ceux qui pratiquent la religion dans toutes ses régles, et ceux qui les observent un peu  moins. A ce sujet c'est ce qu'on nomme à tort ici les "Religieux" ou les "Non-pratiquants" .
L'essentiel est de trouver chez nous le meilleur de nous-même pour transformer l'Etat d'Israel en un pays où  le peuple juif puisse y vivre en sécurité ainsi que les nombreux qui y viendront s'y établir .
C'est notre devoir de réaliser de toute notre force le rêve de générations de juifs à s'établir dans Sion et la construire de nouveau .

Avec ma considération.
                                  
                                                                            
     Yitzak Rabin .



A coté des escaliers,à l'endroit  où Yitzak Rabin est tombé,les graffitis avaient spontanément  fleuri, dont le plus connu est le " Slira" dessiné en grandes lettres :"Pardon !" a tracé  un inconnu  exprimant la voix de la grande majorité  . Ces deux photos ,je les ai prises cette semaine en revenant une fois de plus me recueillir à cet endroit où la tolérance a été assassinée .




Des blocs de basalte bouleversés comme nous le sommes encore et le serons toujours .Des passants ont déjà commencé à déposer des fleurs et allumer des bougies .




Extrait d'un journal israélien de cette semaine de Novembre 2008 ;rien n'aurait-il donc changé ?

16:29  Le Vatican a accueilli mardi le premier forum catholiques-musulmans, qui s'étendra sur trois jours. Le forum est destiné à renouer le dialogue avec les musulmans deux ans après la crise provoquée par le discours de Benoît XVI à Rastibonne.  (Guysen.International.News)
Au cours de ce discours, le Pape avait cité l'empereur byzantin, Manuel II Paléologue : «Montre-moi donc ce que Mohamed a apporté de neuf, et alors tu ne trouveras sans doute rien que de mauvais et d'inhumain, par exemple le fait qu'il a prescrit que la foi qu'il prêchait, il fallait la répandre par le glaive.». La citation avait enflammé le monde musulman.
16:19  Israël : la menace d'un nouvel assassinat politique est imminente, a estimé mardi le ministre Binyamin Ben Eliezer lors de la cérémonie au mont Herzl à Jérusalem commémorant le 13e anniversaire de l'assassinat d'Itzhak Rabin.  (Guysen.International.News)

03:21  Il y a 13 ans, le quatre novembre 1995, le Premier ministre de l'Etat d'Israël Itzhak Rabin, fut      assassiné par un extrémiste juif israélien.  (Guysen.International.News)



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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 22:41


 
   Une des dernières photos prise à la "Manifestation contre la Violence", le Samedi soir,4 Novembre 1995 et  qui fut distribuée le lendemain  dans les grands quotidiens .
( Yitzak Rabin 1922-1995 fut Combattant, Général en Chef, Ministre de la Défense, et Chef du Gouvernement )


 Le lendemain du crime .


Ce matin, je suis sorti sans manteau pour aller au travail. Une grosse pluie de début d'hiver martelait Tel-Aviv ,et j'allais dans la rue la figure battue par les gouttes violentes qui balayaient en biseau le quartier endormi . La terre des jardins ne buvait déjà plus les eaux dégoulinantes et les égouts engorgés par les premiers gros orages transformaient les rigoles en ruisseaux qui peu à peu débordaient sur les trottoirs . Abrité sous un arbre feuillu qui agitait ses branches sous les rafales de vent,je regardais les filets d'eau qui glissaient des feuilles vernissées et entraînaient dans leur chute les brindilles cassées et les feuilles jaunies et décollaient des pare-brises des voitures rangées silencieusement leurs petits placards empoisonnés et délavaient les affiches ignominieuses et les lâches et hâtifs graffitis des murs barbouillés de rouge, comme pour la toilette mortuaire de la ville en deuil ..
Les gargouilles des toits vomissaient les liquides qui balayaient les poussières et les sables de l'été ,fourbissaient les carreaux et les marches des trottoirs tout luisants, mais la honte incrustée dans les dalles de la Place des Rois d'Israel , ineffaçable,
embuait même les yeux des ennemis d'hier . J'attendais une accalmie , encore assommé par le crime de la veille dont j'avais été témoin à cette funeste soirée à la télévision . Hier soir encore, Yitzak Rabin clôturait une manifestation de masse contre la violente opposition  qui gangrène le pays en  chantant en choeur avec des centaines de milliers de citoyens la Chanson de la Paix . La joie qui se lisait sur son visage de se voir entouré de fidèles citoyens, l'enthousiasme des participants , en quelques minutes se changea au bruit de coups de feu en une tragédie qui allait bouleverser l'Histoire .

Embrassant sur le podium ses amis et se séparant d'eux,  il descendit les marches pour regagner sa voiture et là,l'attendait patiemment son assassin qui avait échangé des sourires hypocrites avec les  policiers de garde et brusquement  lui tira dans le dos à bout portant des balles de son revolver (1).
Le reportage que l'on croyait terminé reprit  avec l'annonce des détonations et sur l'écran parut une foule de policiers en cercles concentriques  plaquant contre un mur l'assassin . Je venais d'assister avec tout Israel, à l'assassinat du Premier Ministre Yitzak Rabin . Le commentateur qui au début ne pouvait donner de détail sur la gravité des blessures, revint sur l'écran en jaquette et cravate noires, annoncer au peuple juif la mort de celui qui avait dès l'âge de 17 ans participé victorieusement à tous les Combats d'Israel pour mourir ce 4 Novembre 1995 en fin de Shabat sous les balles d'un juif fanatique .
Le chauffeur du Premier Ministre et le garde du corps qui avait poussé Rabin
mourant dans sa voiture foncèrent vers l'hôpital Ichilov tout proche, se frayant un chemin dans le quartier encombré par la manifestation . Rabin fut aussitôt placé en salle d'opération ,tandis qu'à l'entrée de l'hôpital la foule attendait des informations . Eytan Haber, son ami et secrétaire parut enfin à 23 h,le visage décomposé et apprit à la Nation la mort du Héros de la Guerre des Six Jours avec ces mots :

" Le Gouvernement d'Israel fait part avec la plus grande stupeur et profonde douleur  la mort d'Yitzak Rabin, qui a succombé sous la main d'un assassin ce soir à Tel-Aviv" .


Suivirent des cris déchirants " Non, non, ce n'est pas possible !" des citoyens en larmes qui attendaient devant le porche de l'hôpital .
 Les médecins  confièrent à Aber le combien symbolique papier plié dans la veste  et couvert de sang où étaient inscrites  les paroles de la Chanson pour la Paix que Rabin avait entonnées moins d'une heure avant . Pour moi,comme pour beaucoup de citoyens, Israel n'était plus ce qu'il représentait de Justice et d'Amour .La lutte fratricide était un fait, comme aux temps bibliques . Voici pourquoi il a été assassiné, il venait de déclarer ce soir là :

"J'ai été un soldat pendant vingt-sept ans, j'ai combattu aussi longtemps qu'il n'y avait pas de chance de paix, mais je crois qu'aujourd'hui cette chance existe. Le peuple veut la paix et s'oppose à la violence car c'est la violence qui mine les fondements de la démocratie israélienne. Il faut la dénoncer, il faut l'isoler, il faut la vomir...... la voie de la paix est préférable à la voie de la guerre. C'est un soldat qui vous le dit, un ministre de la défense, un homme qui a vu la douleur des familles en deuil.... c'est pour ces familles, pour tous les enfants de notre pays et, dans mon cas, pour mes petits enfants que mon gouvernement doit tout mettre en oeuvre pour arriver à la paix...."

  (1) Rabin ne portait jamais de gilet protecteur bien que très menacé .

Mon transport du personnel s'approchait .Une pièce de tissu noir flottait  à son rétroviseur, comme à ceux de tous les véhicules qui passaient . J'allais le coeur serré à mon travail. C'était le meilleur hommage que je pouvais faire à Yitzak Rabin . 
Le cercueil de Rabin drapé de l'Etoile de David à bord d'un command-car, monta lentement de Tel-Aviv à Jérusalem, passant sur cette route bordée de chaque coté des épaves des autos et camions blindés qui avaient forcé le blocus de la Capitale lors de la Guerre d'indépendance à laquelle Rabin avait participé . Il ne pouvait pas être de plus émouvante garde d'honneur que les témoignages muets de ces sacrifices  glorieux .
Les paroles de sa femme Léah pleine de dignité et sans esprit de vengeance, les mots bouleversants prononcés par Noah,sa petite fille, firent de ces obsèques  un deuil vraiment  national  et même international .



Qui mieux que
Itzak Rabin pouvait connaître le conflit qui oppose encore aujourd'hui Israel et ses ennemis à ses frontières et même à  l'intérieur. Les sanglants attentats ordonnés par Yasser Arafat rendaient la vie infernale aux israéliens. Rabin à Oslo pensa trouver le début d'une solution pacifique où la parole ferait place à la violence . Il y croyait et il signa des accords où tout était minutieusement prévu, tout sauf qu'Arafat était un cruel menteur qui  fit de cette cérémonie largement médiatisée une farce sitôt l'encre séchée .
Arafat
n'avait jamais pensé à reconnaître l'Etat d'Israel, quelque soit sa taille et ses frontières, même de 1949. Dans les écoles palestiniennes la haine  et les mensonges étaient enseignés ( comme maintenant ) dès la première classe . Le vent en poupe, et soutenu par l'O.N.U, il poursuivit scientifiquement  ses attentats avec des bombes mises à feu par téléphone portable, tout en torturant dans ses territoires  tout oppositionnaire .
Les autobus explosaient avec leurs passagers à Tel-Aviv et à Jérusalem et la colère montait chaque jour un peu plus dans la rue accusant la politique de Rabin . Sachez qu'à cette époque en ville, les automobilistes se tenaient à bonne distance  des autobus, craignant de sauter avec . Et des passagers soudain suspicieux à la vue d'un passager ou d'un sac  descendaient des transports en commun avant l'arrêt de leur choix .

L'opposition odieuse tapissait les murs d'un Yitzak Rabin déguisé en uniforme SS, ou coiffé de la Kafya de Yasser Arafat . Les manifestants hurlaient sous sa maison jour et nuit. Un Ravaillac allait sortir de l'ombre et préparait soigneusement sa mission mystique. Les services secrets qui auraient du le découvrir firent défaut . Ygal Amir ainsi que son frère avaient caché un arsenal de munitions dans le Jardin d'Enfants tenu par ses parents. Ygal Amir, étudiant en Droit (!) à l'Université de Bar-Ilan à orientation religieuse, ne cacha rien de ses opinions  politiques et se félicita au Tribunal de son action ignominieuse . Il est considéré à ce jour comme un "Sauveur" par une faible fraction de la population israélienne .Traduit en justice,il a été condamné à la prison à vie. Peu à peu ses conditions de détention ont été améliorées. Ces dernières années, il a été autorisé à se marier à l'intérieur de la prison, avec une divorcée mère déjà de quatre enfants. Certains de ses partisans politiques poursuivent leur lutte pour obtenir sa libération, quoique que la grâce présidentielle lui ait été interdite à jamais par le Tribunal .
Une cellule spéciale l'a reçu lui et sa femme pour que l'acte du mariage ne soit pas qu'un document . Un petit garçon est né d'Ygal et Larissa Amir et a été circoncis un.. 4 Novembre, 12 ans après  le crime  .
Depuis longtemps Israel est sortie de Gaza . Un mur de béton a enfin été élevé (bien qu'incomplet) après que tant de victimes juives innocentes en aient payé le prix de son absence et trace une frontière physique provisoire .Les tueurs ne peuvent plus voyager en taxi de Ramallah ou Djénine pour  venir commettre leurs forfaits . La sincérité de Rabin dans son espoir d'un règlement du conflit n'a pas abouti :un ennemi encore plus féroce si cela était possible et intransigeant règne à Gaza et y fait régner la Charia et la terreur par tous les moyens . Israel, malgré les tirs intensifs de fusées en provenance de Gaza, non seulement laisse passer (2) les transports d'essence,de gaz,de ciment et de fer de construction et surtout d'alimentation et médicaments pour aider la population arabe,mais ouvre aussi  sa frontière humanitaire aux enfants gazaouites qui souffrent de cancer ou de déformations cardiaques pour les hospitaliser dans les meilleures conditions médicales .
L'esprit d'Yitzak Rabin n'est pas mort .

(2) La frontière de Gaza avec sa voisine l'Egypte (!) est hermétiquement close, une tactique pour à la fois éviter la contagion du Hamas, mais aussi pour éloigner tout espoir de solution en maintenant sous pression les habitants .

Un soldat du nom de Guilad Shalit, blessé dans son tank stationné à un avant poste de Gaza,( ses camarades y ont été tués ), a été  enlevé il y aura bientôt plus de 4 ans par le Hamas qui le tient au secret le plus total , sans visite de la Croix-Rouge ou d'une autre instance internationale au mépris des Conventions de Genève .  En Israel les prisonniers arabes jouissent de tous les droits légaux , y compris de se marier,
recevoir du courrier et des colis, des visites, des avocats et même d'étudier,  comme le sinistre assassin du nom de Sami Kuntar  qui a écrasé le crane de la  petite fille de 4 ans à coup de pierre,et ensuite tué son père, et a causé l'asphyxie du bébé caché dans une armoire . Ce monstre en pleine santé (95 Kg)
vient d'être échangé à la frontière  Libanaise contre des ossements de soldats israéliens après deux années que le Hamas les faisaient croire blessés). Il a été accueilli au Liban comme un héros par toutes les autorités , et  promu comme un exemple dans  les troupes du Hamas . Il y fait avec eux le salut hitlérien à chaque parade .


             ( Le temps passe Camarade et tu nous manques )


(Ce 
placard était collé à de nombreux véhicules, et parfois encore aujourd'hui )

  Un jour que j'attendais ma fille qui chantait dans une chorale dans un auditorium en l'honneur de je ne sais plus quelle occasion où
Yitzak Rabin était venu prononcer quelques mots, je le vis soudain sortir devisant avec un ami et descendant les quelques marches pour se diriger lentement vers son auto, la célèbre  bleu-métal aux rideaux blancs . Il passa près de moi . Je fus tellement surpris que j'en oubliais de le photographier ! Durant toute mon attente sur l'esplanade ,je ne fus pas inquiété par son chauffeur et gardes du corps occupés à choisir des boissons rangées dans un mini-réfrigérateur dans la malle arrière .

  Au sujet de cette tragédie, nombreux sont les auteurs qui ont sauté sur cette occasion pour falsifier la vérité, propager de fausses informations et délirantes  suppositions de conspiration et semer le doute pour masquer les responsabilités, comme celà est commun dans les évènements politiques. La vérité nue est assez cruelle pour se suffire à elle-même et entrer dans l'Histoire .
Des photos de ces journées épouvantables et des témoignages télévisés abondent sur le net ,mais mon but était de vous faire part de mon émotion personnelle qui me laisse inquiet pour l'avenir .

Voici le Mémorial construit par Yael Ben-Artzi sur l'emplacement de l'attentat,rue Ibn-Gvirol,à la hauteur de la Mairie de Tel-Aviv. Les morceaux de blocs de basalte chaotiques issus du Plateau du Golan  symbolisent la secousse quasi tellurique qui saisit les Israéliens à cette date. En fond, des graffitis et un grand "Pardon!" dessiné en grosses lettres : le reflet d'une prise de conscience dans le pays ,mais trop tardive .
Dans ma détresse de Novembre 1995, je ressentis comme un apaisement après la tempête, car chacun semblait se rapprocher de son voisin après le coup de tonnerre.  Après  14 ans, c'est la même émotion et appréhension qui m'étreignent quand je passe sur ce trottoir .
J'avais alors écrit une lettre à la famille Rabin en 1995 ; restée cachetée et timbrée je ne l'ai jamais envoyée, et je m'en félicite car elle n'était pas mesurée . Alors je lui dédie ce modeste blog où j'y ai recopié quelques phrases d'alors en solidarité et admiration .

(photo Tour-plan-israel)

Je vous invite à écouter la chanteuse Meital Trabelsi interpréter cette chanson  mise en musique  par Naomi Shemer en la mémoire d'Yitzak Rabin, à partir du poème de Walt Whitman "Oh Captain,My Captain !" écrit en l'honneur du Président Abraham Lincoln assassiné en 1865.
Sur l'écran paraissent le visage  épuisé de Léah Rabin (décédée depuis ) et de sa petite-fille Noa dont les mots ont tant ému un peuple entier aux obsèques de son Grand-Père .





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19 octobre 2008 7 19 /10 /octobre /2008 11:05
Non vous ne trouverez pas ici un sujet traitant des merveilles du  placage sur bois mais quelques peintures non moins magnifiques d' Albert Marquet l' illustrateur sur la toile des paysages d'Alger et de sa rade,par tous les temps .
Ne croyez pas qu'il soit facile de trouver les reproductions de certains tableaux sur internet . La plus-part sont protégées par la griffe des éditeurs qui apparait comme un furoncle sur le tableau . Après tout, ils n'y sont pour rien dans ces créations ! Je suis donc allé de longues heures,assis devant mon écran, pour retrouver dans les musées de France et de l'étranger les tableaux d'Albert Marquet  peints lors de son passage à Alger qu'il choisit,lui et sa femme, pour y trouver refuge pendant la période de l'occupation de la France qu'il avait fuie . Il aurait pu comme beaucoup d'autres y vivre sans être inquiéter, comme Picasso qui recevait les visiteurs nazis, mais son patriotisme ne lui permettait pas sans doute d'y  respirer librement .Marquet ne voulut pas rester dans son appartement du Quai St-Michel à peindre de son balcon cette Seine qu'il adorait mais teintée de "Vert-de-Gris" (Feldgrau). Il ne pouvait mieux  remercier la Capitale de la France en Guerre qu'en l'immortalisant  en peignant à l'huile et l'aquarelle et en dessinant à la plume ou au crayon, sur de la toile ou  un support en bois, ou même sur une simple feuille de papier ,les paysages changeants d'Alger.


                                     L'Escadre dans le Port d'Alger (1943)


                                       Les "Liberty Ships" dans notre  port :
              


Mais ,j'ai retrouvé ce tableau à l'huile sur le catalogue de la ventes aux enchères de l'hôtel  Drouot . J'en extrais la présentation ci-dessous  :

"... La palme des enchères revenait à 90 000 euros à une toile d'Albert Marquet montrant L'Arrière-Port de l'Agha à Alger (108 297 euros frais compris.Albert Marquet (1875-1947),L'Arrière-Port de l'Agha,huile sur toile.65 x 81 cm. Cette huile sur toile d'Albert Marquet montrant L'Arrière-Port de l'Agha de la capitale algéroise frôlait, à 90 000 euros, son estimation basse. Elle a été achetée directement à l'artiste à Alger par Gaston Chebat en 1944. On la retrouve, toujours à Alger, dans la collection Lucien Garcia*. En avril 1989, elle était présentée à Paris à Drouot-Montaigne, mais ne trouvait pas preneur. La superficie du port de cette ville est passée de3 hectares en 1830 à 200 hectares dans les années 1960. L'arrière-port d'Agha constitue un refuge privilégié pour les navires, le port lui-même étant soumis à de forts courants marins et à des ressacs qui peuvent le rendre dangereux. Il a été créé dans l'entre-deux guerres grâce à l'extension de la jetée est. Les gigantesques travaux entrepris, nécessitant le mouillage de blocs de béton pesant jusqu'à450 tonnes, ne furent pas menés sans peine. Ainsi, le 3 février 1934, pas moins de 300 mètres de la jetée furent emportés en pleine journée par une tempête, tuant au passage 6 ouvriers travaillant pour les entreprises Schneider. Le port d'Alger constitue un des sujets de prédilection d'Albert Marquet, qui occupait un atelier tout près de la pension Venot, sa première résidence algéroise. C'est en janvier 1920 qu'il débarque dans la cité, accueilli par le collectionneur Louis Meley. L'artiste y rencontre celle qui deviendra sa femme, Marcelle Martinet. Précisons que sa découverte de l'art musulman s'était produite en 1910, lors d'une exposition à Munich, qu'il visita en compagnie d'Henri Matisse. Selon ses propres termes, il en ressortit « ébloui et très impressionné », et fut amené à faire la navette pendant près de 25 années entre la France et l'Algérie, )."
*J'ai vu sur internet que Lucien Garcia,était alors Assureur Maritime ,rue Michelet à Alger ,et amoureux de la mer, possédait  un bateau de plaisance dans la Darse de l'Amirauté .

                                          L'Arrière port de l'Agha, un jour nuageux:

Il faut regarder longtemps ce tableau ,vous êtes assis, donc vous avez le temps de vous imprégner des lumières et de vous imaginer regarder avec les yeux de Marquet ce paysage que l'artiste a peint tant de fois, mais toujours d'une manière différente suivant les saisons et  sa sensibilité à l'air du temps pendant  ses années algéroises.


"Peintre fauve à ses débuts, Albert Marquet a une vision picturale résolument moderne : "le triomphe du gris" dans la perception de la lumière, la concision, le dédain des impressions inutiles... Du haut d'une fenêtre, le regard innovant de ce vieil ami de Matisse plonge sur Alger. Il revisite la Place du gouvernement où le panorama de La Baie d'Alger, peints plus de 300 fois. De nombreux artistes, spectateurs du même paysage à Alger s'en inspirent. Certains rencontrés en Algérie sont devenus les amis du peintre et se laisseront influencer par sa manière."
( Evene ) .

Et voici une photo prise dans les années 50 ,d'un point peu éloigné du site de Matisse :d'un étage élevé du dos d'un immeuble dont la façade donnait sur le Boulevard Baudin . J'ai déjà commenté cette photo dans le blog " Machine Arrière " et j'y reviens pour la comparer au tableau d'Albert Marquet . Ce cliché, je l'avais pris avec un tout petit appareil :un fidèle "Elgy Lumière", entièrement manuel, mais dont le "piqué " laisse un peu (beaucoup) à désirer . Peu importe, je n'ai rien oublié du moindre des détails de ce paysage qui s'est inscrit en moi comme une litho gravée sur la pierre à l'acide . Ma regrettée tante, Suzanne Lévy (née Meyer), une fine Orientaliste amateur, réalisa du même endroit où j'ai pris cette photo ( son balconnet) et juste  quelques mois avant, un très beau tableau à l'huile de ce paysage . Ce tableau, collection privée, orne l'appartement de sa fille à Lyon .  Je souhaite un jour y voyager pour pouvoir comparer son chef-d'oeuvre à celui de Marquet .
C'est le coeur du Port: la célèbre grue à vapeur "Atlas" décharge un lourd wagon suspendu sous son palan . Sur cette voie ferrée se croisaient  les trains de voyageurs ou de marchandises venant de l'Agha ou de la gare Centrale .


J'en arrive même à  percevoir donc  ces tableaux d'Albert Marquet du Port d'Alger, comme un cadeau personnel . Ensoleillé ou embrumé,à la mesure de l'humeur du peintre qui y excellait  ce paysage d'enfance a accompagné mes joies ou tristesses quand j'étais accoudé à ma fenêtre .

                                              Le Port d'Alger en 1939

Cette jetée en zig-zag est comme l'ultime signature d'Alger . Celle qui a mis un point final à notre passé .



Fin de l'été 1953, j'ai eu l'occasion et la joie d'accompagner mon père en Kabylie, à la recherche  de propriétaires de  Caroubiers pour en acheter la récolte . Nous voyagions dans une grosse Hotchkiss qui datait  de juste avant la guerre .(la 2ième mondiale !) . Une vraie aventure, car les vitesses sautaient toutes seules, et il fallait tout la science paternelle pour la conduire . Tandis que j'attendais  peu rassuré dans la voiture,comme dans un blindé,mon père sous une tente entouré des habitants en burnous, examinait les échantillons de ce fruit  qui sauvage est peu comestible,mais qui greffé donne un fruit oblong à la chair  épaisse et chocolatée,très utile  dans l'industrie alimentaire . Mon père s'exprimait en arabe, une langue qu'il n'avait apprise dans sa jeunesse à son Lycée Louis-le-Grand à Paris ,mais forte utile pour les transactions dans la montagne et parler à hauteur d'homme avec ces campagnards très futés . Je revis souvent ces visages burinés des Kabyles à Hussein-Dey, livrant leur marchandise odorante dans des sacs de jute à l'usine de concassage . J'appris alors ce qu'était une` "tare" lorsque le contre-maitre pesait au pont-bascule leur camion,avant et après le déchargement ,ce qui évitait toute discussion sur le poids de la marchandise livrée.
Un  soir, nous dûmes coucher à Bougie dans un hôtel qui avait une vue superbe sur le port .  Bougie, par temps gris,une aubaine que Marquet n'a pas manqué d'immortaliser .

                                            Le Port de Bougie par temps gris (1925) .



Mon père décida de faire un détour pour gagner Mostaganem et se recueillir sur le caveau des Blum, sa famille maternelle . Comme c'était le début du mois dans le calendrier hébraique ("Rosh-Hodesh"), le gardien voulut respecter l'interdiction mensuelle d'y respecter le silence des Morts et refusa au début de nous laisser entrer .Mais lorsqu'il reçu  la mission rémunérée de veiller spécialement à l'entretien  de la tombe, il nous ouvrit le portail . Le Caveau était entouré d'une petite grille basse ,je me souviens de la pierre grise et surtout de l'intense émotion paternelle . Ce fut notre dernière visite . Depuis je ne peux que lire ce qu'il est advenu en général de nos cimetières . Dans "Alger-Roi" je lis ce commentaire sur le  cimetière israélite de Mostaganem :
"Abandonné ; mur du bas du cimetière en ruines en partie disparu.Le gardien qui a l'air efficace a transformé les allées du Cimetière en "défenses de la ligne Maginot" : barbelés, chicanes aciérées, chausse trappe pour protéger les Tombes encore correctes.."
 

Albert Marquet se maria en Algérie en 1923 à  Marcelle Martinet,( née elle-même en Algérie),et qui prit alors  comme nom de plume celui de "Marty" . Un de ses oeuvres  "Un Sidi ou la vie est belle...". Elle écrivit juste après son mariage un conte  pour enfants : "Moussa le petit noir ". L'histoire d'un enfant de Touggourt qui découvre la  ville d'Alger ;le tout illustré bien-sur par Albert Marquet .



                                              Marcelle Marquet par le peintre :



Marcelle Marquet et son mari furent actifs dans la Résistance algéroise et organisèrent avec Albert Camus et d'autres intellectuels  le Cercle "Combat" .
Dans le remarquable site de mémoire de Denise Boullet vous découvrirez les souvenirs de cette époque  où sont souvent cités les Marquet et les grandes qualités de coeur de Marcelle, avec une lettre autographe émouvante,qu'elle envoya alors  presque paralysée à la fin de sa vie .
http://denisevb.free.fr/guerres/3945/moscatel.htm

Dans le lien ci-dessous,il est question du secret de Marquet ,ou plus tôt de sa jolie femme . Les illustrations osées datées de 1905 sont un tout autre genre de sujets que nous sommes  habitués à voir chez ce peintre au dessin de grand talent .
Choking , s'abstenir ! .
http://adventuresintheprinttrade.blogspot.com/2007/11/secret-art-of-albert-marquet.html

Pour admirer encore de fines aquarelles et dessins de Marquet la plus part d'Algérie
le lien suivant vous comblera :
http//www.wolseleyfinearts.com/catalogues/Albert%20Marquet.pdf

 

Extrait de la présentation du Catalogue de Wildenstein et Jacques Martinet .
"Jean-Claude Martinet,le neveu de Marquet par sa femme est originaire d'Alger ; à 18 ans il s'engage dans les commandos d'Afrique. Installé en France à partir de 1962, il s'occupe de l'atelier de Marquet et entreprend, en compagnie de Guy Wildenstein  le catalogue de son oncle sur lequel il travaille jusqu'à sa mort en 1984. 

Le catalogue d'Albert Marquet est le premier ouvrage consacré à la totalité de l'œuvre peint de l'artiste.
Il comporte trois volumes thématiques dont Marquet et l'Afrique du Nord forme le premier volet. Grand amateur de voyages, le peintre découvre d'abord le Maroc et Tanger au cours de deux explorations en 1911 et en 1913 avant de s'embarquer en 1920 pour Alger qui deviendra sa seconde patrie. La Tunisie l'accueille en 1923, lors de son " voyage de noces ", et l'Égypte en 1928. L'Algérie fait sa conquête et chaque année il retourne à Alger ; ses tableaux reflètent au fur et à mesure du temps qui passe ses préoccupations et ses découvertes.
Grâce à sa femme Marcelle Martinet, délivré de toutes contraintes matérielles, il peut travailler et donner libre cours à son inspiration. En 1941 l'achat de sa " campagne " Djenan Sidi Saïd lui offrira une palette exceptionnelle de motifs et de couleurs qui seront sa source d'inspiration principale pendant les années de guerre. Sept cent quarante et un tableaux constituent l'ensemble des peintures présentées dans ce premier livre ; chaque notice, en plus de sa fiche technique, se compose de trois rubriques Expositions, Bibliographie et Historique, suivies d'un commentaire adapté à chaque œuvre ".
 Albert Marquet et son admirable Marcelle  furent un couple unique dans l'Histoire de l'Art  de notre Algérie qui fut une terre féconde pour tous les artistes .

Note extraite du site:
http://www.invaluable.com/auction-lot/albert-marquet-1-c-tplcml5kfl 

"In 1941 Marcelle and Albert Marquet moved to Djenan Sidi Säid, located in Algeria in the region of Montplaisant and on the outskirts of Beau-Fraisier. They purchased a villa which they called Le jardin du Seigneur heureux as it had a lush and expansive garden as well as being well situated on a mountain with a vast aerial perspective. Marquet spent much of his time on the outskirts of Bab-el-Oued near the ocean which resulted in a creative outburst of paintings, all of which focused on how sunlight and color affect one's perception in a given moment in time.


                 Et cette meme campagne sous la pluie :la route de Montplaisant



Marcelle wrote to George and Adèle Besson describing the villa and garden as being surrounded by acanthus with large leaves which covered the path leading to the terrace. Upon climbing the stairs to the terrace one sees the last district of Djenan Sidi Säid and the ocean, all surrounded by rose trees, cypresses and lush exotic flowers. Their house was well placed and isolated which allowed Marquet to produce a multitude of paintings with varying vantage points of Montplaisant. Each painting focused on varying aerial perspectives in the different seasons at different times of day.
It is clear that all of the paintings Marquet produced in Algeria were between the years 1941 and 1946 as Marcelle Marquet kept a journal while they lived in Algeria until they eventually returned to Paris. The villa was eventually donated to the Algerian government in hopes to foster artistic creativity for young artists; however, it was eventually destroyed and no longer remains intact. "
Honte aux fossoyeurs du passé !!

A lire aussi  ce superbe lien :

http://babelouedstory.com/cdhas/38_39_marquet/marquet.html

 A regret,je mets point un point final à cet article, mais pas à notre passion pour l'oeuvre prolifique de cet artiste.
( 1875-1947 ) .


 F I N


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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 12:09
Qui et Pourquoi .

Qui ne jeune pas ce jour-là avec ses semblables,se prive du plus important jour de l'année hébraique .Kippour est la fete la plus solennelle de la tradition juive, je dis tradition et non pas religion car meme les moins pratiquants vont  à la Synagogue écouter chanter le Kol Nidre  et entendre le Shoffar qui cloture la fin du jeun . D'Alger il m'en reste des souvenirs émerveillés quand sur le chemin de la Synagogue avec mes parents,nous allions rendre visite aux ainés . Leur accueil chaleureux me faisait oublier l*absence des carafons de limonades et les dattes fourrées aux amandes qui nous avaient été offertes une semaine avant à Rosh-Hashana ! Ce jeun entrecoupé d'embrassades et de prières à la Synagogue passait bien vite. Et héroiquement j'attendais à notre retour,accoudé à la fenetre, pour essayer de distinguer un fil blanc d'un fil noir, signe indicutable avec l'appartion de la première étoile que le jeun était clos et que nous pouvions passer à table déguster les premiers grains de raisin ! Avant d'attaquer le diner traditionnel qui était semblable à celui de la veille avec la différence que le gateau était un Kougeloff aux raisins secs  dont je beurrais la tranche,comble de gaterie,avant de le tremper dans du lait tiède et sucré.... .
Pourquoi jeune-t-on ? Pour etre en meilleur terme avec D.... pour se faire pardonner des péchés ! Il y a bien-sur des explications plus sérieuses, savantes et talmudiques . Mais pour moi c'est un coup de frein dans notre vie vertigineuse pour s'arreter un temps, réfléchir, et regarder autour de soi le Qui et le Quoi de la vie .
Je dois dire que jusqu'à ma montée en Israel, c'était en France  avec Rosh-Hashana (le nouvel an ) et Pessah (la Paque) les liens discrets et essentiels que nous respections dans notre famille pour ne pas briser la chaine bi-millénaire qui nous unit au Judaisme dans l'ilot spirituel  où nous vivions.
Car après avoir été, comme excellents Français, chassés d'Algérie par les Accords d'Evian et les assassinats du F.L.N. réunis, et comme juifs par l'Algérie nouvelle , notre famille,comme beaucoup d'autres, s'était dispersée comme les éclats d'un vase fracassé sur le dur sol métropolitain . Les déplacements se firent plus difficiles, les synagogues étaient devenues de tristes oratoires, la kippa dans la rue pour ne pas attirer des regards de degénérés restait froissée au fond de la poche ..
L'embargo  sur la livraison des 50 Mirages, décrété par De Gaulle,et surtout son discours sur un "Israel dominateur" ,alors que le minuscule Etat hébreu avait eu à faire face aux attaques synchronisées de l'Egypte,de la Jordanie,du Liban, de la Syrie,de l'Irak.et meme de l'Algérie avec le soutien moral et financier des Etats  Islamiques, me mit hors de moi devant cette injustice à un moment critique de l'Histoire d'Israel .
Dov, un talentueux caricaturiste israélien est le créateur de ce petit bonhomme à la coiffe nationale, qui est devenu le symbole d'Israel et qui anime tous ses dessins . Après le discours fielleux de De Gaulle, Dov avait en quelques coups de crayons, exprimé la pensée d'une Nation entière. Pourtant De Gaulle fut profondement admiré par Ben-Gourion, qui en son temps, avait vu en lui le Chef d'un Etat qui avait dit non à la capitulation .




Je me suis donc retrouvé à la fin de la guerre, dès que les lignes aériennes furent rétablies entre Paris et Tel-Aviv, comme beaucoup d'autres volontaires d'abord travaillant dans un kibboutz et ensuite aidant dans le Sinai à ranger des caisses de munitions et du matériel, là où l'armée de Nasser avait été anéantie .
Cette photo je l'ai prise au Col du Mitle où les parachutistes d'Ariel Sharon descendants du ciel  en fermèrent le passage à l'armée égyptienne et permirent à l'aviation d'anéantir ces colonnes ,transformant  une armée moderne en un charnier de ferraille .


A perte de vue dans le Sinai des dizaines de km de véhicules , canons tractés, blindés énormes  tous de fabrication soviétique, éparpillés et noircis par le feu, ayant vomis qui leurs tourelles et leurs munitions à demi enterrés dans le sable avec encore des cadavres déjà parcheminés par le soleil  dont certains pointaient  leurs os hors du sol, déterrés par les bandes de chiens sauvages . Par respect pour ces morts, je ne publie pas les photos de ces horreurs de la guerre .
Je pensais comme tous alors,qu'un pareil désastre dantesque  de l'armée ennemie leur enléverait à jamais l'envie de nous attaquer de nouveau .
Le jour de Kippour , à la base,précèdement camp égyptien et où flottait maintenant l'Etoile de David ,j'étais encore le volontaire et locataire unique dans  ma tente avec un petit chien que j'avais et qui m'avait adopté

  J'avais les jours précédents aidé à construire avec des planches et des toles de récupération une cabane qui devait etre notre synagogue (après la déposition d'un Rouleau de la Loi ). Je crois la  première dans cette région qui devait abriter les prières  des fidèles,tous des réservistes bien loin de leurs foyers, pour ce jour saint . Ce jour de jeun fut pour moi très spécial .Il faisait encore très chaud,et encore pire sous la tente  poussiéreuse,meme avec tous ses pans relevés .



J'avais laissé aux autres le soin de prier, et passé ma journée de contrition à me promener sur un terrain plat et caillouteux à la recherche d'un éventuel silex ou d'une belle pierre. Les Egyptiens avaient dressé leurs tentes dans des cuvettes aménagées profondement pour ne pas les laisser dépasser du paysage .Revetues d'un filet de camouflage elles auraient du passer inapercues . Ce qui n'était pas le cas car tout était effondré par le souffle des explosions, et une horde de chiens jaunes  menacants en avaient fait leur repaire .Ces chiens venaient de ne je ne sais où,attirés par les dépouilles enterrées et ils étaient devenus des corbeaux du désert . La sicité du Sinai avait déjà  saisi ce paysage de mort comme un instantané pour de longues années .
Dans ce campement, voici le camion citerne qui  y apporte la vie en allant s'approvisionner  dans une base centrale bien aménagée . Les roues de ce camion russe étaient de section large et à la pression réglable sur commande , très utile pour éviter de s'ensabler .
La bicoque était un des rares batiments en dur de l'endroit . Au fond, ma tente  bien lestée contre les vents de sable qui piquent la peau comme des aiguillons .



J'eu l'occasion par la suite,cette fois comme tout israélien, de faire des gardes interminables dans un décor semblable jusqu'en 1973 .Le 6 Octobre 1973, le Jour de Kippour comme de coutume les synagogues étaient vibrantes des prières des fidèles entourés de leurs tallits à franges et les enfants jouaient sans précaution dans les rues désertées par le traffic dans tout le pays .
Les autos stationnaient pieusement recouvertes d'une housse .Les magasins volets fermés observaient tous ce jour où les Juifs demandent, religieux ou pas, le pardon de leurs péchés .
Je pensais aux brillants Kippour d'antan à Alger . Ci-dessous le parchemin d'un passage de la Torah  écrit à Alger il y a plus de 350 ans  !!!  Pour etre valable, il ne doit compter aucune rature ou faute qui  le périmerait . Un travail minutieux .



 
Soudain le bruit glaçant des sirènes déchira le ciel et pétrifia Israel en prière . La nouvelle du déclenchement de la Guerre se propagea comme un feu de poudre dans les Synagogues de quartier, et avant meme que les feuilles d'appels soient distribuées,les phrases codées délivrées par la radio mobilisèrent les hommes et femmes valides . Je passais donc mon temps à écouter les nouvelles qui se répétaient sans apporter d'éclaircissement .
La lecture des mots jetés sur les ondes ne correspondaient pas au mien inscrit sur mon livret . Je rangeais mes affaires dans mon sac à dos et était pret habillé déjà en kaki de ma tenue de réserve . J'eu le temps de peindre en bleu les ampoules de l'appartement et de l'auto . Ce n'est que le matin qu'un soldat vint me distribuer la convocation ainsi qu'à mon voisin qui avions fait des périodes de réserve ensemble. L'ordre était de rejoindre à Yaffo notre centre de mobilisation .Ce n'était pas un problème de transport : chacun n'avait qu'à lever la main pour arreter un véhicule . Les israéliens qui m'auraient un jour avant laissé mourir de chaleur à un arret d'autobus se solidarisaient comme un seul homme devant l'ennemi encore invisible pour nous, mais qui depuis 24 heures hachaient littéralement au Sinai et sur le Plateau du Golan les forces juives qui n'avaient pas été envoyées en permission pour passer Kippour en famille .
La voix cassée de Golda Meir avait annoncé au pays l'invasion au Nord et au Sud à 14 h. Simple troufion, je trouvais enfin notre lieu de rassemblement et mes camarades réservistes ,ce qui me donna du courage,enfin encadré . Après un appel dans la rue au clair de lune, et avoir dressé au crayon la liste des présents, nous fumes dirigés vers une vieille maison en pierre, où se trouvait l'armememnt personnel . Le gros cadenas du portail dut etre brisé pour y pénetrer car personne n'en avait la clef . Je reçus un fusil FN avec quelques cartouches, et nous nous embarquames dans un camion pour je ne sais où . La pagaie régnait du haut jusqu'en bas de l'échelle militaire . Curieusement ce fut comme une promenade dans Tel-Aviv et le chauffeur s'arreta dans la rue principale, Dizengoff, la rue la plus prisée des touristes et des jeunes en goguette. J'en profitais pour descendre et entrer dans un café pour téléphoner à ma femme et la rassurer .Comme je n'avais pas de monnaie sur moi, je promis honnetement au garcon désabusé de payer à la fin de la Guerre, comme dans un film ...Ce que je fis six mois plus tard  !! C'était un autre patron et il ne comprit rien à mes explications et mit la pièce dans une tirelire pour les pauvres... Notre force de frappe tourna quelques heures encore dans la ville pour enfin prendre la route en direction de ce que je pensais etre la frontière Jordanienne .En fait je me retrouvais au petit jour dans ce qui était une usine de fabrication d'obus et de bombes, avec d'autres éléments d'infanterie  . Le Commandement avait enfin trouvé une case vide pour justifier notre existence . Un piètre role dans ce drame .  Et notre vie s'y organisa avec les gardes de jour et les veilles de nuit, assis quelquefois sur des bombes qui dégazaient, le fusil en bandoulière mais  les chargeurs dans nos poches pour éviter un tir intempestif qui en percutant les munitions disséminées dans tout le périmetre aurait fait sauter l'usine et les environs et Tel-Aviv avec . Sous le pont que j'étais censé garder, je voyais toute la nuit rouler vers  le Sud du matériel militaire reconditionné en hate .
Il ne se passait pas une heure sans que vienne se proposer à la porte centrale, un religieux orthodoxe pour nous aider. Dispensés du service militaire pour se consacrer aux études religieuses supérieures, ces jeunes brusquement voulaient eux aussi en cette grave période se rendre utile, indépendament de leurs prières . Et  hélas je devais les décevoir .
Les bruits les plus effroyables couraient dont celui rapporté du dehors par un abruti, que la nuit les ouvriers creusaient en hate à la lueur des bougies,car il y avait le couvre-feu ,des milliers de tombes dans les principaux cimetières .A chaque moment pour garder haut le niveau d'adrénaline,un officier venait nous prévenir que notre but prochain était de gagner la frontière Jordanienne .( Hussein de Jordanie avait lui choisi heureusement pour nous de ne pas se meler à la meute des attaquants). 
La première semaine de la guerre,Moshe Dayan  vint faire un discours au peuple,un discours qui était celui d'un Général pris à la gorge, transpirant , pesant ses mots, et évoquant la possible destruction de l'Etat d'Israel,comme au temps de Titus... Nous étions loin des victoires éclairs de la Guerre des Six Jours et des milliers de souliers abandonnés par l'ennemi dans le désert .  Aujourd'hui encore, ce discours  est comme un pieu enfoncé dans ma tete . Les blindés du Golan  endommagés ,mais réparables étaient redescendus aux ateliers de Haifa . Leur intérieur tapissé de débris humains et éclaboussé de sang était rapidement raclé ,nettoyé et repeint en laque  blanche, les plaques de blindage soudées à la hate,ils remontaient sur leurs chenilles au combat . Des habitants criaient au passage  des équipages  épuisés,"n'allez pas là haut,c'est une boucherie" !!
Il faut saluer le courage et l'héroisme des tankistes qui réduits à trois blindés,tenirent tete jour et nuit contre les Syriens en attendant les renforts qui montaient de la plaine .Cette force est entrée dans la légende sous le nom de son jeune chef Zvika .Des milliers d'autres furent sacrifiés dans le désert du Sinai ou sur les pentes du Golan pour que je puisse aujourd'hui célébrer libre ce Kippour entouré de ma famille . Quand je fus démobilisé,bouche inutile, et retourné à mon travail,j'appris la disparition du frère d'Aliza,et du frère de mon camarade Uzi,et  de notre ami Avner.Il était jeune marié, venait de s'installer aux Etats-Unis avec sa jeune femme américaine mais avait tenu à rejoindre son corps de tankiste à la déclaration de guerre . Il n'en est pas revenu . D...,rouquin tout frisé et joyeux compagnon se moquait de moi quand je revenais d'excursion du Désert de Judée,encore chaussé de bottes hautes comme celles de l'armée . Et me disait qu'après 3 ans de service dans ces souliers presque sans les oter , il en avait assez ! D...,j'imagine, car il ne racontait presque  rien, fut parmi de ceux qui tenaient dans leur blockhaus la ligne Bar-Leev  tout le long du Canal de Suez . Ce jour de Kippour,la plus part étaient en permission . Les autres furent trappés dans un épouvantable tir d'artillerie égyptien, complétement surpris. Un dispositif qui devait enflammer le canal en répandant de l'essence pour contrer une attaque jamais ne fut déclencher . Et ce furent les commandos égyptiens qui arrivèrent avec leur lance-flamme, à l'assaut des dunes:  Les soldats dans ces postes  agonisèrent,pendant que  leurs demandes de renforts enregistrées en direct dans les postes de Commandement ne furent jamais obtenus . L'aviation  israélienne se heurtait à un  mur de fusées sol-sol qui  les décimaient.
Les blindés eux étaient la proie des meurtrières fuséees Sager dans le désert infesté de commandos égyptiens .
 D.... je suppose fut encerclé et dépassé par les commandos égyptiens qui traversèrent le Canal . Par miracle il resta en vie jusqu'à la contre attaque victorieuse d'Ariel Sharon . D.... revint après de longs mois reprendre sa place au travail avec nous . Ce n'était plus le meme .Taciturne, il fumait sans arret . Il était devenu un homme  rongé intérieurement par ce qu'il avait vécu .Il était un naufragé de la guerre,comme des milliers d'autres compagnons d'arme dont les nuits sont hantées par le spectacle de leurs camarades brulés et éventrés . L'armée ne se dépechait guère de les reconnaitre comme des mutilés virtuels . Un jour,D....décida de rester après notre départ faire des heures supplémentaires. Le soir,les gardiens de l'usine qui patrouillaient dans les départements pour vérifier que tout était en ordre,fermer l'électricité ou débrancher des appareils restés inutilement allumés,le surprirent, assis devant sa table de travail, une mitraillette chargée à la main .D....avait forcé une petite armoire où étaient rangées des armes en cas d'intrusion de terroristes, et fut surpris avant de mettre un terme à ses cauchemars . D.... ne fut pas renvoyé mais muté dans une autre usine gràce à la bonté du Directeur pour qu'il puisse y tourner une nouvelle page . Il m'avait envoyé un faire-part de mariage dans sa famille . J'espère qu'il a retrouvé un semblant d'équilibre, lui et tous les autres qui avec les horreurs successives dues aux attentats civils restent seuls avec une ame balafrée pour le restant de leur vie .
Dernièrement un simple soldat juif qui fut prisonnier racontait que le pire dans sa captivité ne fut pas que d'etre battu à coup de tuyau, ou torturé à l'électricité,c'était certes une atroce douleur physique, mais d'etre pieds et poings liés couché sur le sol avec deux gardes sadiques urinant sur son visage . Une humiliation morale indescriptible . Je n'avais qu'à lire sur son visage tordu tout ce qu'il ressentait et ne pouvait mieux  exprimer .
Depuis 1973,et les années suivantes cuisantes me l'ont confirmé, seule une  armée juive toujours en avance d'un pas sur celles des ennemis pourra assurer notre continuation sur cet arpent de terre  objet de tous les ressentiments . Surtout ne me dite pas qu'un retrait de frontière conduirait nos ennemis à la Paix . Nous avons tout proposé .Ils ne veulent pas seulement nous rejeter aux fontieres de 1967 ou meme de 1948,celle de la partition qu'ils refusèrent alors :ils veulent tout Israel, pour que la Palestine s'étale du Jourdain à la méditerranée pour en chasser les juifs .Ainsi était la doctrine du Grand Muphti nazi de Jérusalem en 1940, l'allié d'Hitler comme  celle maintenant des Islamistes fondamentaux . Jamais il ne nous sera permis comme la France de 1940 ou de 1962 de perdre une bataille et d'effectuer  un repli , perdre la guerre signifierait pour nous  d'etre obligé à reprendre le chemin de l'errance ,comme il y a 2000 ans . Aujourd'hui meme, que  les Officiels de l'O.T.A.N. déclarent sans honte qu'il leur semble impossible d'arreter l'Iran dans sa réalisation d'un armement nucléaire, il devient évident aux Israéliens que plus que jamais,leur avenir est dans leurs mains .

                                                          Hommage à nos soldats :
http://www.youtube.com/watch?v=24bOclbE_eg&feature=related

                                                                            f i n
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25 septembre 2008 4 25 /09 /septembre /2008 10:48
Il y a 5769 années naissait le Judaisme .Le jour correspondant au 30 septembre 2008 sera donc le début de l'année nouvelle. En hébreu c'est  "Rosh-Hashana".(Mot à mot la tete de l'année ). Une fete où on essaye d'oublier les mauvais jours de l'année écoulée pour regarder en avant avec optimisme . Rien donc d'original jusqu'à présent si ce n'est que huit jours plus tard nous observons une journee de jeune et de contrition toute tournée en nous meme pour  demander à nos connaissances de nous pardonner de les avoir éventuellement faché et réciproquement . Une remise à zéro en somme  des petits péchés :huit jours après c'est la célébration du Grand Pardon,le "Yom Kippour",plus connu des non-initiés comme la date choisie par nos ennemis pour nous attaquer sur tous les fronts en 1973 .
A Alger c'était l'occasion d'une grande fete de famille et surtout nous n'oublions jamais de visiter les personnes agées et éloignées qui ne pouvaient se déplacer . Ainsi j'ai le souvenir embrumé d'une visite à une très vieille tante qui vivait toute seule dans une maison de la rue Randon alors que les familles avaient depuis longtemps changé de quartier pour celui de la rue Bab-Azoun et ensuite celui des belles maisons de la rue d'Isly et plus haut de la rue Michelet au grè de la fortune dans les carrières libérales, abandonnant les magasins de tissus et calicots pour les cabinets de médecine ou d'avocats ou d'ingenieurs de leurs enfants. Mais les Synagogues elles ne bougeaient pas, enchassées entre les maisons de la Casbah historique :
La principale tronait  près de ses déjà très vieux  fidèles des rues de la Lyre,  Randon et Charles Aboulker . Cette Grande Synagogue construite avec le percement de ces rues était d'architecture orientale avec un dome formé de pans coupés . Sur les synagogues d'Algérie :
http://www.cairn.info/resume.php?ID_ARTICLE=AJ_371_0070#
.

Après les émeutes des musulmans en 1898, la garde patrouille dans le quartier pour veiller à l'ordre ...
Construite vers 1850, par l'architecte Pierre Guiauchain, j'aurai voulu en savoir plus .
Et pour cela irai un jour contacter un ancien algérois, habitant Israel qui avec le départ de la communauté  a sauvé des documents sur son architecture et son passé historique . Je me souviens d'un grand mariage à cette Synagogue dite aussi du Grand Rabbin Bloch* . (Lequel était un grand-oncle du coté maternel ) . J'avais été frappé par la tenue du préposé à l'ordre dans ce temple,qui était vetu d'un uniforme  noir,avec une grande chaine d'argent sur sa poitrine et couvert d'un bicorne ! Une vivante gravure datant de Napoléon III . Mon grand-père disait :"Nous allons à la Schule" , employant le mot en yiddish des Ashkénazes pour nommer la Synagogue qui était pleine de fidèles bénissant  l'Eternel sur un rythme... sépharadique . A l'intérieur du Temple, je dépliais mon "tallit",cette pièce de tissu ornée de franges qui rappellent les Commandements, et ,m'en enveloppais comme un homme ,la jetant sur mes épaules, cette superbe toge de soie blanche à  bandes bleues qui  m'avait été offerte pour ma majorite religieuse à 13 ans: Elle paraissait beaucoup trop neuve pour  un vrai fidèle . Les  tissus sacrés de mes voisins étaient plutot jaunis par le temps et l'usage  et les baisers à l'Etre Supreme  pendant les prières .( En fin de vie, cette pièce sacrée par les bénédictions sert de suaire pour le dernier voyage ) ....
Les dernières années :
Après 1954 ,le quartier devint de moins en moins sur . Le11 Décembre 1960, le Front de Libération Nationale,c'est à dire les terroristes hors-la-loi descendirent dans ce quartier pour faire un pogrom et saccager ce Temple dévoué à l'Amour de Dieu et de notre prochain . Ils s'attaquèrent aux fidèles, les blessant et pillant l'intérieur du Temple .
Je cite un article du regretté Richard Ayoun qui vient de nous quitter :

"De nombreux Juifs meurent à la suite d'attentats du FLN ce qui explique l'engagement de certains Juifs parmi les partisans de l'Algérie française et dans l'Organisation Armée Secrète (OAS créée en 1961 afin que l'Algérie reste française). Ceux-ci participent à la « Semaine des Barricades » du 24 au 31 janvier 1960, aux côtés des partisans de l'Algérie Française. Toutefois la majorité de la population juive des villes reste dans l'expectative, espérant encore que la voie libérale, ou la voie fédérale ou autre permettra de sortir du cauchemar. Mais ce qui bouleverse les Juifs et provoque un mouvement irréversible c'est, le 12 décembre 1960, le saccage de la grande synagogue d'Alger, située au cœur de la Casbah. Des inscriptions « Mort aux Juifs » surmontées de croix gammées s'étalent sur les murs. À Oran, le cimetière juif est profané en 1961, le jour de la nouvelle année juive. Le 11 septembre 1961, H. Choukroun, coiffeur ambulant, est tué d'un coup de poignard planté dans le dos alors qu'il va à la synagogue[. Il s'ensuit un affrontement entre la communauté musulmane et la communauté juive, sans que l'identité de l'assassin soit connue."

Ne manquant pas de culot,l'Algérie nouvelle s'orgueillit de ce lache passé et a imprimé spécialement un timbre pour célébrer ses forfaits de 1960....



Sur cette carte postale, en bas à droite, le dome original de la Grande Synagogue :


Au fronton, la hampe où flottait  (oui ), le drapeau tricolore les jours de fetes nationales . Au début de l'office le Grand Rabbin célébrait toujours une prière à la gloire de la République francaise .


Un magasin spécialisé dans les articles religieux présente une reproduction en porcelaine de la Grande Synagogue, avec un éclairage intérieur, et un couvercle doré pour la transformer en écrin....Les grandes lignes sont respectées mais la dorure est une inovation artistique ( douteuse ) pour enjoliver une chambre ou un  salon ...




Une belle vue de la Casbah révisée :




Au centre pointe le minaret :


 

Le Minaret de la mosquée (ex-synagogue) contre d'autres  Paraboles....



Qu'est devenu ce lieu de prière ? Et bien depuis 1962 cette synagogue a été transformée en mosquée ( comme toutes les synagogues d'Algérie). L'intérieur a été défiguré .Et à l'extérieur a été juxtaposé un minaret pour ne plus laisser de doute sur les antécédents de cette maison . J'ai lu quelque part que le F.I.S. y était très actif .
Sur les sites de l'Algérie d'après 1962, vous ne trouverez rien sur la riche Histoire du Judaisme dans ce pays ,ni au point de vue littéraire ou artistique,ni historique, ni cultuel,rien, un rouleau compresseur est passé sur le Judaisme algérien ,meme les pierres ne peuvent plus parler .
*



  
Un jour,la veille de ce jour de fete ma femme me demanda d'aller acquérir un poisson chez l'écailler . Une carpe, qui devait finir sa carrière en "gefilte-fisch" . c'est à dire en une espèce de boulette de chair hachée et assaisonnée . Un plat traditionnel très prisé chez les juifs d'Europe ,un authentique "délicatessen" .
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gefilte_fisch
D'habitude nous apprécions ce produit en conserve,"Made-in Israel" . Mais rien ne vaut la fraicheur ! Je suis allé donc  chez le poissonnier qui était très affairé en cette veille de fete . Dans son magasin,une cuve en ciment où s'agitaient de gros poissons noirs dans le bouillonnemt d'un robinet d'eau vive . J'attendais mon tour avec patience  assourdi par les commères qui  discutaient du poids et du choix de la victime tout en échangeant des recettes .
Arrivé pres de l'étal je dus assister à la mise à trépas  de ces poissons qui se tortillaient pour àchapper à leur sort . Vlan ! le vendeur d'un coup de baton  sur la tete  signait leur destin .. Impossible de battre en retraite ....
Je dus désigner au bourreau une grosse carpe et meme confirmer l'ordre de l'exécution . Les boulettes devaient etre succulentes et épicées, mais devant mon assiette me poursuivait l'image de la pauvre bete qui tordait sa bouche pour respirer . Depuis poissonnier et boucher auraient fait faillite s'il n'avaient eu que moi comme client ...

                                               Réflexions plus sérieuses

Impossible de ne pas évoquer en ce début de 5769, les menaces épouvantables qui pésent sur Israel . Les gros bruits de bottes viennent à pas surs et précis d'Iran qui du haut de la Tribune de l'O.N.U vomit ses menaces traduites et imprimées dans toutes les langues . Les Démocraties lui laissent la parole au lieu de lui passer les menottes et le traduire en Justice pour ses appels au crime . Maintenant je comprends comment Hitler est arrivé au pouvoir et  a propagé ses idées qui sont maintenant reprises en choeur par les négationistes .
Guilad Shalit, soldat prisonnier du Hamas dans un trou à Gaza ,entre dans sa 3ième année de captivité, sans la visite d'aucune instance internationale . Le Hamas s'en sert comme d'un bouclier ,c'est pour lui une aubaine . Nos prières iront demain crier notre indignation . Chaque jour qui passe nous étrangle un peu plus . Guilad est notre fils à tous . Il faudrait donner un coup de pouce à Dieu pour qu'il intercède en sa faveur . Les parents de Guilad eux, font tout pour qu'il ne soit pas englouti par l'actualité .
Le Navigateur Ron Arad ,lui, est tombé en parachute ,filmé et vivant dans les mains des bandits. Nous sommes sans nouvelle de lui depuis plus de 20 ans . Il y a bien d'autres soldats  disparus dont la Syrie refuse de nous dévoiler leur sort .
Les barbares du Hizbola au Liban, eux,  sont passés maitres dans la cruauté, en laissant planner le doute pendant plus de deux ans sur le sort des deux soldats enlevés en 2006 à la frontière libanaise:sont-ils blessés, vivants ?Ils ont joué leur role d'Inquisiteurs, pour jusqu'à la dernière seconde devant les caméras libanaises déclarer "en direct" à tous les téléspectateurs juifs haletants avec les familles des soldats :
"Vous voulez savoir quel est leur sort ? Vous allez le voir tout de suite", et soulevant la bache d'une camionette les bandits posèrent à meme la  terre deux cercueils noirs .
Auparavant le Hizbola avait reçu de la Croix-Rouge en échange un monstre à corps humain de 100kg,Sami Kuntar,qui avait écrasé à coups de pierre la tete d'une fillette de quatre ans ,après avoir assassiné  son père .Le petit frère (bébé) est mort d'étouffement dans la cache où sa mère s'était blottie ,lorsque le monstre était entré dans leur appartement à Naharya, cherchant d'autres  proies en jettant ses grenades  . En Israel, cette crapule  a étudié en captivité et meme a obtenu un diplome (pas d'assassin). Il a été accueilli comme un héros par tous les plus grands dignitaires du Liban .
Mais soyez en surs, son avenir, comme celui de ceux qui l'ont envoyé, est tout tracé ...

                                                                                                    F I N
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11 septembre 2008 4 11 /09 /septembre /2008 08:05

Dans les dernières années de 1840 l'albumine vint à etre utilisée pour la préparation à la fois des négatifs et des positifs sur papier,dans le but d'en augmenter la définition.Le premier développement fut l'étape du négatif .Les négatifs de Talbot* étaient sur papier,et inévitablement quand un positif était tiré,les imperfections du papier étaient superposées avec l'image . La solution aurait pu etre d'utiliser comme support une plaque de verre au lieu de papier,mais le produit chimique adhérait mal . Aucun des produits utilisés ne furent satisfaisants.

En 1848 un cousin de Nicéphore Niepce,Abel Niepce, réussit un procédé qui consistait à étendre sur la plaque de verre du blanc d'oeuf salé avec  de l'iodide de potassium .La plaque ensuite  était abandonnée au séchage,après quoi elle était sensibilisée avec une solution acide de nitrate d'argent .(Le nitrate d'argent noircit à l'exposition à la lumière) : après exposition,la photo était deloppée dans l'acid gallic .( Acide naturel extrait,entre autres plantes, de l'écorce de chene) .

Ce nouveau procédé permettait d'augmenter les détails et en résultait une image  de haute qualité.

Cependant le temps de prise de vue (exposition) était long ,de cinq à quinze minutes !, et donc ce procédé n'était valable que pour les prises de vue d'architecture, nature morte, mais non pour des portraits.

Rapidement amélioré ,il nous permet d'admirer aujourd'hui des vues détaillées des débuts de  l'Algérie française .


                                                
Le Boulevard de la République vers 1880 :

Un groupe de soldats en ordre parfait , le fusil sur l'épaule, remonte le boulevard, paquetage au dos .






                                                      La Darse de l'Amirauté et la Casbah d'Alger :





                                                                Très fine photo du vieil Alger :







 Le Boulevard qui porta le nom  de l'Impératrice Eugénie , épouse de Napoléon III, puis le nom de République, et enfin celui de Carnot .
 Architecture géniale qui en profitant des dénivellations créa les voutes, le coeur marchand du Port d'Alger .

  


                                                  C'est un coin du Jardin dEssai, près du littoral :





                                                                    Le Palais d'Hiver :

  



                                               
Remarquez les bustes,sont-ils ceux qui après ornèrent l'entrée du Palais d'Eté du Gouverneur Général ?






                                                               Alger , vue de Mustapha-Supérieur :      

                   



                                                             Ruelle dans la Haute-Casbah d'Alger :
 






                                                                La Rampe Chasseloup-Laubat :
                                      La vie des quais,  l'activité des chais, et les  charettes .
Au lecteur d'imaginer les odeurs d'épices, vibrantes dans le soleil et  mélees à celles des vins , du sel portuaire,
et aussi du crottin de cheval ...

  




                                                       La Grande Cathédrale , (ex-Mosquée Ketchaoua ) :






                                                                      Chez le barbier , de qualité !






                                                                                Les Gorges de la Chiffa




                                                           Une ruelle dans la Casbah d'Alger :





 
                                                                           Alcide Leroux : Le Petit Cireur.


http://www.muzeocollection.co.uk/data/modules/oeuvre/f3/97/f3979a53b21569c6-grand-alger-yaouled-leroux-alcide.jpg




http://www.muzeocollection.co.uk/data/modules/oeuvre/a6/11/a6119a34f8a70c0b-grand-arabe-alger-leroux-alcide.jpg




                                                                       Alcide Leroux: Ecole Coranique


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                                                                         Alcide Leroux - Officier arabe


http://www.muzeocollection.co.uk/data/modules/oeuvre/7b/55/7b552b8a27252d71-grand-officier-arabe-leroux-alcide.jpg



* La biographie de Talbot,qui nous renvoie aussi à tous les pionniers de la photographie de cette époque :

http://en.wikipedia.org/wiki/William_Henry_Fox_Talbot


   Merci à tous les auteurs des liens où j'ai puisé  ces photos .   
                                                                    
              
                                                                       F I N
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28 août 2008 4 28 /08 /août /2008 09:34

J'ai sous mes yeux un précieux document : une revue intitulée "Radio44", numéro-6,première année,semaine du 3 au 9 Décembre 1944.
Rédaction-Administration,27 Rue de la ,Michaudière-Paris . Le papier journal a jauni et est devenu fragile .Il faut le toucher avec le respect qu'on a pour les anciens . Paris avait été libérée le 25 Aout ,Marseille à la meme date , mais je pense que dans le feu de la libération de Marseille , Fernand-Denis Pistor n'a pas eu la joie de l'apprendre . Deux mois plus tard ses amis Peronnet et Guignebert  et Lataillade lui rendent le dernier hommage dans ce jeune  Journal . En couverture une photo : "Deux petites alsaciennes regardent Strasbourg libérée du haut de l'immortelle Cathédrale ".Le symbole de la libération complète de la France de l'envahisseur .
Et sur la première page intérieure :"Hommage à Fernand Pistor " ,par Paul Peronnet
..
 
"....ton silence,aujourd'hui,Fernand dans ta modeste tombe  du cimetière de Marseille,
melée à celle des autres victimes des combats pour la libération,dans ta tombe récement visitée et fleurie par notre frère Pierre Jarry,ton silence,lui aussi,ce soir,j'en suis sur est riche et fraternel..."
" Heureusement ils étaient nombreux ceux là,tes camarades du Lycee de Pau,ceux du pionicat,tous les potaches du Lycee d'Alger,tes "babouins' qui t'aimaient autant que tu les aimais toi-meme,et que ton exemple et ton souvenir marquent pour toute leur vie,tous les amis d'Afrique du Nord,tous ceux de la radio,tous les Francais qui t'ont entendu pendant un an et demi,au micro de Radio-France, crier ton espoir de retrouver une France pure et neuve,et parler de ceux qui,sur le champ de bataille,donnaient tout pour cet espoir là, nous tous  'l'Equipe ' et ses prolongements,et ceux qui t'ont précédé dans la mort : Jean Lalande,Robert Albrand...."








Le Débarquement du 15 Aout 1944...

"Ici Jean Pontaq qui vous parle de France.14 Aout minuit:nous avons tous les yeux fixés sur nos montres.
Quelqu'un crie:"Cà y est,le commando français a débarqué au Cap de la Greve !" D'heure en heure,d'autres commandos vont bondir sur la cote. Les corolles des parachutistes vont fleurir dans le ciel nocturne. L'alerte va sonner, les bombes vont descendre en sifflant, dans un secteur brusquement précisé . La D.C.A. va s'allumer comme un feu d'artifice et la guerre des hommes va commencer,à la mitraillette,à la grenade,au couteau,dans le creux des rochers,autour des casemates et des batteries cotierès. Jusqu'au coup de tonerre final du débarquement, à 6 heure du matin,où vont se démasquer sur la mer ,des bateaux à l'infini,les uns crachant de toutes leurs pièces avec de brusques flammes rouges,les autres portant des hommes,jetant des hommes sans arret sur les plages de l'assaut."
"Il est minuit,nous sommes cinq dans la cabine,trois américains et deux francais,
absoluments nus,et transpirant commes ces argiles poreuses où l'on met l'eau à rafraichir sur la Cote d'Azur.Devant-nous au fond de la nuit,il y a Saint-Tropez  et Sainte-Maxime.Il y a cette chose folle et presque impensable :la France..."
"Et tout à coup le haut- parleur du bord annonce que nous allons descendre !
Un L.C.I. s'est approché de notre gros bateau ;nous sautons pele-mele avec nos paquetages et fonçons vers la cote .Nous voyons s'approcher de nous de vrais maisons,de vrais arbres,. C'est chez-nous, la France et c'est encore mille fois plus beau que nous n'éspérions .La Nartelle,Saint-Francois,Sainte-Maxime..les filles qui rient tout le long de la route sont prodigieusement belles.Je n'ai jamais vu de filles aussi belles...Et ce pays,c'est le plus beau du monde..."

LCI(L) 196 and a DUKW during the Invasion of Sicily 1943 (World War II)
LCI(L) 196 and a DUKW during the Invasion of Sicily 1943 (World War II)
L.C.I.: Landing Craft Infantry


Et un article de Jean Guignebert :.
" Nous tacherons d'etre dignes de lui,,,"



                                             Epilogue ?

Il m'est impossible de mettre un point final à l'évocation de cette tranche de vie
de 1943 à 1944, car il y a tant a dire et  à rappeller sur Fernand Denis Pistor.
Edmond Brua,Pierre Ichac.Jean Luc,Paul Peronnet,Louis Lataillade,Jean Guignebert,tous les camarades de l'Equipe de Radio-France en guerre nous ont légue des  souvenirs magnifiques sur leur  ami  . Eux aussi ne sont plus avec nous mais restent immortels à travers leurs écrits qui alors  ont donné à leurs lecteurs et auditeurs le courage d'attendre la Libération .


Ecoutons ensemble cette chanson de la Liberté ,sur l'air grandiose de Nabuco, qui  pourra illustrer  l'épopée de Fernand-Denis Pistor . Ravi à 33 ans à sa carrière de Lettres ,il était resté poete et  humaniste tout au long de ses reportages sur le vif .
Le Lycée Bugeaud  s'est remis de ses dégats ,les élèves ont rempli  de nouveau les corridors de leurs rires,les Professeurs mobilisés ont retrouvé leur estrade , ceux chassés par Vichy ont retrouvé enfin leur citoyenneté,les prisonniers arrivés d'Allemagne étreignent leurs familles,certains après cinq ans .Les résistants et patriotes  algérois sont enfin libérés  du Camp infame  de Bedeau,internés sur l'ordre de Pétain .  Les sinistres listes de déportés commencent à etre publiées .Les horreurs nazies s'étalent en manchette. Dans les cimetières  la terre fraichement creusée est couverte de fleurs  .
La vie reprend à Alger qui n'est plus Capitale de la France en guerre et redevient Alger-la-Blanche:le Port abandonne ses couleurs de camouflage. La vie intellectuelle et artistique bouillonne en ville. Le Jazz entraine la jeunesse à la Maison des Etudiants .
Mais Pistor lui,repose dans le cimetière de St Pierre sur une hauteur de Marseille .
Il a maintenant l'éternité devant lui pour  courir dans les sentiers du bois de Pontaq,
de voler avec ses Goelands , de se vouer à la littérature ,de célébrer les beautés de l'Italie , de former des élèves pour les préparer à une vie où se respectent  toutes les tendances et croyances .
Souffle des deux cotés de la méditerranée un vent de Liberté :

 Quand tu chantes je chante avec toi liberté
Quand tu trembles je prie pour toi liberté Dans la joie ou les larmes je t'aime Souviens-toi de jours de ta misère Mon pays tes bateaux étaient tes galères Quand tu chantes je chante avec toi liberté Quand tu pleures je pleure aussi ta peine Et quand tu es absente j'espère Une idée de révolutionnaire Moi je crois que tu es la seule vérité Qui-es-tu? Religion ou bien réalité La noblesse de notre humanité Je comprends qu'on meure pour te défendre Que l'on passe sa vie à t'attendre Quand tu chantes je chante avec toi liberté Dans la joie ou les larmes je t'aime Les chansons de l'espoir ont ton nom et ta voix La chemin de l'histoire nous conduira vers toi
liberté, liberté......
 (Verdi / Arr. A. Goraguer / P. Delanoë / C. Lemesle) 


http://together-with-nana-mouskouri.blogspot.com/2008/04/je-chante-avec-toi-liberteyoutube.html



Mes remerciements à Marie-Claude Marque qui m'a confié ces documents de famille dont elle a l'exclusivité et qui m'ont permis de rappeller à la jeune génération ce que fut le trajet de Fernand-Denis Pistor, mobilisé comme correspondant de guerre jusqu'à la suprème abnégation de radio-reporter à Radio-France .

Fait à Tel-Aviv,Septembre 2008 .
Georges Lévy .

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